À l’approche des élections municipales, chaque candidat multiplie les surenchères lorsqu’il s’agit de concilier mobilité individuelle et environnement. Au train où vont les choses, après l’automobile, les deux-roues seront sans doute contraints à leur tour de se plier au diktat de l’électrique s’ils veulent continuer à circuler dans le cœur des villes. Le constructeur suisse Qooder (anciennement Quadra Vehicles) fait partie de ceux qui ont anticipé l’évolution des normes et des marchés en développant une famille de machines 100 % électriques à partir de ses inédits modèles 3 et 4 roues. Si le châssis est identique à celui des versions à moteur thermique, Qooder s’appuie sur la technologie de l’Américain Zero Motocycles pour la propulsion électrique répondant au type Brushless Z-Force 75.5. Pour compenser son surplus de poids de l’ordre de 70 kilos (297 kilos), le 4 roues eQooder est plus puissant que le 3-roues QVe: 45 kW (60 ch) contre 34 kW (46 ch). Des puissances qui rapprochent ces engins des maxiscooters de 650 cm3.
Le moteur est alimenté par une batterie de 7,2 kWh garantissant une autonomie d’environ 100 km que nous n’avons pas pu vérifier lors du bref essai de prototypes sur le circuit fermé de l’école de conduite Monneret, en région parisienne. Avec son scooter électrique C-Evolution, BMW ne va guère plus loin avec une charge complète. La marque suisse a également pensé aux «commuters» qui effectuent quotidiennement la navette banlieue – centre-ville en équipant son eQooder d’une batterie de 10,8 kWh permettant un rayon d’action de 150 km. Nous n’avons pas pu le vérifier mais, batterie à plat, une charge complète ne devrait pas dépasser les 5 heures 20 sur une prise domestique pour le modèle 7,2 kWh; plus de 7 heures pour la grosse batterie. Pour retarder le passage à la station de recharge, ces engins disposent d’un freinage régénératif qui n’équipait pas nos modèles de présérie.
De même, sur les versions de série, il sera également possible d’arbitrer entre les performances et l’autonomie en jouant sur les différents modes de conduite (éco, sport, personnalisation). À l’instar de tous les véhicules électriques, ces machines bondissent dès le démarrage, filant comme une fusée, sans inertie et sans rupture de charge, dans le silence de sa propulsion zéro émission. Grâce à son couple de 110 Nm, les reprises sont tout aussi vigoureuses autour de 30 km/h. Difficile par contre de départager les performances des deux modèles mais le QVe nous a semblé supérieur à son frère, en raison de son poids moindre. Ce dernier point influe aussi sur les prestations dynamiques. Le 3-roues est plus agile et donc particulièrement adapté à ceux qui passent leur temps à sillonner les centres urbains.
Le eQooder est davantage destiné aux trajets périurbains où la stabilité qu’apportent les quatre roues renforce le sentiment de sécurité. Et, dans les deux cas, on retrouve la suspension hydropneumatique qui autorise une forte inclinaison comme un pilote de grand prix. Par contre, ces deux machines électriques conservent l’écueil d’un coffre vraiment riquiqui sous la selle. Le QVe et le eQooder seront lancés en mai prochain au tarif respectif de 14 990 € et 17 490 €, ce qui les place légèrement au-dessus du BMW (16 200 €). Mais de nombreuses aides sont prévues pour abaisser le prix. Ce n’est pas du luxe vu leur poids: les machines suisses disposeront de la marche arrière.