Ce n’est pas un poisson d’avril. Les Anglais seraient-ils devenus fous? Après Jaguar et Aston Martin, c’est au tour de Bentley d’ouvrir la boîte de Pandore et d’annoncer aujourd’hui, dans le cadre du concours d’élégance Salon Privé, à Londres, sa décision de produire une série de répliques d’une voiture de légende. Le constructeur appartenant à la galaxie des marques de Volkswagen a jeté son dévolu sur la Blower, une voiture de course couronnée de gloire à la fin des années 20 dans les épreuves d’endurance, notamment aux 24 Heures du Mans. Bentley a remporté cinq victoires dans la Sarthe au cours des années 20, dont quatre de rang (de 1927 à 1930). L’annonce de la production d’une série de répliques de Blower intervient quelques semaines après la vente de l’un des modèles victorieux au Mans pour près de 30 millions d’euros. À défaut de pouvoir s’acheter l’original, quelques amateurs du modèle pourront accéder à leurs désirs.
Quelles sont les raisons qui ont poussé Bentley à jouer les faussaires? Péché d’orgueil ou opération commerciale? Tim Birkin, le pilote ingénieur, et surtout Wolf Barnato, l’homme-orchestre des Bentley boys qui ont dominé les épreuves d’endurance au cours des années 20, doivent se retourner dans leurs tombes. C’est la première fois que des copies d’une voiture d’avant-guerre font l’objet d’une réédition officielle. Pour éviter les critiques et les quolibets, le constructeur de Crewe s’est empressé d’affirmer que les 12 exemplaires qu’il allait produire, en référence aux douze épreuves auxquelles les Bentley boys ont participé, seront identiques à la voiture à la voiture d’origine, à l’exception de quelques changements minimes imposés par les normes de sécurité modernes. «Les douze nouvelles Blower rendront hommage à notre héritage, mais aussi à l’incroyable savoir-faire des artisans de Mulliner», a dit Adrian Hallmark, le président de la marque anglaise. Pour mener l’opération dans les règles de l’art, les ingénieurs Mulliner vont mener un travail de titan.
La vraie Blower conservée au musée, le châssis HB 3403, va être entièrement démontée. Chaque pièce sera inventoriée et scannée en 3D afin de créer une maquette numérique complète de la voiture. Bentley assure que ses répliques disposeront d’un quatre cylindres à 16 soupapes en tout point conforme à l’original. Il sera doté d’un carter en aluminium, de chemises en fonte et d’une culasse fixe en fonte. Le compresseur sera la réplique exacte du modèle Roots MkIV d’Amherst Villiers, permettant au moteur de 4 398 cm3 de délivrer la puissance phénoménale pour l’époque de 243 chevaux à 4 200 tr/min. Le constructeur anglais a déjà calculé qu’il lui faudra 2 ans de travail pour terminer les 12 rééditions. Les tarifs ne sont communiqués que sur demande.