La Ferrari 275 GTB que la maison Gooding & Company vient d’intégrer dans le catalogue de ses ventes de Scottsdale, dans l’Arizona, les 18 et 19 janvier prochains, n’est assurément pas un modèle commun. Son estimation, entre 6 et 8 millions de dollars, soit près de trois à quatre fois plus cher qu’un modèle standard, éveille l’attention. Répertoriée châssis n°06003 dans les registres de l’usine, la berlinette jaune n’est autre que le deuxième prototype de la série des 275 GTB et la voiture du salon de Paris 1964. Affublée d’une carrosserie en aluminium et d’un nez court, 06003 est ainsi l’exemplaire qui a permis au public de la manifestation parisienne de faire connaissance avec la remplaçante de la 250 GT. Après l’exposition de la porte de Versailles, la 275 GTB #06003 a servi de modèle de développement et de promotion. Les passerelles entre la compétition et la série au sein de chez Ferrari amènent les ingénieurs à s’intéresser au potentiel sportif de la 275 GTB. Enzo Ferrari avait développé la 250 LM pour succéder à la 250 GTO dans la catégorie GT mais son homologation lui a été refusée, le pouvoir sportif estimant que la berlinette à moteur central arrière était un prototype déguisé.
Au sein de la Scuderia, l’idée mûrit de tester la 275 GTB en compétition. C’est ainsi qu’est lancée la production de quelques exemplaires très spéciaux, allégés et très puissants. Le premier châssis #06701 évoque une GTO 63. Si elle n’a jamais été engagée en compétition, cette berlinette Compétition en aluminium est propulsée par le V12 des prototypes vus au Mans. La seconde #06885 participera à la Targa Florio 1965 avant d’être engagée par l’écurie Francorchamps aux 24 Heures du Mans de la même année. Menée par Willy Mairesse et Jean Blaton alias «Beurlys», elle termine sur la troisième marche du podium et remporte la catégorie GT. Quant à la voiture dispersée par Gooding & Company dans quelques semaines, elle fut préparée pour prendre part au rallye Monte-Carlo de 1966. Elle fut confiée au pilote italien Giorgio Panta, navigué par Roberto Lippi, pilote d’essai Ferrari. Si la 275 bénéficiait du soutien technique de l’usine, elle était engagée par la Scuderia Sant’Ambroeus de Milan. Depuis 25 ans, cette berlinette spéciale est la propriété de Charles Wegner de Chicago.
Pour la même estimation que la berlinette jaune, Gooding & Company propose aussi une autre GT de légende de Maranello, une 250 GT Passo Corto caisse acier châssis #4037 GT ayant appartenu à Eric Stewart, un musicien qui a collaboré avec Sir Paul Mc Cartney, et à Carlo Bonomi, un industriel italien collectionneur de belles automobiles.