C’est masqué par une tenue bariolée que l’Enyaq iV, encore à l’état de présérie, nous ouvre ses portes pour un court essai sur les routes irlandaises. Il nous dévoilera plus tard, hors caméras, ses formes avenantes dans les salons d’un manoir des environs de Dublin. Mais, chut, tout cela doit rester entre nous, jusqu’à la présentation officielle du véhicule, annoncée pour juin ou septembre, avec une commercialisation prévue en toute fin d’année.
Jusqu’ici, l’offre tout électrique de Skoda se limitait à la Citygo e iV, déclinaison tchèque de la Volkswagen e-up!. Mais les choses vont rapidement changer puisque l’Enyaq iV est le premier élément d’un ambitieux plan zéro émission de la marque qui doit voir le lancement de plus d’une dizaine de véhicules 100 % électriques d’ici à juin 2022, avec un objectif fixé à 25 % des ventes à l’horizon 2025.
Comme tous les autres constructeurs, Skoda n’a en fait tout simplement pas d’autre alternative s’il veut échapper aux énormes pénalités qui dès l’an prochain sanctionneront les constructeurs qui dépasseront les seuils d’émission drastiques fixés par la réglementation européenne. Un grand chambardement qui soulève bien des interrogations. À commencer par savoir si la demande va suivre cette offre pléthorique. Car, il faut bien le reconnaître, même si la technologie avance à grands pas, le tout électrique peine encore à se montrer concurrentiel face à ses équivalents thermiques. L’autonomie limitée, la complexité de la recharge et le prix élevé étant les griefs les plus généralement formulés.
S’il trouve naturellement sa place en ville où les trajets sont courts, la recharge relativement facile et où son absence d’émission participe à l’amélioration de la qualité de l’air, il en va tout autrement dans le cadre d’une utilisation plus polyvalente.
On peut donc s’étonner du choix de Skoda de mettre en avant un SUV à vocation familiale dont les prestations devraient avoir d’autant plus de mal à rivaliser avec celles d’un diesel équivalent.
Du gabarit d’un BMW X3
Ceci posé, reconnaissons que face à la tâche qui lui incombe, l’Enyaq iV s’en sort avec les honneurs. Construit sur la nouvelle plateforme modulaire MEB, spécifique aux véhicules électriques du groupe Volkswagen, il affiche une longueur de 4,65 m pour une largeur de 1,88 m, soit, en gros, le gabarit d’un BMW X3.
Si une version SUV Coupé, inspirée du concept Vision iV vu au Salon de Genève 2019, devrait être lancée ultérieurement, il se présente pour l’heure sous la forme d’un SUV, classique, avec un capot relativement court, un long habitacle et un toit légèrement fuyant prolongé par une imposante casquette. Épurée et bien proportionnée, la ligne dégage un certain dynamisme, renforcé par une garde au sol limitée et de grandes roues chaussées de pneus de route.
À l’intérieur, l’ambiance est sobre et moderne, avec une planche de bord dépouillée qui fait une vague en son centre pour mettre en avant un grand écran tactile de 13 pouces. Permettant de gérer la connectivité et les principales fonctions de l’auto, il est complété par un petit combiné numérique derrière le volant ainsi que par un affichage optionnel tête haute avec réalité augmentée.
Au standard de la marque, l’habitabilité aux places arrière est généreuse et profite de l’absence de tunnel de transmission. Le coffre propose, lui, une belle capacité de 585 litres, agrémentée d’une large ouverture.
Pour ce qui est de la motorisation, pas moins de cinq versions sont proposées. Trois en deux roues motrices (propulsion): A-SUVe 50, avec une batterie de 55 kWh, un moteur de 109 kW (148 ch) et une autonomie WLTP de 340 km ; A-SUVe 60 (62 kWh, 132 kW/179 ch, 390 km) et A-SUVe 80 (82 kWh, 150 kW/204 ch, 500 km). Et deux en version 4 x 4, grâce à un second moteur entraînant les roues avant: A-SUVe 80X (82 kWh, 195 kW/265 ch, 460 km) et une version sportive A-SUVe vRS (82 kWh, 225 kW/306 ch, 460 km) qui revendique une accélération de 0 à 100 km/h en 6,2 secondes, assortie d’une vitesse maxi de 180 km/h. L’A-SUVe 80 se contente, elle, de respectivement 8,5 secondes et 160 km/h. C’est cette version que nous avons essayée.
Conduite fluide et reposante
Ce qui frappe dès les premiers kilomètres au volant de l’Enyaq iV, c’est son confort. Tout y participe: l’espace dégagé, la bonne position de conduite, l’excellente filtration de la suspension adaptative et, bien sûr, le silence de fonctionnement. Profitant de l’absence de boîte de vitesses, la conduite est fluide et reposante. Les performances ne sont pas renversantes mais le couple généreux assure des reprises sécurisantes malgré les deux tonnes de l’engin. Grâce aux batteries logées à plat sous le plancher, le centre de gravité est abaissé, ce qui permet de contenir efficacement les mouvements de caisse et d’offrir un comportement pas trop pataud. De son côté, le freinage profite de quatre modes de récupération commandés par les palettes au volant, pour, curieusement, ne faire appel à l’arrière, qu’à de petits tambours, plus légers et moins chers. En ville, le rayon de braquage exceptionnellement réduit, fait, pour sa part, oublier les dimensions généreuses.
Notre avis
Annoncé à un prix compétitif, avec une version de base à environ 32 000 €, hors bonus, l’Enyaq iV est incontestablement une proposition intéressante. Spacieux, confortable et doté de bonnes qualités routières, il n’a pour l’instant pas de véritable concurrent puisque la plupart des SUV du segment sont des modèles premium, plus onéreux. Même son cousin Volkswagen ID.4, qui sera commercialisé comme lui en fin d’année, devrait être sensiblement plus cher. Reste que la pertinence de la motorisation électrique pour un véhicule familial, par essence polyvalent, est discutable.
Fiche technique
Enyaq A-SUVe 80
Moteur
Type: électrique synchrone permanent
Puissance: 150 kW (204 ch)
Batterie: lithium-ion 82 kWh
Transmission
Type: Propulsion
Boîte: Rapport unique
Dimensions (L/l/h): 4 648 x 1 877 x 1 618 mm
Coffre: 585 litres
Poids: 2 011 kg
Performances
0-100 km/h: 8,5 secondes
Vitesse: 160 km/h
Autonomie: 500 km (WLTP)
Émissions
CO2: 0 g/km (bonus 6 000 €)
Prix: Non communiqué