Peut-être vous est-il déjà arrivé de croiser leur chemin? Les Harley-Davidson se déplacent généralement en bande. Ces machines américaines impressionnent, surtout les choppers, qui, avec leur guidon surélevé et leur selle basse et reculée, imposent une drôle de posture. Elles sont reconnaissables plusieurs kilomètres à la ronde. En plus de faire un raffut du diable, leur sonorité pétaradante caractéristique, le fameux «potato-potato», est inimitable.
Les possesseurs de ces machines sont tous «picousés», quand ils ne sont pas tatoués, à la marque qui souffle cette année ses cent vingt bougies et dont le logo porte le numéro 1 surmonté de petites étoiles et des couleurs du drapeau national. Ces harleyistes – ne les appelez pas motards – ne changeraient pour rien au monde. «Plus de 80 % de nos clients sont fidèles à la marque et ne se voient pas rouler avec une autre moto», raconte Christophe Couet, le patron de la filiale française du constructeur. Dans quasiment tous les cas, ce qui les a fait craquer, c’est moins la moto que le style de vie qui accompagne la machine. «La moto est un prétexte. Harley, c’est avant tout un esprit de voyage, de liberté et d’aventure», explique Florence (1), une quadra qui a succombé aux charmes de cet univers sans équivalent.
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La marque américaine compose donc une famille qui se réunit fréquemment. Aujourd’hui, 1 million de harleyistes dans le monde se retrouvent dans le HOG (Harley Owners Group), le club de la marque, pour partager leur passion. Rien qu’en France, on compte 13.000 membres répartis dans 53 «chapters» ou concessions. Il y en a 1350 à travers le monde. Personne n’est obligé d’y souscrire, mais Florence reconnaît que cela fait une sacrée différence. «Adhérer au HOG donne le sentiment d’appartenir à une communauté. On noue vite des amitiés. L’esprit de camaraderie est très développé et la bienveillance règne. Lorsque l’on voyage à l’étranger, on sait qu’en cas de pépin, il sera possible de solliciter un membre du HOG local. C’est mieux qu’une ambassade.»
Joyaux de précision et de détails
Beaucoup de membres de la grande famille des harleyistes tiendront à célébrer le 120e anniversaire de leur marque fétiche en participant aux nombreuses festivités prévues. Un grand rassemblement aura ainsi lieu à Budapest (Hongrie) du 22 au 25 juin, suivi, du 13 au 16 juillet, par une grande manifestation dans le berceau de la marque, à Milwaukee (Wisconsin). En France, après un échauffement dans le cadre du Alpes Aventure Motofestival, les 9 et 10 septembre, ce sont les Opale Harley Days qui seront en fête la semaine suivante. Là encore, ceux qui croiseront la route de ces bikers pourront se rendre compte qu’ils ont épousé le fameux American Way of Life. Comme de l’autre côté de l’Atlantique, l’esprit Harley privilégie les émotions à la griserie de la vitesse. Les machines de Milwaukee sont en premier lieu des joyaux de précision et de détails. Une Harley s’admire, se cajole, se personnalise. Une liste infinie d’accessoires compilée dans un catalogue de près de 600 pages est d’ailleurs dédiée à cette «customisation». Et lorsque l’on roule, il n’est pas nécessaire d’aller vite pour ressentir des sensations. Au guidon, il se passe toujours quelque chose. Il y a d’abord leur gros V-Twin vibrant qui devient vite addictif.
Même si elles ont réalisé d’énormes progrès pour se rapprocher des standards européens ou japonais, les Harley ne sont donc pas les meilleures machines de la production. Lourdes et dotées d’un grand empattement, elles manquent d’agilité, freinent et tiennent la route correctement, mais n’ont rien de sportif. L’embrayage et la boîte restent un peu durs et le point mort pas toujours facile à trouver, mais les Harley brillent par leur confort. Une qualité qui pousse des quinquas à se convertir lorsqu’ils ne le sont pas déjà. «Vers 30 ans, il achète un Sportster. À 40, il le troque contre un cruiser, Fat Boy ou autre. Et, à l’approche de la cinquantaine, devenu plus soucieux de son confort, il se rallie à la gamme Tourer», souligne Christophe Couet. Une évolution censée suivre ses goûts, mais aussi le niveau de son compte en banque. Compter en effet 17.000 euros pour un Sportster, plus de 20.000 euros pour un Fat Boy et pas moins de 30.000 euros pour un Tourer. Sans les incontournables accessoires, sans lesquels une Harley n’en est pas vraiment une. Pour ses fans, ces machines américaines ont une âme. Cela n’a pas de prix.
(1)Le prénom a été modifié.