Moins m’as-tu-vu qu’une Ferrari, moins commune qu’une Porsche 911 Turbo, plus exclusive qu’une Audi R8, la dernière McLaren 570 GT constitue à bien des égards un choix judicieux pour l’amateur de voitures de sport qui cherche l’inconciliable: une supersportive affichant des performances de haute volée et en même temps un véhicule suffisamment confortable et accueillant pour inviter un(e) compagn(e)on et ses bagages. En prime, le choix d’une McLaren, forcément celui d’un automobiliste qui cherche à se distinguer, pourra passer pour celui d’un esthète. En dehors des amateurs éduqués qui épluchent les pages des magazines spécialisés ou qui fréquentent notre site ou les différentes publications du Figaro, la marque anglaise McLaren demeure encore largement méconnue. À la différence de l’écurie de Formule 1 anglaise associée aux trois titres d’Ayrton Senna et aux trois premiers d’Alain Prost.
Des lignes consensuelles et raffinées
Débarquée sur la planète des supersportive en 2008 avec des arguments solides, à commencer par une cellule monocoque en carbone, l’activité industrielle de McLaren s’est construit une gamme à la vitesse du son. Après les familles des Super Series et Ultimate Series hébergeant respectivement les modèles les plus sportifs et les plus évolués ou produits en série limitée, le jeune constructeur a ouvert une nouvelle brèche avec une troisième entité Sport Series dédiés à des modèles plus accessibles en termes de performances et de tarif. Cette dernière catégorie intègre la 540 S, la 570 S et désormais la 570 GT. En termes de style, l’influence des sœurs est manifeste et l’on retrouve les lignes consensuelles esquissées par Franck Stephanson (ex-MINI et Ferrari) et beaucoup plus raffinées que celles d’une berlinette Ferrari à moteur arrière. Par rapport au modèle 675, l’aérodynamique est ici moins sophistiquée mais ne nous y trompons pas: difficile de faire passer la 570 GT pour autre chose qu’une voiture de course grimée en voiture de route avec sa silhouette culminant à seulement 1,20 m du sol et avec son architecture 2 places à moteur central arrière. Pas d’aileron arrière proéminent qui vient gâcher la pureté des formes mais une fine lame fixe au bout du capot arrière.
La recherche d’un certain raffinement n’a pas empêché McLaren d’opter pour des portes en élytre. Effet garanti lorsqu’elles se déploient non sans avoir tâtonné pour trouver la gâchette d’ouverture. Ensuite, il faudra se glisser dans le cockpit en déployant une souplesse de gymnaste pour enjamber le ponton si l’on veut éviter les quolibets et prendre place dans le baquet enveloppant. Refermer la porte perchée à deux mètres de haut requiert également un effort.
Assis au ras du sol dans une position allongée typiquement course et très en avant dans le cockpit, parfaitement calé dans un baquet qui mériterait un soutien latéral plus élevé, on mesure toute la condition du pilote. Sauf qu’ici l’ambiance est bien celle d’une GT de luxe avec son tableau de bord drapé du même cuir que la sellerie, ses touches de carbone et de suédine. Le dessin fait toutefois l’apologie du minimalisme. Chaque gramme compte. Prenant la forme d’une lame verticale et oblongue, la console centrale accueille l’écran d’informations et de navigation. Circuler dans les menus n’est pas intuitif et, pour corser le tout, le soleil qui darde ses rayons à travers le toit vitré teinté à 18 % nuit à la lisibilité de l’écran. Le tunnel central, entre les sièges, loge le bouton-démarreur, les commandes de la boîte à double embrayage à 7 rapports et deux molettes ajustant amortissement-direction et l’ensemble moteur-boîte sur trois niveaux (Normal, Sport et Track).
Une polyvalence insoupçonnée
Sous une architecture de berlinette sportive, la 570 GT ne joue pas seulement les élégantes. Elle affiche aussi une polyvalence insoupçonnée grâce, c’est la nouveauté majeure par rapport à la 570 S dont elle dérive, à la présence d’un espace de rangement derrière les sièges. Accessible depuis un hayon vitré qui s’ouvre côté trottoir mais imposant de se pencher en prenant appui sur l’aile, cette cavité constitue un judicieux complément au coffre de 150 litres situé dans le coffre avant. Au risque d’occulter la visibilité vers l’arrière, on pourra ainsi loger un cartable, un sac de voyages et des vêtements, à concurrence de 220 litres.
La GT ne se contente pas de jouer les utilités. De la 570 S, on retrouve le V8 3,8 litres prêt à exploser à chaque accélération. Après avoir apprivoisé une largeur inusitée de près de 2,10 m, rien ne s’oppose à pousser les rapports de l’excellente boîte à double embrayage à 7 rapports à 7 500 tr/min. L’écart de performance avec la 570 S est vraiment faible. Le handicap n’est que de 40 kg en termes de poids et de 0,2 s pour atteindre les 100 km/h. À vrai dire, voici bien longtemps que l’on n’avait pas éprouvé autant de plaisir au volant d’une GT. On a ainsi la sensation de faire corps avec la machine. Ce n’est que dans les conditions extrêmes du circuit que l’on mesurera la différence de philosophie entre un modèle de la famille Super Series à la GT. Privée de la suspension PCC à gestion hydraulique de l’antiroulis de ses grandes soeurs, au profit de classiques barres stabilisatrices et d’amortisseurs pilotées, la 570 GT absorbe moins bien les irrégularités de la route.
Quels que soient les modes de conduite sélectionnés, la McLaren demeure toujours prévenante. Le mode Track, marqué par l’apparition de diodes en guise de compte-tours, ne devient jamais inconfortable sur le réseau secondaire. Sa vocation GT est transcendée par la possibilité de relever l’avant pour franchir un dos-d’âne (2 580 euros) et des suspensions assouplies par rapport à la 570 S et plus tolérantes sur une chaussée dégradée. Ce n’est que dans les serrés que l’on percevra une perte d’efficacité. À cocher dans la case options, les disques en carbone-céramique (9 260 euros) marient puissance de décélération et endurance. Que lui manque-t-il? Deux places et une sonorité moins étouffée. Mais là réside peut-être son principal atout: ne pas arriver à l’étape les oreilles bourdonnantes après plusieurs heures de route.
Fiche technique
Moteurs: V8 biturbo essence , 3 799 cm3
Puissance: 570 ch à 7.500 tr/mn
Couple: 600 Nm de 5 000 à 6 500 tr/min
Transmission: propulsion, double embrayage à 7 rapports
Dimensions (L/l/h): 4.530/2.095/1.201 mm
Coffre: 370 litres (220 l à l’arrière)
Poids: 1.350 kg
0 à 100 km/h: 3,4 s
Vitesse: 328 km/h
Consommations mixte: 10,7 l/100 km
Emissions CO2: 249 g/km
Prix: 196 950 euros