Accrochez vos ceintures! Au moment où le devenir de Ferrari occupe tous les esprits après la disparition soudaine, au cœur de l’été, de son président Sergio Marchionne, Aston Martin, son principal rival, ne se contente pas de sortir la tête de l’eau. Revigorée par l’afflux d’argent frais, la firme anglaise a lancé le plan le plus ambitieux de son histoire plus que centenaire. Il doit lui permettre de produire 14 000 unités par an à l’horizon 2024, lorsque les sept véhicules, à raison d’un par an, auront été lancés. Pour situer les enjeux, Ferrari flirte aujourd’hui avec les 9 000 exemplaires. L’an dernier, pour la première fois depuis 2008, la marque anglaise a dépassé les 5 000 unités grâce à la DB11. Un palier qui devrait être dépassé dès cette année avec le lancement de la nouvelle Vantage, l’entrée de gamme (à partir de 155 924 €) et la sportive de la famille. Un modèle très attendu car la génération précédente avouait treize ans sur ses papiers d’identité.
La nouvelle Vantage fait donc table rase du passé. La plateforme en aluminium est celle de la DB11, raccourcie de 284 mm dont 110 mm au niveau de l’empattement. Elle assure une rigidité accrue de 30 % par rapport au modèle précédent. Tout en conservant une personnalité typiquement Aston, le style réussit à se distinguer de celui de la DB11 dont elle partage seulement 30 % de pièces. La Vantage n’a pas fini de faire tourner les têtes avec sa silhouette agressive mêlant les codes de la DB10 créée pour le James Bond «Spectre» et ceux du modèle de course Vulcan. Sa sportivité transpire à travers sa bouche béante, sa lèvre aérodynamique semblant aspirer l’asphalte et l’impressionnant diffuseur arrière en carbone. Lorsqu’ils sont recouverts du jaune des voitures engagées en compétition, ces éléments ajoutent une touche d’originalité au modèle. Cette forme d’exubérance inconnue sur ce type de véhicules imprègne notre véhicule d’essai. La teinte «racing» signe ainsi les surpiqûres de la sellerie en cuir, le bloc de la console centrale et une pièce des contre-portes. À l’ambiance «grand tourisme» de la DB11, les designers ont préféré une présentation plus délurée marquée par la présence sur le tunnel central des boutons démarreur et de gestion de la boîte, des touches de raccourci permettant d’accéder aux fonctions du système d’information. Les matériaux et la qualité de l’assemblage ne laissent planer aucun doute sur le sérieux de la réalisation mais la présence de l’antique tablette Mercedes gâche le tableau.
Un cœur étoilé
On retrouve l’étoile allemande sous le capot avant. Actionnaire d’Aston Martin, la firme de Stuttgart fournit, pour la troisième fois après la DB11 et sa variante Volante, le V8 4 litres biturbo de l’AMG-GT de 510 ch. Les Anglais l’ont toutefois accommodé à leur sauce. Il est débarrassé de la lubrification par sec carter et associé à une boîte automatique ZF à huit rapports placée à l’arrière selon le principe transaxle. Et les motoristes ont travaillé pour lui faire perdre son accent allemand. L’opération réussie s’apprécie en actionnant les modes Sport + ou Track qui conditionnent une réponse moteur très brutale. C’est que la bête anglaise a du tempérament à revendre. Une pression franche sur la pédale d’accélérateur le confirme. La Vantage atteint les 100 km/h en 3,7 secondes et ne semble jamais vouloir interrompre sa cavalcade inavouable si on n’y met pas le holà. Les disques ventilés de gros diamètre (400 mm à l’avant) contribuent à l’efficacité du freinage. Secondée, c’est une première chez Aston, par différentiel électronique E-Diff, et par une répartition idéale des masses, conséquence d’un moteur installé en position centrale avant, la berlinette anglaise affiche un comportement très affûté, conciliant une belle agilité et une motricité remarquable en sortie de virage.
La direction consistante et directe participe à mettre en confiance. Mais dès que le ruban d’asphalte se dégrade, une situation hélas devenue trop fréquente sur le réseau routier français, la Vantage perd de sa superbe en raison d’une suspension adaptative trop ferme. Sur ce terrain accidenté, la Porsche 911 conserve l’avantage. Idem au niveau de la transmission où, à rythme élevé, la boîte auto ne dégaine pas aussi rapidement qu’un modèle à double embrayage. Lorsque le tarmac redevient un billard, la Vantage vous gratifie de vitesses de passage en courbes assez impressionnantes qui font rêver d’une version vitaminée empruntant son V8 à la Mercedes AMG-GTR (585 ch). Côté polyvalence, l’anglaise fait la course en tête. Le coffre accessible depuis la lunette arrière permet de loger deux sacs de golf et les bagages d’un couple (350 litres). Et si besoin, on peut glisser un vêtement et un petit sac derrière les sièges baquets vous installant vraiment plus bas que dans une DB11.
Notre avis
Il y a du panache dans cette nouvelle Vantage qui n’a pas manqué son retour parmi l’élite des berlinettes sportives. À partir d’une DB11, les ingénieurs ont réussi à développer une voiture très différente, plus sportive et plus affûtée et qui se distingue de ses rivales par un surcroît d’exclusivité tout en affichant un tarif mesuré.
Fiche technique
Moteur: V8 biturbo à essence, 3.982 cm3
Puissance: 510 ch à 6.000 tr/min
Couple: 685 Nm à 2.000/5.000 tr/min
Transmission: propulsion + boîte auto 8 rapports
Dimensions (L/l/h): 4.465/1.942/1.273 mm
Coffre: 350 dm3
Poids: 1.530 kg
Vitesse: 314 km/h
0 à 100 km/h: 3,7 s
Consommation: 10,5 l/100 km
Emissions de CO2: 245 g/km
Prix: 155.924 €