L’automobile est devenue la bête honnie des pouvoirs publics. Il ne se passe plus une seule semaine sans qu’on ne lui impose de nouvelles taxes ou que l’on restreigne sa liberté de mouvement. Le pick-up n’échappe pas à ce nouvel ordre. Considéré jusqu’ici comme un véhicule utilitaire, ce colosse de la route, qui embarque une benne derrière l’habitacle, était exempté de malus. L’avantage vient de tomber partiellement. Depuis le 1er juillet dernier, le modèle double cabine à 5 places est désormais soumis au supermalus écologique de 10 500 euros. Une double peine pour ces mêmes véhicules qui étaient déjà assujettis à la TVS (taxe sur les véhicules de société) depuis le 1er janvier dernier. À travers ces décisions, certains ont cru discerner une volonté de sanctionner quelques esprits malins qui contournaient le malus affectant un 4 × 4 en se rabattant sur un pick-up 5 places. Qui peut croire que l’on se convertit à ce genre automobile au seul motif d’échapper à une sanction fiscale?
Mitsubishi, comme ses concurrents, se serait bien passé de ce durcissement réglementaire au moment où la sixième génération du L200 s’apprête à investir les concessions. Sous la pression de l’explosion de l’offre, le marché a presque doublé en l’espace de quelques années. L’an dernier, la France a immatriculé 26 200 unités de ces véhicules qui se sont imposés dans le paysage des domaines viticoles, des haras et des régions montagneuses. Mais, depuis le début de l’année, la tendance s’est inversée, le marché accusant une baisse de 7,7 %. Cela ne fait pas les affaires de la firme au diamant qui admet volontiers que le L200 est le véhicule le plus profitable de toute la gamme.
Produit en Thaïlande
Vendu à déjà plus de 4,7 millions d’unités, le pick-up est une véritable religion pour Mitsubishi, intégré à l’Alliance Renault-Nissan depuis l’automne 2016. Portant l’étiquette de véhicule mondial, le L200 sera vendu dans 150 pays. Les versions européennes sortiront toujours de l’usine de Sittipol, à deux heures et demie de route au sud de Bangkok, en Thaïlande. Au rythme de trente-huit exemplaires à l’heure et d’un fort taux de main-d’œuvre pour les dernières phases d’assemblage. Ensuite, les L200 sont acheminés jusqu’au port de Laemchabang situé à dix minutes à peine de l’usine.
Le L200 de nouvelle génération ne passera pas inaperçu. Convertie à la nouvelle signature esthétique «Dynamic Shield» du constructeur introduite par les derniers concepts, cette ligne se signale par une calandre très expressive et des projecteurs additionnels encastrés dans l’angle de chaque extrémité du bouclier. Il en résulte une impression de robustesse qui fait écho au concept «solide comme un roc» qui a présidé à sa conception. Les optiques amincis à LED sont rehaussés de 100 mm et positionnés à 700 mm du sol. Reposant toujours sur un châssis en échelle, le L200 sera disponible avec deux carrosseries, le Club Cab à 4 places et demi-porte arrière à ouverture antagoniste et le Double Cab à 5 places dépassant son frère de 90 mm pour atteindre 5,30 m de long.
La présentation intérieure plus raffinée qu’auparavant se rapproche de celle d’un SUV. La console centrale forme un seul bloc jusque sur le tunnel central. La planche de bord est recouverte d’un plastique moussé et l’accès au système d’infodivertissement reposant sur un écran tactile est plus intuitif. Évadé du registre du véhicule des champs, le L200 accède aux dernières assistances à la conduite. Il prévient de la présence de véhicules dans les angles morts ou de l’apparition d’un véhicule lors d’une manœuvre de sortie de place en marche arrière et détecte des véhicules et des piétons grâce à son système de précollision. La caméra à 360 degrés contrôlant les abords du pick-up ne sera hélas pas disponible en Europe. Elle permet pourtant de suivre l’évolution de l’engin sur un parcours tout-terrain. Ses performances ont été revues à la hausse pour affronter les chemins creux.
Nouveau bloc diesel de 150 ch
Le L200 reçoit le système HDC de régulation électronique de la vitesse en descente et un nouveau mode offroad permettant d’éviter les pièges de tous les types de surfaces: graviers, neige, sable et rochers. L’amortissement de la suspension arrière a même été recalibré pour préserver le confort dans toutes les circonstances. Le réglage est même un peu trop souple comme nous l’avons vérifié lors d’une brève prise en mains.
La gamme a été simplifiée à l’extrême puisque le 2,4 litres diesel de 150 et 180 ch est remplacé par un nouveau bloc diesel 2,3 litres de 150 ch équipé d’un réservoir d’AbBlue. Une inédite boîte automatique à 6 rapports sera proposée uniquement avec la silhouette double cabine soumise au supermalus. Mitsubishi annonce, suivant les versions, des émissions de CO2 variant de 223 à 254 g/km avec la norme WLTP, ce qui correspond à une consommation comprise entre 8,5 et 9,7 litres aux 100 km. C’est dommage, le L200 ne sera pas disponible en version hybride rechargeable, une technologie que Mitsubishi maîtrise pourtant parfaitement.