À faire des envieux. Ferrari transforme tout ce qu’il touche en or. Alors que l’année 2022 s’est terminée par un nouveau record de ventes à 13.221 unités, les clients continuent de faire la queue dans l’espoir, ici d’avancer une livraison prévue dans plusieurs années, là d’avoir le droit de commander un modèle. Même le Purosangue (prononcez «purosangwouai») n’est pas épargné par la fièvre qui entoure la marque à l’emblème du cheval cabré.
À ceux qui s’interrogent encore sur l’opportunité d’inclure un SUV dans la gamme, la firme de Maranello brandit un carnet de commandes complet pour les trois prochaines années. Il faut dire que sa production annuelle est limitée à 20 % des volumes, c’est-à-dire environ 2500 unités. Partout dans le monde, y compris en France, la demande dépasse toutes les prévisions. Chez nous, ce gros bébé frise pourtant les 500.000 euros, le prix d’une longère pour les week-ends ou d’un studio à Paris, en intégrant le malus de 50.000 euros et quelques options. Sauf désistement d’un heureux privilégié, la situation n’est pas près de s’arranger, les commandes étant fermées. Une décision qui serait motivée, selon nous, par le remplacement à terme du V12 actuel, réservé demain aux séries limitées, par le V6 hybride pressenti initialement. Comme l’ensemble du secteur, Ferrari s’est engagé à réduire son empreinte carbone.
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Certes, le Purosangue est une familiale capable d’accueillir quatre personnes confortablement, mais il reste avant tout une Ferrari. Comme pour une GT, le V12 atmosphérique dérivé de celui de la 812, une exclusivité dans la catégorie, est placé en position centrale avant. Cette architecture a déterminé les proportions. Le long capot et la cabine décalée vers l’arrière se combinent à un arrière tronqué afin de rester sous la barre des 5 mètres de long (4,97 m). Cela a aussi impliqué des portes arrière à ouverture antagoniste qui se déploient électriquement, selon un angle de 79 degrés. Sur la route, le dernier pur-sang de Maranello a fière allure. Sa silhouette soulève l’enthousiasme entre sa face avant féline, ses flancs cintrés et sa poupe musclée dont les feux renvoient à la Roma. Malgré le gabarit, la coque réussit à être 4 % plus légère que celle du coupé 4 places GTC4 Lusso grâce à l’emploi de carbone, d’alu et d’acier à haute résistance. La répartition des masses étant un critère déterminant de la sportivité, les ingénieurs italiens ont approché l’équilibre parfait (49/51) en installant la boîte à double embrayage à 8 rapports à l’arrière. Quant au toit en carbone, il contribue à abaisser le centre de gravité.
Souplesse et agilité sur la route
La révolution se poursuit à bord. Dans une logique de symétrie, le tableau de bord se dote de deux énormes casquettes d’instruments. Comme c’était déjà le cas sur les derniers modèles, le passager peut donc suivre le GPS, les performances mais aussi programmer la musique. Loger le système multimédia dans un grand écran de 16 pouces participe au confort de conduite mais la logique de circulation dans les menus à partir des touches haptiques du volant requiert quelques répétitions. Plus simple, un bouton rotatif situé au centre de la planche gère la climatisation. Ferrari n’a pas oublié que le Purosangue pourra être amené à transporter des objets encombrants ou des skis. Le cache-bagages peut se loger sous le plancher du coffre et les dossiers des deux sièges arrière individuels se replient électriquement pour former une surface de chargement plane.
Et à conduire? En montant à bord sans avoir à déployer des talents de gymnaste, on a déjà l’impression d’être rangé des voitures. Dans la circulation urbaine, ce SUV fait preuve d’une souplesse et d’une progressivité que lui envieraient beaucoup de citadines. Sur les routes sinueuses de la région de Madonna de Campiglio, où nous a conduit l’essai, le Purosangue bluffe par son efficacité et son agilité, due en grande partie à ses quatre roues directrices. Une impulsion au volant et cette Ferrari d’un nouveau genre s’inscrit avec gourmandise dans la courbe. Les performances approchent celles des GT de la marque et l’on s’étonnera du mordant des freins en carbone-céramique. Les adeptes de la marque trouveront l’ensemble trop aseptisé, les décibels du V12 étant muselés.
Un SUV polyvalent
Ferrari préfère mettre en avant l’installation Hi-Fi Burmester de 1420 watts et 21 HP et le confort souverain. Le Purosangue inaugure une inédite suspension active développée par Multimatic et fonctionnant avec un moteur électrique par amortisseur alimenté par le réseau 48 V. Ce système, que Ferrari estime plus performant qu’un dispositif pneumatique, a réussi son examen de passage, brillant par la réduction du roulis et une incroyable réactivité lors des changements d’appui. Enfin, et c’est sans doute le plus important, ce SUV affiche une incroyable polyvalence. Avec des pneus adaptés, il ne craint pas les routes enneigées, s’appuyant sur un nouveau programme de conduite, le mode «glace» remplaçant le mode «piste», et sur une seconde boîte de vitesses étrennée par la FF et disposant de deux rapports et d’une marche arrière. Le SUV Ferrari est ainsi une quatre-roues motrices jusqu’en quatrième à 190 km/h.
Notre avis
Avec ce SUV Ferrari que l’on n’imaginait jamais voir sur les routes, une digue est tombée. Les gardiens du temple maugréent, mais Porsche, qui a vécu pareille situation voici vingt ans, n’a jamais eu à le regretter. Le Purosangue va permettre aux fanatiques de la marque d’avoir un garage entièrement aux couleurs de l’écurie italienne.