Les conducteurs de la future Audi A8, sur la route à partir de novembre prochain, iront-ils jusqu’à souhaiter les ralentissements et les embouteillages? Sans préjuger de leurs aspirations, ces phases où la circulation avance en accordéon leur permettront de se consacrer à autre chose qu’à la conduite. Sans risquer l’accident et en toute quiétude, ils pourront lâcher les mains du volant et s’adonner à un sport devenu l’addiction favorite de l’espèce humaine, la consultation du smartphone, ou regarder la télévision. S’ils s’exposent à la sanction des forces de l’ordre, ils pourront toujours rétorquer que leur nouveau vaisseau de la route, quatrième génération de la limousine de luxe d’Audi, est équipé du système de conduite autonome de niveau 3. Dans la course à la surenchère technologique à laquelle se livrent les ténors du haut de gamme, le nouveau Audi A8 se place à l’avant-garde en étant le premier modèle à être équipé du pilote automatique dans le trafic. Baptisé «Audi AI traffic jam pilot», ce système, qui consiste à confier les commandes au véhicule, s’appuie sur une armée de radars, une caméra, des capteurs à ultrasons et un scanner laser. Ce pilote automatique fonctionne entre 0 et 60 km/h, sur l’autoroute ou sur des voies rapides séparées par un rail ou par un terre-plein. Il sera proposé en option à un tarif qui n’est pas encore fixé. En France, la réglementation n’autorise pas encore de lâcher les mains du volant mais il est légitime de penser que les sollicitations des constructeurs français en faveur de l’agrément vont accélérer le processus.
Dans le même ordre d’idées, les conducteurs pourront désormais se passer de la corvée de ranger leur A8 dans le garage ou de la stationner dans la rue. Avec le «garage pilot» ou le «parking pilot» déjà vu sur la BMW Série 7, fini l’angoisse de stationner son véhicule dans une place étroite ou dans un garage. Le conducteur suit à distance le stationnement complètement autonome de son Audi. Cela n’est pas du luxe car la quatrième génération voit son gabarit encore augmenter. La version à empattement court s’allonge de 30 mm pour atteindre 5,17 mètres. C’est tout de même 70 mm de plus que la BMW Série 7 et 50 mm de plus que la Mercedes Classe S. Les Chinois vraiment sensibles à l’espace aux places arrière opteront en majorité pour la version à empattement long, augmentée de 13 cm pour atteindre 5,30 mètres. Dans le modelé de ses formes et la multiplication de touches de chrome, l’A8 montre qu’elle vise moins la clientèle européenne que les automobilistes américains ou chinois. On retrouve bien l’inspiration du concept Prologue qui avait fait sensation au salon de Los Angeles 2014, notamment au niveau de la chute du pavillon semblable à celle d’un coupé et le traitement de l’arrière traversé par un bandeau lumineux et marqué par des feux qui empiètent sur les flancs, mais la silhouette manque de finesse et de simplicité. Quant à la face avant, elle est sabotée par une calandre Singleframe à barrettes verticales occupant tout l’espace.
Un modèle de confort et de raffinement
A bord, ce vaisseau de la route n’est que luxe et volupté. Il étrenne une nouvelle planche de bord épurée marquée par l’abandon du système MMI actuel reposant sur une molette rotative et des touches de raccourcis pour piloter la circulation dans l’écran d’informations. Place à deux écrans tactiles superposés qui s’intègrent parfaitement dans la console centrale, selon la technologie black panel. Celui du haut, de 10,1 pouces, loge l’ensemble des fonctions multimédia, de navigation et de gestion des applications. Lorsqu’il est éteint, il se fond parfaitement dans le bandeau de la planche. Celui du bas pilote les fonctions de confort et de climatisation. Le conducteur retrouve face à lui le cockpit virtuel apparu sur la TT. C’est un regret: l’habitacle du concept Prologue vraiment réussi et qui nous plongeait dans le futur est remis à plus tard. Cela n’empêche pas la nouvelle limousine Audi d’offrir une nouvelle expérience du voyage automobile.
Conduire ou être conduit va devenir un dilemme avec l’A8. Le siège arrière droit sera certainement la place où il faut être. À condition d’opter pour la version longue, cette place de roi offre des fonctionnalités dignes de la première classe des avions. Son fauteuil de relaxation ne se contente pas d’une position quasiment horizontale permettant une sieste réparatrice. Cette configuration pourra recevoir un système qui n’a pas fini d’amuser petits et grands. À l’arrière du siège avant passager, l’A8 L reçoit un dispositif assurant le massage et réchauffement de la plante des pieds. Dans sa version Exécutive, les deux places arrière sont séparées par une console intégrant une tablette tactile. Extractible, celle-ci pilote le fonctionnement du toit ouvrant, des stores électriques de vitres latérales, de l’éclairage HD Matrix, de la lumière d’ambiance, de la climatisation et d’installation hi-fi. Ces multiples attentions ne seraient rien sans garantir un confort de premier ordre. C’est pourquoi, les ingénieurs Audi ont entièrement revu les suspensions qui peuvent désormais survoler toutes les irrégularités et les déformations de la route, produisant l’effet d’un tapis volant. Reposant sur un contrôle électromécanique qui pilote individuellement chaque roue, ce système est alimenté par le réseau électrique primaire en 48 volts. La suspension active sera uniquement de série sur la version W12. Grâce à la caméra frontale, l’A8 détecte très tôt les déformations de la chaussée et peut ainsi préparer la suspension à les absorber dans un confort souverain. Développée sur la plateforme MSB partagée avec la Porsche Panamera, l’A8 adopte de série la transmission à quatre roues motrices. Les quatre roues directrices proposées en option offriront un surcroît de dynamisme et d’agilité.
Le passage au réseau 48 V permet aussi de généraliser l’hybridation légère à toute la gamme. Ce système reposant sur la technologie de l’alterno-démarreur promet des consommations abaissées jusqu’à 0,7 l/100 km grâce à sa fonction roue-libre, à la coupure du moteur à l’approche d’un feu. Le système peut aussi récupérer jusqu’à 12 kW d’énergie lors des phases de décélération. La nouvelle génération de motorisations appartient au programme Kovomo du groupe VW. On trouve deux V6 turbo, un essence 3.0 TFSI de 340 ch et un diesel 3.0 TDI de 286 ch. Deux versions V8 4 litres complètent la gamme: TDI de 435 ch et TFSI de 460 ch. L’importance du marché chinois a imposé le maintien du W12 6 litres. Il sera lancé dans le courant de l’année 2018, comme la version hybride rechargeable e-Tron. Cette dernière affiche une puissance cumulée de 449 ch grâce à son V6 TFSI de 340 ch associé à un puissant moteur électrique. De quoi permettre d’effectuer jusqu’à 50 km sans gaspiller une seule goutte d’essence. Seul hic, l’A8 e-Tron ne sera commercialisée qu’en version longue. La nouvelle A8 sera lancée en novembre prochain à tarif proche de 91 000 €. Elle trouvera sur sa route la BMW Série 7 lancée à l’automne 2015 et la référence du segment, la Mercedes Classe S qui vient de subir une cure de jouvence de milieu de carrière.