Quelle mouche a donc piqué Bentley? La marque réputée pour les succès des Bentley boys aux 24 Heures du Mans dans les années 1920 et pour le velouté et la sportivité de ses groupes motopropulseurs franchit la ligne rouge en installant un moteur diesel sous le capot de son SUV Bentayga. Certes, il s’agit d’un V8 biturbo qui délivre la bagatelle de 435 chevaux et un couple phénoménal de 900 Nm dès 1 000 tr/min mais l’installation de type de motorisation est presque incongrue sur un véhicule d’un tel prestige, au risque d’écorner le B ailé. Les défenseurs de ce drôle d’attelage attesteront que Porsche puis Maserati se sont déjà convertis au moteur diesel. Sans doute, mais le blason Bentley est positionné au sommet de la hiérarchie des véhicules de prestige. Ajoutons que, dans le contexte du «diesel bashing», la commercialisation d’un Bentayga diesel paraît aussi à contre-courant. Pourtant, on pourrait supposer que le groupe Volkswagen, propriétaire de Bentley, avait décidé de commercialiser ce modèle aux Etats-Unis. Cela rentrait dans une stratégie de développer le diesel de l’autre côté de l’Atlantique. De son côté, Audi avait prévu de commercialiser le Q7 e-Tron diesel.
Depuis la révélation du scandale des moteurs diesels truqués, VW s‘est vu dans l’obligation de faire machine arrière. Sauf que l’inertie de l’industrie automobile ne favorise pas les changements de trajectoire inopinés. Dans le cas du Bentayga diesel, on peut estimer que son développement était trop avancé pour que le projet soit stoppé. De même, la commercialisation d’une version diesel permet d’abaisser les niveaux de CO2 de la gamme puisque le nouveau modèle revendique des émissions de 210 g/km, contre 292 g/km pour la version W12. Il n’empêche, cette version diesel reste une tâche au sein de la production de Crewe.
