L’époque où l’on pouvait deviner l’étiquette politique du président de la République à la marque de sa voiture est révolue. On sait que cela ne fut pas toujours le cas. On se souvient que le général de Gaulle roulait en Citroën. Il avait même commandé chez le carrossier Chapron une DS spéciale. D’une longueur de 6,53 m, cette voiture d’apparat ne ressemble plus vraiment à la berline de la firme aux chevrons. À part la face avant, tout est différent. Le pavillon de la voiture avait été rehaussé pour tenir compte de la grande taille du général. Son successeur Georges Pompidou se déplaçait aussi dans une Citroën. Il faut dire qu’à cette époque, ni Renault, ni Peugeot ne sont en mesure de proposer un haut de gamme au catalogue.
Essai Renault Rafale: https://www.lefigaro.fr/automobile/renault-rafale-l-avion-de-chasse-de-la-route-20240611
Amateur de voitures, il roulait en Porsche avant de devenir Premier Ministre, Pompidou avait poursuivi la tradition des carrosseries spéciales et avait demandé à Henri Chapron de réaliser deux SM décapotables rallongées et 4 portes. Ces voitures serviront aussi sous les mandats de Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand. Jacques Chirac sera le dernier à l’utiliser à l’occasion de la cérémonie de son investiture.
Avec l’apparition de la CX, Giscard d’Estaing remisa la DS pour se déplacer à bord de la nouvelle berline de la firme du quai de Javel. Puis, avec l’arrivée de la 604, Peugeot entrait enfin dans la cour de l’Élysée. En 1981, avec l’élection de François Mitterrand, le parc automobile de l’Élysée joue l’alternance. Équipée du même V6 PRV que la Peugeot 604 mais moins statutaire avec sa carrosserie bicorps à hayon, la Renault 30 devient le véhicule du premier président de gauche de la Ve République. Si Mitterrand est un inconditionnel de Renault pour ses voyages officiels, il préfère la CX puis la XM pour ses déplacements privés. Son successeur, Jacques Chirac est pour sa part un adepte de Citroën. Lors de la soirée de sa première élection, il traverse Paris à bord d’une CX Prestige. À la fin de son second mandat, Chirac adopte la nouvelle C6, sans aucun doute la dernière grande berline française. Elle servira encore sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Renaut n’est pas abandonné puisque l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine commande une Vel Satis rallongée. De son côté, en 2012, François Hollande installe son mandat sous les couleurs Citroën. Il défile, sous la pluie, à bord d’une DS5 hybride passablement modifiée. Le toit du crossover français a été découpé afin que le nouveau président puisse défiler debout et saluer la foule.
Depuis son premier mandat, Emmanuel Macron roule indifféremment à bord d’un véhicule de trois des marques françaises: DS, Peugeot et Renault. Ainsi, à l’occasion du défilé du 14 juillet 2024 qui se tient exceptionnellement avenue Foch, à Paris, le président de la République est apparu pour la première fois à bord du nouveau navire amiral de la flotte Renault: le SUV Rafale. L’Élysée a attendu le dernier moment pour sortir le nouveau modèle de la firme au losange qui vient de rejoindre le garage de l’Élysée. Les écuries présidentielles comptent aussi une DS7 rallongée et blindée, une Renault Espace et une Peugeot 5008.
Au regard de sa mission, le Rafale présidentiel mis à la disposition par Renault a bénéficié d’un certain nombre d’améliorations. Si pour des raisons de sécurité et de confidentialité, on ne sait pas si le véhicule bénéficie d’un blindage, le Rafale immatriculé «GY-654-AG» adopte un bleu nuit qui n’est pas au catalogue du constructeur. La calandre est ornée d’un drapeau tricolore dégradé et le bord de l’aile avant droite s’enrichit d’un porte-fanion permettant d’installer le drapeau français. Des badges aux couleurs de la France ornent également les portes. Des jantes de 20 pouces spécifiques complètent le dispositif. Quant au traitement de l’intérieur, le constructeur de Boulogne n’a pas souhaité communiquer.
