Un mois après l’événement Intermot, à Cologne, considéré comme un amuse-bouche, le Salon EICMA, à Milan, qui a fermé ses portes dimanche dernier, confirme son statut de grand-messe de la moto et du scooter. À part l’absence remarquée de BMW et de Harley-Davidson, la fête a en effet été complète. Les constructeurs de motos et scooters rencontrent pourtant les mêmes difficultés que leurs homologues de l’automobile.
Pandémie du Covid-19 et guerre en Ukraine entraînent logiquement des problèmes d’approvisionnement, de transport et de stock ou encore une pénurie de semi-conducteurs. Mais le volontarisme affiché en Italie permet d’envisager un avenir plus souriant dans lequel, que cela nous plaise ou non, la propulsion électrique et les constructeurs chinois semblent bien décidés à s’assurer une belle place.
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Forza Italia
Si Peugeot, aujourd’hui sous la coupe de l’indien Mahindra, présente bien quelques nouveautés intéressantes, dont un remarqué maxi-scooter XP400 pensé comme un crossover, vu de France, le dynamisme et la créativité de l’industrie italienne du deux-roues nous laissent envieux et admiratifs. Sur la plupart des catégories, principalement celles des machines les plus sportives, c’est en effet aujourd’hui l’Italie qui donne le ton au reste du monde, tant en matière de style que de performances. Tout juste auréolé du titre de champion du monde MotoGP avec Pecco Bagnaia, Ducati fait naturellement figure de porte-drapeau. La diversité, l’inventivité et la sophistication de ses produits, qui bénéficient largement et intelligemment du savoir-faire de son mentor Audi, notamment en matière d’électronique, forcent le respect.
On découvre ainsi la nouvelle Panigale V4 R, véritable machine de course de 218 ch pour 193 kg ou l’impressionnant roadster Streetfighter V4 affichant 208 ch pour un poids de 196 kg. Ascendant dragster, la Diavel troque, elle, son V2 pour un V4 de 168 ch, alors que l’emblématique Monster s’expose dans une version SP plus sportive de 111 ch. En matière de sportivité, Aprilia n’est pas en reste: sa RSV4 XTrenta revendique en effet 230 ch pour seulement 166 kg. Beaucoup plus raisonnables, mais tout aussi réussies sont les dernières Moto Guzzi V100 Mandello (115 ch) et Moto Morini Seiemmezzo (60 ch), présentée en deux versions, Street (6999 €) et Scrambler (7399 €).
La Chine s’installe
Si la vénérable marque bolognaise Morini se voit ressuscitée grâce au modèle Seiemmezzo, elle le doit à son rachat, il y a quatre ans, par le groupe chinois Zhongneng Vehicle. Ce fut, avant elle, le cas de Benelli, passée sous la coupe de Qianjiang Motorcycle. Les constructeurs chinois appliquent ici une démarche que l’on a connue auparavant dans l’automobile. Les bureaux d’études et la production demeurant en Italie, la prise de contrôle s’accompagne bien sûr d’un transfert de technologie, mais elle a au moins le mérite de permettre à des marques prestigieuses de rester vivantes.
Les Chinois apprennent vite et le montrent encore ici. CFMoto, qui s’est fait une belle réputation chez nous avec ses 700 CL-X et 800 MT, dévoile ainsi une minisportive 450 SR qui n’a pas grand-chose à envier aux productions européennes ou japonaises. C’est également le cas de Zontes, qui présente un séduisant et abordable petit roadster 350 GK (5490 €).
L’électrique omniprésent
Si les constructeurs japonais ont désormais fort à faire avec la concurrence chinoise et européenne, ils n’en restent pas moins des piliers du marché mondial de la moto. À Milan, c’est principalement Honda qui fait l’actualité. Après avoir présenté son nouveau roadster Hornet 750, à Cologne, il dévoile en effet ici la très attendue nouvelle mouture de la Transalp. Le célèbre trail, qui va venir s’intercaler dans la gamme entre la CB500X et l’Africa Twin 1100, délaisse son célèbre V-twin pour adopter le même bicylindre en ligne que la Hornet. D’une cylindrée de 755 cm3, il délivre 92 ch assortis d’un couple de 75 Nm, avec une consommation annoncée de seulement 4,35 l/100 km. La part belle est faite à l’électronique, qui s’affiche à travers un grand écran couleur et une commande de gaz sans câble.
Chez Kawasaki, c’est, comme il se doit, plutôt en vert que l’on voit le futur de la moto. Électrique, hybride, voire à hydrogène: le constructeur japonais fait feu de tout bois dans le registre de la mobilité décarbonée. Deux modèles électriques, Z et Ninja, dont la commercialisation est prévue pour 2023, sont ainsi présentés. Ils sont équipés d’une double batterie amovible. Quant à la moto hybride HEV, mixant moteurs thermique et électrique, elle est attendue en concession dès 2024. En matière de propulsion 100 % électrique, les visiteurs du Salon milanais ont assisté à un véritable feu d’artifice de nouveautés. L’une des plus abouties est la nouvelle DSR/X du californien Zero Motorcycles, une routière de 102 ch, commercialisée dès à présent au prix de 26.775 €.
On retrouve également quelques grands noms, comme Honda et son scooter EM1e, lancé durant l’été 2023 avec une batterie amovible offrant une autonomie de 40 km, Peugeot avec le e-Streetzone, Aprilia et son Electrica Project ou encore Seat et son Mo 125. Beaucoup de petits constructeurs et de start-up s’intéressent par ailleurs au sujet, tels le canadien Damon Motorcycles, l’allemand Tinbot, l’autrichien Horwin ou les chinois Yadea et Tromox. Sur les huit premiers mois de l’année 2022, les modèles électriques équivalents 125 et plus ont enregistré une progression de 224 % sur le marché français. Dans le deux-roues également, la transition écologique est en marche.