On n’y voit que du feu. Mêmes calandres modernisées, mêmes signatures lumineuses, mêmes feux arrière à damiers de forme triangulaire reliés par un bandeau noir. Seules l’absence de contours en plastique sur les passages de roue et les poignées de portes affleurantes mettent la puce à l’oreille. La nouvelle génération de la Mini électrique n’a aucune pièce de carrosserie en commun avec les versions à moteur thermique.
Alors que ces dernières restent produites dans l’usine d’Oxford, en Grande-Bretagne, la Cooper Electric est produite en Chine, dans le cadre d’un accord entre le groupe BMW et Great Wall Motors. Résultat: le score environnemental mis en place par le gouvernement français évince cette nouvelle Mini du bonus écologique. Une situation temporaire. Le constructeur a annoncé qu’il rapatrierait la production de sa Cooper 3 portes à batterie en Angleterre à partir de 2026.
Quelle que soit la provenance de la nouvelle Mini, le charme des lignes opère toujours. C’est en prenant place à bord que l’on se rend compte que la version électrique n’a rien à voir avec ses sœurs thermiques. Le pare-brise plus incliné se traduit par une planche de bord anormalement profonde et beaucoup plus épurée qu’auparavant. En changeant de génération, la Mini s’est débarrassée d’une grande partie de son instrumentation et de ses commandes. Les cadrans face au conducteur sont ainsi remplacés par un affichage tête haute sur une lame en plexiglas, à condition d’opter pour l’un des packs optionnels. Les cadrans de gestion de la température et du flux d’air de l’air conditionné ont disparu. À la place de la barre des boutons basculeurs, on trouve un panneau intégrant la clé de contact rotative, les commandes de la transmission, des modes de conduite et de réglage du son de la radio.
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Des plastiques bas de gamme
La majorité des fonctions est concentrée dans l’écran central tactile de 24 cm de diamètre et dont l’épaisseur renvoie à celle d’un disque vinyle. Si la qualité du graphisme de l’écran est remarquable, circuler dans le système ne va pas de soi et requiert un certain apprentissage. Concernant la position de conduite, Mini nous avait habitués à mieux et il faudra tâtonner avant de trouver une posture acceptable. Ce qui va dérouter les habitués de la marque comme les nouveaux venus, ce sont les revêtements intérieurs et le traitement de certains éléments.
Une lanière en tissu relie ainsi le centre du bas du volant tandis qu’un textile imprimé recyclé appartenant à l’univers des sneakers recouvre la planche. Par ailleurs, des panneaux alvéolés en plastique bas de gamme investissent une partie des contreportes. Sur la planche, ces alvéoles s’éclairent de bleu la nuit ou dans un tunnel.Là encore, en termes de qualité perçue, le constructeur anglais recule de plusieurs cases. Pour le reste, on retrouve l’univers Mini: seulement deux places arrière à l’accessibilité étroite et un coffre de 211 litres. En basculant les dossiers de la banquette, le volume s’étend à 800 litres.
La nouvelle plateforme de la Mini se décline en deux versions E et SE. Facturée à partir de 34.000 euros, la première associe une batterie de 36,8 kWh nets (40,7 kWh bruts) à un moteur de 184 ch. Destinée à un usage essentiellement urbain, la E revendique une autonomie de 305 km, ce qui constitue déjà un net progrès par rapport aux 29,8 kWh de l’ancienne génération. Sur une borne en courant alternatif (AC), le chargeur embarqué accepte 11 kW. Par contre, la puissance de charge ne peut pas dépasser 75 kW, dans le meilleur des cas sur une borne rapide. Affiché de 38 000 à 41 530 euros (finition JCW), le modèle SE gagne en polyvalence avec sa batterie de 49,8 kWh (54,2 kWh bruts) garantie huit ans et 160 000 km.
Un kart rivé au sol
Présentés au tarif de 13.594 euros, les accumulateurs alimentent une machine électrique de 218 ch. Cette version que nous avons essayée annonce une autonomie de 402 km et 47 minutes pour récupérer 70 % de la capacité de la batterie (de 10 % à 80 %) grâce à un pic de charge pouvant atteindre 95 kW. Notre parcours d’essai ne nous a pas permis de vérifier les chiffres annoncés par le constructeur. Par contre, batterie chargée, l’ordinateur affichait un rayon d’action de 292 km. Après 140 km sur un parcours varié composé d’autoroutes et de routes sinueuses de campagne imposant freinages et relances, l’autonomie résiduelle avait fondu à 84 km (20 % de batterie), soit une consommation de 27,9 kWh/100 km. Une conduite sportive explique une grande partie de l’appétit mais un bout de route à un train de sénateur nous fera tutoyer les 20 kWh aux 100 km.
Avec 218 chevaux disponibles dès le démarrage, les accélérations toujours vigoureuses (0 à 100 km/h en 6,7 secondes) permettent de s’insérer aisément sur une voie rapide mais aussi d’effectuer des dépassements en toute sécurité. Revers de la médaille: le couple de 330 Nm ne ménage pas le train avant. Les effets de couple dans le volant sont fréquents et avec les grosses roues de 18 pouces, la Mini copie en permanence la route, nécessitant des corrections incessantes au volant. La sensation d’inconfort est renforcée par la fermeté des suspensions et une direction qui mériterait d’être plus informative.
Avec la batterie dans le plancher, qui abaisse le centre de gravité, on a vraiment l’impression de conduire un kart rivé au sol. Si le doute subsiste, il suffit d’activer la fonction «go-kart». Elle déclenche à l’accélération une sonorité rauque mais artificielle de voiture de sport et des déflagrations simulant une descente de rapports à la décélération. Cela devient assez vite envahissant, pour ne pas dire pénible. Heureusement, ce mode, comme les autres proposés, est à la discrétion du conducteur. Dans sa logique à préserver une certaine sportivité, ce qui pourra paraître déplacé sur ce type de véhicule, Mini va jusqu’à proposer huit modes de conduite, différents graphismes d’écran et quatre sonorités. Plusieurs niveaux de régénération ont été développés mais on regrettera de ne pas disposer de palettes au volant pour les activer. Cela aurait été plus pratique.
Notre avis
Les années ne semblent pas avoir d’emprise sur cette légende automobile. Il suffit d’un rien pour que la dernière génération de la Mini s’habille de modernité. Elle retrouve même l’unique cadran central de l’originale. Dans l’instant où l’on croise son regard, le charme opère. Avec la motorisation électrique, elle y ajoute l’entrain et la zénitude d’une technologie qui lui va comme un gant.
Reste que le châssis aurait mérité plus de confort et l’intérieur une qualité perçue supérieure pour nous séduire totalement. Sans compter que cette Mini électrique est pour le moment produite en Chine. Cela pourra en chagriner certains. Ils pourront se reporter sur la future Renault 5 électrique et sa déclinaison Alpine, qui entretiennent également la fibre nostalgique et qui, en termes de quotient émotionnel, pourraient emporter la mise. Réponse sous peu.
