Cela devait être une formalité. Dans la foulée de l’approbation par un vote, le 14 février dernier, par 340 voix contre 279 et 21 abstentions, du projet d’interdire la commercialisation des véhicules neufs à moteur thermique en 2035, le Conseil européen des Vingt-Sept devait entériner la décision le 3 mars dernier. Patatras. Rien ne s’est passé comme prévu. Un peu partout en Europe, des voix discordantes commencent à émerger. Si l’on sait depuis plusieurs semaines que l’Italie est contre la pensée unique qui consisterait à imposer aux citoyens européens une seule technologie – en l’occurrence le véhicule électrique à batterie et à hydrogène -, d’autres pays et non des moindres ont fait entendre leur désapprobation. L’Allemagne a fait savoir qu’elle s’abstiendrait alors que la Pologne et la Bulgarie ont émis des doutes. Résultat: la majorité qualifiée des Vingt-Sept qui est requise (vote favorable d’au moins 55 % des états représentant au moins 65 % de la population de l’UE) n’était plus atteinte. C’est ainsi que le vote renvoyé dans un premier temps au mardi 7 mars a depuis été reporté à une date ultérieure. Le temps sans doute au lobbying de faire son œuvre.
Le carburant synthétique, au centre des discussions
En première ligne, Berlin plaide pour que le feu vert soit donné aux carburants synthétiques après 2035. Porsche, une des marques du groupe VW, est un fervent défenseur de cette technologie alternative qui présente l’attrait de pouvoir propulser l’ensemble du parc existant. L’impact serait immédiat sur les émissions du parc évalué à 1,3 milliard de véhicules dans le monde.
L’Union européenne se serait d’autant plus passée de ces atermoiements qu‘un communiqué de l’ONG Transport & Environnement établit que les deux tiers de la production européenne de batterie prévue d’ici 2030 risquent d’être retardée, réduite ou annulée. En cause, les milliards de dollars de subventions que les États-Unis seraient prêts à accorder aux industriels désirant profiter du programme environnemental Inflation Reduction Act (IRA). Des projets d’implantation seraient ainsi en suspens.
Pour mémoire, l’Europe a prévu de se doter d’une capacité de production de batterie équivalant à 18 millions de véhicules électriques, soit 1,2 TWh. Et l’organisation de conclure que «sans cette capacité, l’Europe ne sera pas en mesure de satisfaire seule sa demande de batterie et devra importer.» On le voit, de nombreux obstacles se dressent encore sur la route du zéro émission. En somme, la voiture électrique, c’est loin d’être gagné.