Sale temps pour les citadines. En l’espace d’une dizaine d’années, l’offre des minivoitures de moins de quatre mètres de long s’est réduite comme peau de chagrin. La faute aux normes de crash-tests et à la transition écologique qui ont fait exploser les coûts de développement. Et sans doute aussi des consommateurs qui ont semblé se détourner de ces modèles plus à l’aise dans la jungle urbaine que sur le réseau autoroutier.
Rentabiliser un programme de voiture de ville est donc devenu mission impossible. Même en s’y mettant à plusieurs. PSA et Toyota ont ainsi renoncé à produire leur triplette – Peugeot 108, Citroën C1 et Toyota Aygo. Certes, cette dernière est toujours au catalogue mais dans une version crossover dotée du suffixe X (lire ci-dessous). De son côté, de l’alliance stratégique Renault- Mercedes qui avait donné lieu à la production à Novo mesto, en Slovénie, il ne reste plus que la Twingo déclinée en version SCe 65 et électrique. Là encore d’ici une bonne année, la petite de la firme au Losange ira rejoindre la Smart Forfour au musée.
Quant à sa sœur Fortwo, la plus petite voiture du marché qui n’existe plus désormais qu’en version électrique (28 351 euros hors bonus), elle vit ses derniers jours. L’usine d’Hambach, en Moselle, devrait arrêter de la produire en mars prochain. Des projets de remplacement circulent chez le chinois Geely, qui a repris la moitié du capital de la société, mais aucune décision n’a encore été prise. Avec la disparition de la Fortwo, le marché ne comptera plus aucune voiture de moins de 3 mètres. C’est bien dommage.
Tarifs en hausse
À notre sens, la meilleure offre était la Toyota iQ. Son tour de force: pouvoir loger quatre personnes dans 2,98 m. Son malheur: une erreur marketing. Les consommateurs ont considéré que cette reine des villes était trop chère pour son label. Sans doute aurait-elle dû porter le badge Lexus?
Le consommateur n’a donc plus beaucoup d’options à sa disposition sous la toise des quatre mètres. À quel prix? Les modèles bon marché ont disparu. Aujourd’hui, on ne trouve plus une microcitadine à moins de 10 000 euros. La Kia Picanto débute à 13 240 euros, la Fiat Panda à 13 600 euros, la Suzuki Ignis à 16 690 euros. Pour rouler en Twingo, il faut débourser au moins 16 750 euros ; 18 820 euros pour une Volkswagen Up! Et lorsque l’on bascule dans le monde d’après, celui de l’électrique, les tarifs s’envolent. Une Twingo électrique s’affiche à 25 250 euros, une Renault ZOE à 29 250 euros, une VW Up! Electric à 28 030 euros, une Fiat 500e à 30 400 euros (+ 2 000 euros pour la version 3+1) mais avec une batterie de 23,8 kWh permettant de parcourir seulement autour de 160 kilomètres!
La situation ne serait que transitoire. Avec l’avènement de l’électrique, on peut espérer le retour en fanfare des citadines dans les prochaines années. Les constructeurs multiplient les projets en ce sens mais ces nouveaux modèles ne seront plus aussi compacts que par le passé et surtout pas à la portée de toutes les bourses. La Renault 5 lancée fin 2024 avoisinera les 4 m (3,96 m) et les 20 000 euros (hors bonus). La direction de la marque française espère tenir un tarif de 19 000 euros en recourant à des technologies éprouvées par d’autres modèles de la gamme. La R5 compte sur sa ligne néorétro et son intérieur pour devenir la coqueluche des urbains.
Rentabiliser les programmes
Chez Volkswagen, autre acteur déclaré, le challenge ne diverge pas. Fin 2025, le groupe allemand sera en mesure de commercialiser une citadine basée sur le concept ID2 All dévoilé récemment. L’étude dépasse les 4 m (4,05 m) et embarque une batterie de plus de 50 kWh (450 km d’autonomie annoncés). Pour amortir les coûts, sa plateforme donnera naissance à une déclinaison Cupra (Raval) et Skoda. La direction de VW a manifesté sa volonté de lancer sa citadine électrique à moins de 25 000 euros. Avec sa nouvelle génération dévoilée à la rentrée, Mini se positionnera sur le créneau du luxe, à plus de 35 000 euros. Quant à Stellantis, sa Fiat 500e devrait être remplacée à l’horizon 2027 et basée sur la nouvelle plateforme STLA Small. Pour rentabiliser les programmes, il ne serait pas illusoire que des déclinaisons apparaissent au sein des autres marques du groupe italo-français.