L’expérience est jubilatoire. Si le dernier supercar Ferrari méduse les riverains de Maranello sur son passage, ce n’est pas pour sa sonorité envoûtante. Pour cause: la descendante de la lignée des F40 et Enzo se déplace sans émettre de bruit!
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La SF90 Stradale est la première Ferrari hybride rechargeable de l’histoire. Elle multiplie les records: 1000 chevaux grâce à l’association des 780 ch du V8 biturbo de la Tributo largement remanié et des 220 ch des trois moteurs électriques – deux à l’avant et un à l’arrière près de la nouvelle boîte à double embrayage à 8 rapports -, une autonomie électrique de 25 km permettant d’abaisser la consommation normalisée à 6,1 l/100 km, soit des émissions de CO2 de 154 g/km, et enfin des performances phénoménales. Les 100 km/h sont atteints en 2,5 secondes ; les 250 km/h en 8 secondes. Sa vitesse de pointe est de 340 km/h.
Traction avant
Plus que les performances stratosphériques et le transfert de technologies entre la F1 et la route hissé à un niveau inconnu jusqu’ici, c’est la facilité de prise en main qui ébahit. Non contente de démarrer sur le mode électrique, la SF est ainsi la première Ferrari à pouvoir traverser une agglomération et à pousser une pointe jusqu’à 135 km/h dans un silence confondant, en s’appuyant sur les deux machines électriques positionnées sur l’essieu avant et gérant aussi la répartition du couple.
Transformée en traction avant, une première chez Ferrari, la SF sollicite alors souvent l’antipatinage. Au-dessus de 110 km/h, la batterie de 7,9 kWh placée derrière les sièges se vide à la vitesse de l’éclair mais en appuyant sur la touche haptique «Performances» située sur le côté gauche du volant, il suffit de quelques kilomètres pour restaurer l’autonomie initiale. Dans l’absolu, il n’est pas utile de brancher les accumulateurs à une prise. Sur la route, cela devient presque un jeu de recouvrer suffisamment d’énergie en prévision de la traversée du prochain village. Lorsque l’horizon se libère, on quitte le velouté de l’électrique pour la violence ouatée des 1000 ch. À chaque montée de rapport, la sensation de coup de pied aux fesses vous cloue de stupeur.
Maître du jeu
Dans l’absolu, la Bugatti Chiron livre la même sensation de puissance illimitée mais ici, le conducteur, installé au centre de la voiture, a l’impression de rester maître du jeu et de faire corps avec la machine grâce à un équilibre remarquable. Sur les hauteurs de Maranello, les routes de montagne à l’asphalte dégradé mettent en valeur une agilité incroyable, résultat d’un poids contenu à 1570 kg, et le travail admirable de la suspension qui absorbe les irrégularités du macadam avec une facilité qui force le respect. Même sous la pluie, mode «Wet» enclenché, avec ses quatre roues motrices la SF donne l’impression d’évoluer sur des rails. Seul le timbre quelconque du V8 gâche un peu le plaisir.
Certes, il faudra débourser au moins 423.514 euros (hors options) pour le dernier bébé du cheval cabré mais la cinquantaine de Français qui se sont déjà décidés auront le privilège de participer à l’essor d’une nouvelle race de supercars. Le nouveau volant constellé de boutons et l’instrumentation numérique personnalisable rehaussée de l’affichage tête haute contribuent à transporter dans une nouvelle dimension où la propulsion électrique compte autant que les mirifiques 1000 ch. Sans doute, le volant compte trop de fonctions, et il n’est pas rare dans une épingle ou un courbe, dans le feu de l’action, dans actionner l’une ou l’autre par mégarde.
Fiche technique
Moteurs: V8 essence biturbo 3 990 cm3 + 3 moteurs électriques
Puissance: 780 ch à 7 500 tr/min (puissance cumulée: 1 000 ch)
Couple: 800 Nm
Transmission: 4 roues motrices, Boîte auto à double embrayage à 8 rapports
Dimensions (L/l/h): 4 710 x 1 972 x 1 186 mm
Coffre: 74 litres
Poids: 1 570 kg
Performances (0-100 km/h): 2,5 secondes
Vitesse: 340 km/h
Consommation (Mixte UE): 6,1 l/100 km
Émissions CO2 : 154 g/km
Prix: 423 514 €
