Mercedes lui doit beaucoup. De nombreux modèles à succès portent sa signature. Bruno Sacco avait intégré le design de la firme à l’étoile en 1958. De 1975 jusqu’à son départ à la retraite en 1999, il a dirigé le style de la marque. Sous son impulsion, Mercedes a changé d’image et de dimension. Né le 12 novembre 1933 à Udine, en Italie, Bruno Sacco se passionne dès son plus jeune âge pour le modélisme ferroviaire lorsque son père lui offre des trains. Sa facilité à reproduire le dessin des catalogues et brochures semble tracer un avenir artistique.
Le jeune homme se découvre une passion pour l’automobile en visitant le salon de Turin de 1951 où sont exposés les carrossiers italiens exposent des concepts. La Studebaker Commander Regal le fascine particulièrement. Désireux devenir designer automobile, il fréquente l’école polytechnique de Turin. En 1955, il est embauché par la carrosserie Ghia et en 1957, il fait un bref passage chez Pinin Farina. Mais Bruno Sacco rêve de rentrer chez Mercedes. Les exploits des monoplaces W196 aux mains de Juan Manuel Fangio et de Stirling Moss lui ont fait forte impression et il est captivé par les formes de la fameuse 300 SL à portes papillon. Il provoque la chance en demandant au consul d’Allemagne en Italie de lui organiser une rencontre avec le Karl Wilfert, responsable des essais de carrosserie Mercedes-Benz à l’usine de Sindelfingen depuis le milieu des années 1950, à l’occasion du salon de Turin 1957. Wilfert était alors en train de mettre en place le nouveau département de stylistique, dirigé par Friedrich Geiger. Le Français Paul Bracq est déjà le premier designer automobile du bureau de style. Sacco sera le deuxième. Il pose ses valises à Sindelfingen le 13 janvier 1958. La période est marquée par le développement de la W100 qui va donner naissance à la Mercedes 600 et de la W113, plus connue sous le nom de Pagode.
Au cours des années soixante, Bruno Sacco pousse la porte du département sécurité de Mercedes. Là, il va conduire le projet de véhicules expérimentaux à moteur rotatif Wankel, les C111 et C111-II présentés respectivement en 1969 et en 1970. Après cet intermède, le designer retrouve le bureau de style où il contribue à la genèse de la W123, la berline de la gamme des Classe E lancée en 1976.
Le départ à la retraite de Friedrich Geiger le propulse à la tête du bureau de style Mercedes en 1975. Il imprime sa marque, esquissant un nouveau langage formel. Sous sa direction, le style des voitures de la firme de Stuttgart adopte des formes simples. Il installe deux principes qui vont faire école: l’affinité horizontale et l’affinité verticale. La première se réfère à la cohérence du style sur l’ensemble de la gamme et la deuxième concerne l’élégance intemporelle. Les Mercedes ne doivent jamais paraître démodées.
La nouvelle Classe S (W126) présentée est le premier véhicule qui porte sa signature. Présentée en 1979, cette limousine à la ligne classique et élégante va rester au catalogue pendant 12 ans. Une longévité qui force le respect. Bruno Sacco accompagne ensuite l’élargissement de la gamme. Avec la 190 E (W201) dévoilée en 1982, Mercedes change de dimension. Le designer vedette de la firme à l’étoile a réussi à reproduire le style de la Classe S dans un format plus compact. Son œuvre est parachevée avec la berline W124 déclinée en break, coupé et cabriolet, le roadster SL W129 présenté en 1989 et resté au catalogue jusqu’en 2001. Ce roadster restera sa préférée.
C’est sous son mandat aussi que Mercedes se sera diversifié avec la Classe A, le CLK et le roadster SLK. Pour la Classe W210 de 1994, il avait fait évoluer le style avec notamment une face avant se distinguant par des feux ronds et des ailes arrondies. D’une grande honnêteté, Bruno Sacco avait admis une erreur dans son parcours exemplaire: la Classe S W140 de 1992. Comme la presse et les automobilistes, il la trouvait difforme. Son dérivé coupé SEC ne fut guère plus gracieux.
Le 31 mars 1999, il prenait une retraite bien méritée. Peter Pfeiffer lui succédait en tant que designer en chef de Mercedes-Benz. Bruno Sacco a reçu le doctorat honorifique de l’Université d’Udine en 2002, il a été admis en 2006 à l’Automotive Hall of Fame de Dearborn, Michigan, et en 2007 à l’European Automotive Hall of Fame à Genève.