Eccity, qui produit ses engins électriques à Grasse, peut se vanter d’être la seule marque de scooters électriques française. L’entreprise n’est pas inconnue de plusieurs collectivités locales, qui en dotent leurs agents, à commencer par Paris, la métropole Nice Côte d’Azur et Monaco.
Le constructeur semble maintenant lancer une offensive vers le grand public. Mais, comme pour le scooter de UNU, faire l’acquisition de l’un de ces véhicules exigera de passer sa commande par Internet car aucun réseau de vente n’a été constitué. Le scooter électrique ne demandant que peu d’entretien, la grande majorité des distributeurs de deux-roues rechignent à vendre ces engins, de peur de voir l’activité de leurs ateliers baisser dramatiquement. Il sera toutefois possible de faire un essai particulier en prenant rendez-vous, par le Web, ou via le bon vieux téléphone, avec un agent de l’entreprise.
Il faudra compter sur les aides
L’Artelec 470 est l’équivalent 50 cm3 de la gamme, qui dispose également de deux équivalents 125 cm3, proposés respectivement à 7 490 et 8 490 euros. L’Artelec existe en version standard et en version pro, cette dernière étant destinée aux entreprises. C’est le modèle professionnel qui nous a été proposé pour notre essai, équipé de son top-case métallique.
Ce scooter, bien qu’étant un équivalent 50 cm3, vaut 6990 euros: le prix d’une moto de moyenne cylindrée! Pour diminuer ce tarif très élitiste, la société compte sans doute sur les diverses aides, dont les textes expliquent avec précision le mécanisme: «les acquéreurs de scooters, motos, tricycles et quadricycles électriques peuvent bénéficier de 250 € de prime par kWh embarqué dans une limite de 1 000 € ou 27% du prix. Les véhicules circulant avec une batterie au plomb sont cependant exclus du dispositif. Ceux disposant d’un moteur d’une puissance de moins de 3 kW sont éligibles quant à eux à une prime de 20% du coût d’acquisition dans la limite de 200 €, tout comme les cycles à assistance électrique».
On peut donc retirer 1000 euros du prix initial, et 400 euros de plus si l’on vit à Paris. Mais cela n’empêche pas l’Artelec 470 de conserver son titre d’équivalent 50 cm3 le plus cher du marché avec un prix minimum de 5590 euros.
Batterie longue durée
Une procédure de remboursement de ces aides est également prévue si elles ne sont pas directement déduites par le concessionnaire: «l’avance du montant de l’aide nationale au bénéficiaire, consentie par le vendeur ou le loueur du véhicule propre, sous forme d’une remise sur le montant TTC de la facture d’achat du véhicule, de la quittance de loyer du véhicule, si celui-ci accepte de pratiquer cette avance et s’il a passé convention avec l’Agence de Services et de Paiement (ASP) pour pouvoir obtenir le remboursement de l’avance de l’aide ainsi consentie». Souhaitons que, dans ce cas, ce remboursement ne prenne pas trop de temps.
Pourquoi l’Artelec est-il si dispendieux? Selon son fabricant, c’est parce que la batterie devrait avoir la même durée de vie que la machine elle-même, et qu’il ne sera donc pas nécessaire de la changer. Mais l’autonomie diminuera inexorablement au fil du temps: le constructeur annonce 70 % de capacité restante à 50 000 km. La première chose qui frappe chez l’Artelec 470 c’est son design pour le moins audacieux. Il en ravit certains, mais en rebute la plupart des autres. La seconde, c’est la hauteur de selle affichée de 785 mm, qui ne rend pas le scooter accessible à tout le monde. Les grands gabarits, comme le nôtre (1, 91 m), seront en revanche très à l’aise à son guidon.
Sifflement de turbine à la vitesse maximale
L’instrumentation est lisible et complète, mais on pourrait s’attendre à mieux à ce niveau de prix. Par comparaison, un Yamaha Xmax 125, qui coûte presque 1000 euros de moins, est équipé d’une instrumentation très supérieure en quantité comme en qualité. Même critique pour les commandes de phares et de clignotants, qui font assez bon marché. On se consolera avec une selle spacieuse et moelleuse. Elle permet des balades en duo sans trop de difficultés. Les suspensions absorbent bien les chocs, ce qui est assez rare dans la catégorie, et assurent un bon confort.
Cet engin électrique ne brille pas par son silence, du moins au démarrage. Non, il n’y a pas de petit moteur à essence caché dans sa carrosserie, mais divers bruits de transmission et de frottement sont présents jusqu’à 20 km/h. Nous n’avons pas trouvé ça gênant, mais l’un des principaux arguments de l’électrique n’est-il pas le silence? Changement de tonalité à la vitesse maximale, à laquelle l’Artelec émet là un petit sifflement qui fait penser à celui produit par un réacteur d’avion. Le véhicule n’est pas bruyant seulement lorsqu’il se trouve à vitesse stabilisée et pas à son maximum. L’idéal est de rouler à 35-40 km/h, ce qui à défaut d’être satisfaisant, aura au moins le mérite de préserver les accumulateurs.
Lourd et difficilement béquillable
Bon point, les freins sont puissants, les pneus Michelin adhérent bien au bitume. Le scooter est stable et facile à emmener malgré ses 150 kg. La puissance de 4 kW autorise des démarrages dignes de ceux d’un 125 cm3, de bonnes accélérations et des reprises suffisantes, quoique handicapées par une masse très supérieure à ce qu’on peut trouver dans la catégorie. Si le poids n’est pas une entrave pour la conduite, il est pénalisant à l’arrêt, tout particulièrement pour une clientèle féminine. L’engin est de plus difficile à dresser sur sa béquille centrale et la minuscule béquille latérale ne met pas en confiance.
Lorsque l’on actionne la commande des clignotants, une alerte sonore retentit afin que les autres usagers de la route puissent anticiper vos mouvements. C’est probablement sécurisant mais aussi très agaçant à la longue, car nous éprouvons le sentiment de gêner les autres avec un bruit strident sur une machine supposée être silencieuse. Autre détail, le compteur est du genre optimiste: la vitesse défile très rapidement alors que le paysage, lui, prend son temps. La vitesse maximale indiquée dépasse les 60 km/h, alors que la machine plafonne à 45 km/h.
NOTRE AVIS
L’Artelec 470 préfère certes jouer la carte du confort et l’efficacité. Mais qui va donc acheter un engin pas spécialement gracieux, hors de prix, haut comme un chameau et lourd comme un bovin? La séduction qu’offre la mobilité électrique est réelle, mais à trop vouloir tirer sur la corde, celle-ci pourrait finir par se rompre. Et faire revenir de potentiels acheteurs vers les traditionnels scooters à essence, plus pratiques et autrement mieux finis, dont les tarifs oscillent autour de 1 600 € pour les machines 50 cm3 de bonne qualité et ne dépassent pas les 5 000 euros pour les 125 cm3 dont les niveaux de performances et de sécurité sont incomparables.
Fiche technique
Puissance: 4 kW nominal, pic à 5 kW
Autonomie: 85 km à 140 km annoncés
Hauteur de selle: 785 mm
Diamètre des roues: 13 pouces
Poids: 150 kg
Vitesse: 45 km/h
Prix: 6 990 euros, 5 990 euros (avec aides), 5 590 euros (aides de la ville de Paris ajoutées)