Plus de 700 000 véhicules 100 % électriques et hybrides rechargeables circulent sur les routes françaises. Il y a cinq ans, ils étaient à peine 110 000. L’arrivée récente de nouveaux modèles continue de tirer les chiffres vers le haut, l’électrique représente désormais 13,1 % des parts de marché des véhicules particuliers. Ce mouvement vers la voiture dite «propre» semble irréversible. Faut-il donc franchir le pas ?
Si l’on se cantonne au principe même de l’utilité de l’automobile, c’est-à-dire à sa capacité de nous conduire d’un point à un autre, la question fondamentale est alors de savoir si l’on trouvera assez de prises de charge sur ses trajets pour arriver à bon port. En effet, sur les 700 000 points de charges comptabilisées actuellement, 94 % sont installées dans l’espace privé. Seules 40 115 sont ouvertes au public sur le réseau routier (au deuxième trimestre 2021).
Certes ce chiffre ne cesse d’augmenter, fin 2016 l’ensemble du territoire comptait 16 000 prises, mais l’objectif de 100 000 points de charge fin 2021 ne sera toutefois pas atteint.
Pour se faire une idée de la réalité du maillage, Le Figaro a développé un moteur de recherche, qui, sur tous les itinéraires de votre choix, permet de visualiser les stations de charge à proximité de votre parcours. Une station comporte généralement plusieurs bornes et souvent une borne offre plusieurs prises. Découvrez ainsi, si vous disposerez d’autant d’opportunités que nécessaire pour vous arrêter, ou si vous allez risquer la panne sèche, électrique, en pleine zone blanche.
Notre outil, le plus à jour possible sans être exhaustif, donne une bonne idée des zones densément ou faiblement pourvues. Et c’est bien ce qui compte : tout miser sur quelques bornes isolées reste risqué. Car elles peuvent être hors d’usage, indisponibles, ou ne pas avoir les bonnes connexions. Il faudra en trouver d’autres sur son parcours. Disposer d’un plan B, à quelques kilomètres, sera une bonne façon de sécuriser son voyage.
S’agissant des connexions, leurs caractéristiques sont en train de s’harmoniser, le plus souvent il s’agit de Combo (pour les recharges rapides à grande puissance) ou de type-2 (pour les charges à moins de 43 kW). Concernant l’entretien et pour éviter de désappointer les utilisateurs face à une machine hors service, les aménageurs sont tenus de garantir le respect d’un délai maximum d’intervention en cas de dysfonctionnement. Enfin, l’affluence du trafic des jours de départ en vacances, par exemple, va jouer sur la disponibilité et le temps d’attente.
Au regard de la carte, on constate que sur les autoroutes, les grands axes et les contours des grandes agglomérations, globalement, la recharge n’y est pas un problème (sauf sans doute en cas de fréquentation importante). Sur les itinéraires du réseau secondaire, s’il y a peu de bornes, il est plus sage d’allonger son parcours pour emprunter des routes mieux pourvues en stations. Ce sera certainement le cas dans des régions où apparaissent quelques trous de densité, comme le Grand Est, la Normandie ou le centre Bretagne, moins bien loties, selon les chiffres de Réseaux Énergies, que l’Ile-de-France ou la partie est de la région l’Auvergne-Rhône-Alpes.
Pour tous ces sauts de puces entre les bornes de recharge, vous n’êtes pas seul au volant. Conduire une voiture électrique, c’est entrer dans un nouvel univers, un environnement high-tech, avec des outils de navigation, des applications qui sont là pour vous informer en permanence sur l’autonomie des batteries, la localisation des stations, leurs caractéristiques. Ils savent optimiser les trajets en fonction du pourcentage de charge restant, des bornes disponibles, des types de prises, des temps d’attente, etc. Savoir leur faire confiance, c’est se laisser guider d’une station à une autre et tailler la route les yeux presque fermés.