L’enjeu est de taille. Pour répondre aux besoins d’un parc de voitures à batterie rechargeable en forte augmentation, le réseau de recharge doit changer de taille. Le groupe Volkswagen a évalué les besoins à 300.000 points de charge sur le domaine public en 2025, contre seulement 49.000 à la fin de cette année.
Dans cinq ans, le parc devrait atteindre près de 2 millions de véhicules électriques en France. Selon certaines études, le nombre de points de recharge devrait même atteindre 11 millions en 2030. Un scénario qui fait froid dans le dos mais qui se fonde sur un parc de 8 millions d’unités à la fin de la présente décennie. Tous les acteurs du secteur se mobilisent donc pour que les infrastructures de recharge changent de dimension. Il ne se passe plus une seule semaine sans qu’un réseau n’annonce l’installation de nouvelles bornes.
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C’est ainsi que le réseau européen Ionity, issu d’un consortium réunissant les groupes BMW et Volkswagen, Hyundai et Kia, Porsche, Mercedes et Ford, a décidé de changer de dimension. De 1500 points de charge en 2021 sur les autoroutes européennes, Ionity va passer à 7000 en 2025. Cela représente une augmentation de 360 % et un investissement de 700 millions d’euros. Le nombre de stations présentes dans 24 pays européens va être multiplié par plus de deux. De 400, leur nombre va être porté à 1000. Les futurs sites rassembleront de 6 à 12 bornes. Il faudra au moins cela si l’on ne veut pas que les départs en vacances se transforment en foires d’empoigne. Une recharge à 80 % nécessite en moyenne trente minutes d’attente. Les représentants de Ionity assurent que le réseau va se déployer à la fois sur les autoroutes, à proximité des grandes villes et sur les routes nationales les plus fréquentées. On ne demande qu’à les croire mais, pour le moment, il faut bien avouer que ce réseau européen n’a investi que les stations-service des autoroutes.
Charge d’appoint
En France, Ionity vient d’ouvrir sa quatre-vingt-troisième station sur l’autoroute de Normandie, après la barrière de péage de Mantes-la-Jolie. Quinze autres installations seraient en cours de construction. Dans son plan 2025, Ionity a prévu de multiplier par deux le nombre de stations sur le territoire français, ce qui porterait leur total à 200. Plus de 70 % du réseau serait assuré par des bornes délivrant une puissance de charge supérieure à 100 kW.
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À Paris, force est de constater que seule la station TotalEnergies implantée récemment sur le boulevard circulaire de la Défense est en mesure de délivrer de fortes puissances. Dans Paris intra-muros, on ne trouve pas de bornes livrant plus de 50 kW. Ce sera le cas du réseau NewMotion, rebaptisé Shell Recharge, qui va installer près de 200 points de charge au sein du parking de l’hôtel de ville de Paris. Le centre de Shell propose quatre chargeurs de 22 kW et quatre chargeurs rapides CC (50 kW). À un autre niveau du parking, on trouve 190 bornes mais dotées principalement de chargeurs de 3,7 kW et de vingt chargeurs de 22 kW. À moins de rester très longtemps, ces installations ne permettent qu’une charge d’appoint. Lorsque l’on connaît les difficultés de circulation dans le centre de Paris, pour ne pas dire l’inaccessibilité de ce quartier, on ne manque pas de s’interroger sur la pertinence du choix de cet emplacement.