La mise sous cloche de nos vies avec la crise sanitaire n’a pas entamé l’irrépressible envie des amateurs d’enrichir ou de faire évoluer leurs collections. Selon l’étude menée par le salon Rétromobile au début de l’année, 26 % des sondés ont révélé avoir un projet d’achat. Toujours aussi vivace, l’engouement pour les belles d’antan expliquerait la stabilité du marché. Malgré le contexte. Cela peut même sembler paradoxal: le prix des pièces maîtresses du marché est à la hausse. Sans aucun doute en raison de leur rareté et de leur pedigree, les voitures importantes restent très prisées. La maison Artcurial en veut pour preuve l’excellent résultat de sa vente «Parisienne» en février dernier.
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Les reines du rallye que sont l’Audi Quattro Sport S1 et la Peugeot 205 Turbo 16 Evolution 2 ont atteint les enchères de respectivement 2.016.600 euros et 977.440 euros, avec les frais. «La provenance explique en grande partie ces résultats», dit Pierre Novikoff, directeur adjoint du département Motorcars. Ces voitures étaient exposées depuis de nombreuses années au Manoir de l’automobile de Lohéac, en Bretagne. L’orientation à la baisse depuis le début de l’année 2021 de l’indice de la société de statistiques Hagi (Historic Automotive Group International), qui scrute les résultats des ventes, serait trompeuse. Elle découle d’une surreprésentation de la marque Ferrari. Or, aucune pièce majeure de la firme italienne n’est passée dans une vente jusqu’à présent.
Quelques pépites
Selon Pierre Novikoff, on touche là l’un des points essentiels de la réussite d’une maison et d’une vente. La qualité du catalogue est essentielle. «Dénicher de belles automobiles, à l’histoire irréprochable, est plus difficile que d’habitude.» C’est ce qui expliquerait que le marché, souvent très dynamique aux États-Unis, accuse le coup. Il est vrai que de l’autre côté de l’Atlantique, certains acteurs majeurs du secteur continuent à organiser des ventes aux enchères en ligne, en dépit d’un plateau de qualité assez moyen. «Cela montre que les amateurs sont de mieux en mieux renseignés. Ils sont devenus très sélectifs et savent désormais discerner le bon grain de l’ivraie. Il faut présenter des voitures zéro défaut pour espérer un bon prix», ajoute Pierre Novikoff.
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Dans la chasse aux belles, Artcurial a trouvé quelques pépites lors de son tour de France. C’est le cas de la Lamborghini Miura de 1966 provenant d’un amateur bourguignon. La GT italienne a appartenu à Paul Bouvot qui a été responsable du style Peugeot durant les années 1960. Le styliste était réputé pour se rendre régulièrement au studio de la Garenne-Colombes au volant de sa sportive qu’il garait à côté des modèles sochaliens. La Lamborghini sera présentée à la vente de Monaco, en juillet. D’ici là, la maison anglo-saxonne RM Sotheby’s aura dispersé trente-cinq Rolls-Royce et Bentley, pour l’essentiel des modèles d’avant-guerre et des années 1950, provenant d’une incroyable collection du Liechtenstein. D’ores et déjà, tous les regards sont tournés en direction de Pebble Beach, en août prochain. Les ventes californiennes auront valeur de test et permettront d’esquisser les tendances de la fin 2021.