Le dimanche 15 juillet, il n’y en avait pas que pour les Bleus à New York. Au moment où l’équipe de France se préparait à affronter son homologue croate, le gratin des collectionneurs de Citroën de la côte est des États-Unis s’était donné rendez-vous pour une parade dans Manhattan. La majorité de cette escouade de véhicules tricolores était composée de 2 CV, dont une partie était venue par la route du Canada. Mais on pouvait également admirer, arrivée de la proche Philadelphie, l’une des premières GS, un modèle rarissime outre-Atlantique (moins de dix exemplaires en circulation). Une magnifique SM et une CX GTI Turbo, appartenant toutes les deux à des spécialistes new-yorkais, figuraient aussi parmi les voitures présentes. Elles étaient entourées par quelques VéloSoleX, un deux-roues rendu célèbre par Robert Redford dans Les Trois Jours du condor.
Toutes ces vieilles bielles, menées par une Méhari et une superbe DS rouge, ont été saluées par des vivats pendant leur parcours. Pour la population de Big Apple, elles étaient là pour soutenir nos footballeurs! L’apothéose a été atteinte lors de l’arrivée de cette parade le long de Central Park, devant la street party organisée dans plusieurs rues de la ville afin de célébrer le Bastille Day. Les Bleus avaient gagné. Les «Citron» se sont alors muées en émissaires de la nation victorieuse de la Coupe du monde de football.
Pourquoi les anciennes Citroën sont-elles si appréciées en Amérique du Nord? «Elles représentent à la fois une expertise technologique et une vision humaniste conforme à la tradition française», estime Brian Brandt, producteur de disques et possesseurs de six véhicules badgés des chevrons. Il a acquis le premier d’entre eux, une DS de 1966, adolescent, pour 300 dollars. C’était il y a plus de quarante ans. «Je la connais mieux que mon propre corps», avoue-t-il devant sa belle, en parfait état de marche. Et il utilise l’une de ses SM (il en possède trois) quasiment tous les jours. Pour Lucie Jolicoeur, une fabricante de mannequins de couture, arrivée de son Canada natal au volant de son impeccable 2 CV 6 de 1985, il s’agit d’un coup de foudre. «J’ai trouvé cette voiture «cute» dès la première fois que je l’ai vue», dit-elle. L’histoire d’amour avec sa 2 CV dure depuis une quinzaine d’années. La marque française, presque centenaire, représente aux yeux de ces collectionneurs américains le symbole d’une Europe raffinée et éternelle. Citroën, nouvel ambassadeur de France aux États-Unis?