C’est l’une des ventes-événement de l’année pour le département Motorcars d’Artcurial animé par la paire Matthieu Lamoure-Pierre Novikoff. Initialement prévue le 2 mai dernier mais finalement annulée en raison de l’épidémie du coronavirus, la dispersion de la dernière partie de la collection d’André Trigano est désormais programmée dimanche 13 septembre à partir de 14 h, à Gibel, en Haute-Garonne. Son nom de famille est familier. Avec son frère Gilbert, Albert est réputé pour avoir inventé le camping moderne en dessinant ce qui allait devenir la tente Trigano. On sait depuis qu’Artcurial avait vendu sa collection de Citroën en 2016 dans le cadre du salon Rétromobile que cet homme, toujours modeste et bienveillant, est passionné d’automobiles.
Une passion qui l’a conduit à participer à des courses automobiles, notamment le rallye Monte-Carlo et le Tour de France Auto, et à constituer une collection d’automobiles dont il a décidé à présent de se séparer. Sans regret. «J’aimerais donner une autre vie à mes voitures», dit ce monsieur de 95 ans, ajoutant «qu’il ne faudrait surtout pas qu’elles deviennent des objets inanimés.» Le catalogue de la vente démontre un véritable éclectisme. Quand certains collectionneurs s’attachent à cultiver un thème, Albert Trigano a toujours été guidé par les coups de coeur.
Sa collection balaie toutes les époques et tous les types de véhicules. C’est ainsi que sa passion pour l’automobile l’a conduit à réunir des voitures populaires comme la Fiat 500, la Volkswagen Coccinelle 1300 (1969) ou la Renault 5 – une version Le Car tout de même – mais aussi des modèles américains (Cadillac 7533 Imperial Limousine Fleetwood, Ford AF Coach, Chrysler Airflow Imperial 8, Chevrolet Blazer Cheyenne K5 350 CI), des voitures de luxe (Rolls-Royce Phantom V Limousine, Delahaye 135 M Cabriolet Estérel par Guilloré, Facel-Vega HK500, Iso Rivolta IR300) mais des modèles sportifs tels que la Lamborghini 400 GT, l’Aston Martin DBS V8, la Lancia Aurelia B24).
Spécificité de sa collection, nombre de véhicules ont été achetés neufs pour son usage personnel. C’est le cas de la Lamborghini qui lui a été livrée neuve en 1967 et au volant de laquelle il a parcouru 33 745 km. Clou de la vente, l’italienne est estimée entre 400 000 et 600 000 euros. C’est encore le cas de la Renault R25 Limousine immatriculée le 17 juin 1986 et n’ayant parcouru que 133 000 km. Dans un état de conservation remarquable, cette berline rallongée (estimée entre fait partie d’une série de seulement 832 exemplaires.
Autre rareté: la Renault 4 de la collection est un modèle unique décorée par l’artiste Armand en 1967 à la suite d’un événement exceptionnel organisé par le magazine Réalités au profit de la Fondation pour la recherche médicale française. Armand avait choisi de recouvrir la carrosserie de 819 dessins de Renault 4! La qualité de préservation et le faible kilométrage (875 km d’origine) ajoutent une dimension exceptionnelle à cette pièce unique estimée entre 30 000 et 60 000 €.
Au-delà de la dispersion d’une collection atypique comprenant aussi, par exemple, une Triumph Spitfire MkIV de 1972, une Peugeot 201 coupé de luxe de 1932, une Simca Chambord de 1961, une BMW 2000 CS de 1969, une Peugeot 604 Ti de 1978, une Austin Mini Moke de 1966, cette vente est l’occasion de rendre hommage à un véritable passionné qui a consacré une partie de sa réussite à la préservation de ce patrimoine industriel.