Que se passe-t-il? Une grève générale? Une pénurie d’essence? Pourquoi toutes les voitures sont-elles arrêtées sur l’autoroute? Cette circulation figée s’explique facilement: vous êtes au volant d’une BMW M5. Un véhicule dont les caractéristiques n’ont que peu à voir avec celles du vulgum pecus automobile. Une M5 accélère fort et en silence. Et en bonne berline, elle offre un confort de premier ordre. Bref, vous roulez à plus de 100 km/h que le trafic sans vraiment vous en être aperçu.
Ses performances sont détonantes. Elle ne met que 3,4 s pour atteindre 100 km/h et, encore plus spectaculaire, seulement 11,1 s pour dépasser 200 km/h, soit le chrono d’un honorable SUV pour arriver à la moitié de cette allure. Si vous y tenez, sa vitesse de pointe, limitée à 250 km/h, peut dépasser 300 km/h via une option. Ces chiffres ébouriffants sont obtenus grâce à une motorisation V8 de 4,4 litres de cylindrée turbocompressée qui délivre la bagatelle de 600 ch.
Que dire d’un pareil moteur? Qu’il est à l’aise à tous les régimes, surtout couplé à une boîte automatique à huit rapports aux temps de passage fulgurants, et qu’il ne demande qu’à faire rôtir l’aiguille du compte-tours dans la zone rouge, à plus de 7000 tr/min. Sa transmission intégrale, qui envoie de la puissance sur les roues avant si nécessaire, participe à la fête. Le châssis ne mérite du reste que des éloges.
À Munich, on joue les modestes: «Au-delà des meilleures solutions techniques, nous recherchons les meilleurs résultats», affirme Ulrich Ernst, le responsable Trains roulants de la M5.
Sièges anti-mal de dos
Un incroyable arsenal technologique lui confère un exceptionnel niveau de sécurité active. Il est complété par une ribambelle d’airbags et de capteurs détectant le moindre incident. À 90 km/h, le moteur tourne à 1100 tr/min, à peine au-dessus du régime de ralenti. La direction est si précise et les freins si puissants (étriers à six pistons à l’avant, en option carbone/céramique pour 8900 €) que le conducteur a le sentiment de pouvoir changer instantanément de trajectoire ou s’arrêter sur le champ. Une impression qui persiste jusqu’à des vitesses aujourd’hui inavouables.
Ergonomie, finition… Le poste de conduite de la M5 offre le meilleur du savoir-faire de la maison munichoise. Les sièges soulageront sans doute tout mal de dos tant leur maintien est excellent. Mention spéciale au système de lecture des informations «tête haute», qui permet de se concentrer sur la conduite. Cette grande voiture (4,97 m de long) offre une habitabilité satisfaisante, avec un coffre d’un volume très correct (530 litres).
Sa carrosserie de berline des beaux quartiers n’est guère impressionnante. Mais n’est-ce pas l’un des objectifs recherchés? La voiture exhale la force, même à l’arrêt. On devine qu’il s’en passe de belles sous le capot, qui abrite par moins de neuf radiateurs! Un galop sur le circuit d’Estoril confirme une certaine aptitude sportive. Certes, il faut composer avec une masse de 1855 kg, ce qui se ressent en particulier en courbes. Mais la M5 procure la joie de renouer avec les plaisirs de la glissade, surtout si vous optez pour le mode «deux roues motrices» (2WD). Si la transmission intégrale demeure enclenchée, l’avant se porte au secours de l’arrière dans de réjouissantes séances de dérive. Il faudra alors affecter un supplément au budget pneus.
BMW M5, 600 ch, à partir de 117.900 € (modèle essayé: 145.430 €).
Notre avis
Les esprits chagrins ne manqueront pas de s’interroger: à quoi sert aujourd’hui un tel véhicule? Que faut-il leur répondre? Que la M5 est tout simplement un engin exceptionnel, l’un de ces beaux objets que l’on peut avoir envie de posséder au cours d’une vie. Comme le dieu Janus, la M5 a deux visages, paradoxaux. Menace permanente pour votre permis de conduire, son contenu technologique et sa conception lui valent en revanche de compter parmi les véhicules les plus sûrs du marché s’il est correctement utilisé.
