Depuis quelques années, tous les discours sur la sécurité routière omettent de souligner l’impact positif des progrès techniques des véhicules en matière de diminution des accidents de la route. Une manière de mieux vendre le discours répressif centré sur la vitesse. Or, sans la généralisation des aides à la conduite électroniques et les progrès accomplis sur les pneumatiques, nous n’aurions certainement pas enregistré une baisse aussi spectaculaire du nombre d’accidents. Mais, ce n’est qu’un début sur le long chemin qu’il nous reste à parcourir. Toutes les études le confirment: le facteur humain joue les premiers rôles. C’est l’absence de réaction ou une réaction inappropriée par rapport à une situation donnée qui conduit un automobiliste à l’accident. S’agissant du freinage, on remarque qu’il existe de grandes marges de progrès malgré l’adoption en série de l’ABS puis de l’ESP (correcteur de trajectoire). La plupart des automobilistes ne savent pas freiner correctement, souvent parce qu’ils n’utilisent pas toutes les capacités du système et/ou qu’ils freinent au panneau «trop tard» par défaut de réaction. Il faut dire que l’auto-école n’apprend pas le freinage d’urgence. Voici quelques années, nous avions pris part à des tests de sécurité sur un circuit Centaure. Les résultats montraient que le temps moyen de réaction avant d’appuyer sur la pédale de frein était de 2 à 3 secondes. Ce laps de temps peut sembler court, mais il est suffisant pour parcourir une distance importante lorsque l’on circule à plus de 100 km/h. De plus, un usager distrait aura besoin d’un délai supplémentaire pour réagir, augmentant ainsi le risque de collision.
Pour résoudre ce genre de situation, les équipementiers ont développé le système de freinage automatique qui permet à la voiture de freiner en cas d’urgence, sans l’aval du conducteur. Ce dispositif est capable de freiner la voiture pour éviter un contact, ou de ralentir le véhicule au maximum avant un impact jugé impossible à éviter. Des capteurs radar et/ou vidéo ont pour mission de surveiller la zone située à l’avant d’une automobile ainsi équipée. Si un obstacle se rapproche dangereusement du véhicule, le conducteur sera d’abord alerté par une alarme sonore, mais si ce dernier ne réagit pas, le freinage autonome entrera en action. Cette récente technologie permet simplement d’assister le pilote en cas de danger direct, contrairement aux systèmes de conduite autonome qui prennent vraiment le contrôle du véhicule.
Selon l’équipementier Bosch, concepteur de systèmes de sécurité active pour automobiles (entre autres), 72 % des collisions par l’arrière entraînant des dommages corporels pourraient être évitées si toutes les voitures étaient équipées d’un tel dispositif. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles la Commission Européenne souhaite rendre ce système obligatoire sur tous les véhicules neufs, alors qu’il ne s’agissait auparavant que d’une simple option proposée par certains constructeurs. Cette volonté est partagée par le programme d’évaluation Euro NCAP, qui refuse d’attribuer 5 étoiles à un de ses tests pour un véhicule ne proposant pas cette option. Euro NCAP évalue cette nouvelle technologie en se basant sur trois situations: la rencontre d’un véhicule arrêté ( à une vitesse comprise entre 30 et 80 km/h), la rencontre d’un véhicule plus lent (entre 30 et 80 km/h) et la rencontre d’un usager circulant à la même vitesse mais qui effectuera un freinage brutal (à une vitesse de 50 km/h).