Tous les professionnels le savent: la véritable consommation d’une voiture approche – voire dépasse- les chiffres relevés lors d’un parcours en ville. Les valeurs de consommations dites «mixtes» (route/ville) ne sont en effet peu réalistes. Cette distorsion n’a guère été contestée depuis la mise en place de la norme NEDC (New European Driving Cycle ) , un cycle d’essai établi en juillet 1973 selon une directive européenne. Après tout, les chiffres, même faux, permettaient tout de même de comparer les consommations des véhicules entre eux. Et c’était bien suffisant. L’affaire Volskwagen a révélé les carences de cette norme ainsi que quelques petits arrangements pris avec elle par nombre de constructeurs, notamment pour diminuer les taux de NOx (oxydes d’azote). Tout cela a fait voler en éclat le peu de crédibilité qui restait au protocole de test NEDC.
Cette situation a favorisé la mise en application de la norme WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures ), bien plus réaliste. Elle a été conçue à nouveau par des experts de l’Union européenne auquels se sont joints des spécialistes du Japon et de l’Inde, tout ce monde se plaçant sous les auspices du Forum mondial pour l’harmonisation des réglementations sur les véhicules de la CEE-ONU. À partir du 1er septembre 2017, elle va progressivement se substituer à la norme NEDC, qui, de plus, n’était pas, ou peu, juridiquement contraignante. Les états membres ont désormais l’obligation d’homologuer les nouveaux types de véhicules selon le protocole WLTP. Et à compter du 1er septembre 2018, ils ne devront accorder ni homologation, ni autorisation de vente ou d’importation à des véhicules neufs dont la consommation et les émissions n’auront pas été vérifiées selon ce même protocole.
Proche des conditions d’utilisation quotidiennes d’un véhicule
Cette nouvelle norme WLTP se fonde sur une dynamique de conduite et des distances d’essai plus longues, des vitesses moyennes et maximales plus élevées, des arrêts plus courts, ainsi que des freinages et accélérations plus fréquents. Même si on n’est pas un spécialiste, la sévérisation de cette nouvelle norme face à l’ancienne NEDC saute aux yeux à l’examen de quelques simples chiffres. Ainsi, la procédure d’homologation WLTP prévoit une température de départ de seulement 14°C (NEDC: 20-30°). Le temps d’un cycle est de 30 minutes (NEDC: 20 minutes). La distance parcourue est de 23 km (NEDC: 11 km). La proportion de temps stationnaire est de 13% (NEDC: 25%). La vitesse moyenne est de 46, 6 km/h (NEDC: 34 km/h). Enfin, la vitesse maximum est de 131 km/h (NEDC: 121 km/h). La puissance de conduite devrait être de 20 à 30 % supérieure. L’homologation WLTP tient également compte de la détermination réelle de la résistance à l’avancement pour les essais de consommation ainsi que des équipements en option du véhicule.
Bref, cette nouvelle réglementation apparaît comme beaucoup plus proche des conditions d’utilisations quotidiennes d’un véhicule. La norme WLTP «marque une amélioration énorme, par rapport au NEDC qui était très obsolète», affirme à l’AFP Greg Archer, responsable du programme «Véhicules Propres» de Transport & Environment (T&E), une ONG dénonçant depuis longtemps une dérive des écarts entre les valeurs homologuées et la réalité. «Il y aura toujours un écart important entre la consommation homologuée WLTP et les performances réelles», estime toutefois M. Archer. Le WLTP, « sur le plan technique, ça change énormément de choses » pour les constructeurs», affirme pour sa part Bernard Swoboda, maître expert consommation au sein du groupe automobile français PSA. «La moindre option va changer la valeur de consommation», prévient-il.