Tout se perd! À moins que tout ne change. La nouvelle génération de la Flying Spur, qui devient l’unique Bentley quatre portes depuis la disparition de la Mulsanne, est une voiture dont les propriétaires seraient peu enclins à céder le volant à un chauffeur. À la différence de la Classe S. Ils sont aussi une majorité à plébisciter les finitions bling-bling.
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Cela va sans doute faire bondir nos voisins de la Perfide Albion attachés aux traditions et à une certaine discrétion (vert anglais et essences de bois nobles) mais la clientèle s’enthousiasme par exemple pour le clinquant rouge cerise de notre voiture rehaussé d’un pack «black line». Des feux cerclés d’un jonc noir s’accordaient à une calandre à ailettes noires, des baguettes noires soulignant les bas de caisse et les contours de la malle arrière ainsi que quatre tuyères d’échappement en forme de macaroni. À l’intérieur, point de bois mais une abondance de chrome et un décor en fibres de carbone coordonné à des sièges en cuir noir. Les conservateurs pourront toujours piocher dans le catalogue du département Mulliner pour renouer avec l’esprit des clubs anglais.
Très haut niveau de qualité
À bord, la Flying Spur manie avec brio l’art de la mise en scène. Pression sur le bouton-poussoir: le modernisme pointe sous la tradition. La mascotte en forme de B ailé jaillit du bout du capot ; le bloc central regroupant trois élégants cadrans – indicateur de température extérieure, boussole et chronomètre – effectue une rotation pour laisser la place à un écran tactile de 12,3 pouces. L’instrumentation est numérique mais le graphisme des cadrans évoque les Bentley d’avant-guerre.
Quelle que soit la place que l’on occupe, le très haut niveau de qualité est perceptible. À l’arrière, deux sièges individuels ou une banquette trois places installent les passagers dans un espace particulièrement généreux.
Ayant un standing à défendre, la Flying Spur roule 8 ou 12 cylindres. Avec le premier, cette limousine à conduire économise 100 kg. Emprunté à la Porsche Panamera, comme une grande partie de la technologie, le V8 4 litres à double turbo affichent une puissance et un couple «suffisant» (550 ch et 770 Nm) pour transporter les occupants dans des sphères répréhensibles. Les 100 km/h sont atteints en 4,1 secondes et la vigueur des reprises laisse les automobilistes incrédules. Le temps que la boîte auto à 8 rapports réponde aux injonctions du conducteur et le vaisseau bondit d’un virage à l’autre. Ses quatre roues directrices (option), conjuguées à un amortissement piloté et à des barres antiroulis fonctionnant en 48 V, lui assurent aussi une certaine agilité. Reste à se souvenir qu’un mastodonte de 5,35 m pesant 2,3 tonnes ne ralentit pas aussi vite qu’une GT.
Aux allures d’un lord anglais, on retrouve ce qui fait le sel de cette limousine: un confort souverain s’appuyant sur une suspension pneumatique à trois chambres, le bien-être d’une isolation phonique remarquable et une consommation maîtrisée (12,7 l/100 km) grâce à la désactivation de 4-cylindres lorsque le moteur ronronne sous les 3000 tr/min et que la demande de couple est inférieure à 235 Nm. Cela ne lui permet pas d’éviter le supermalus de 30.000 € qu’il faut ajouter aux 194.760 €, hors options.
Fiche technique
Moteur: V8 essence turbo, 3 996 cm3, 550 ch, 770 Nm
Transmission: Intégrale, Auto. 8 vitesses
Dimensions: L. 5,31, l. 1,97, h. 1,48 m
Consommation: 12,7 l/100 km
Émissions CO2: 288 g/km
Vitesse: 318 km/h
Prix: 194 760 €