L’engagement de l’industrie automobile à atteindre la neutralité carbone entre 2040 et 2050 commence à revêtir une réalité tangible chez certains constructeurs. C’est ainsi que Renault donne rendez-vous au Mondial de l’Automobile qui se tient à Paris, porte de Versailles, du mardi 15 octobre au dimanche 20 octobre. Le constructeur de Boulogne y présente, en première mondiale, un concept de voiture électrique qui se veut un bouquet de recettes et de solutions technologiques permettant d’atteindre l’objectif zéro carbone dès 2040 en Europe.
Cela va sans doute faire plaisir à ses réfractaires, l’étude Renault montre que l’avenir n’appartient pas forcément au SUV. Pour répondre à l’enjeu majeur de l’autonomie des véhicules électriques, les silhouettes devront, demain plus que jamais, gagner en fluidité. L’aérodynamique va retrouver ses lettres de noblesse. Pour réduire la pénétration dans l’air, la berline revient à l’ordre du jour. Nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements mais tous les constructeurs travaillent le sujet dans le secret de leurs bureaux d’études. En collaboration avec 20 partenaires, experts dans leur domaine, les ingénieurs et les designers de Renault ont entièrement repensé la manière de concevoir et produire un véhicule. À travers un arsenal technologique et esthétique inédit, le constructeur a réussi à abaisser les émissions de CO2 de 90 % par rapport à aujourd’hui, sur l’intégralité du cycle de vie, c’est-à-dire de la conception à la fin de vie du véhicule, plus communément appelé «du berceau à la tombe». On rappellera que l’Union européenne a introduit un biais en se fondant uniquement sur les émissions à l’échappement pour décider l’interdiction de la vente de véhicules thermiques en 2035.
Chez Renault, cette réflexion prend la forme du concept Emblème. Ce véhicule qui annonce le style des prochaines Renault renouvelle avec maestria le genre de la berline. Autour d’une longueur de 4,80 mètres de long dont 2,90 m d’empattement et d’une hauteur de 1,52 m, à peine de 20 mm de plus que la Mégane E-Tech Electric, les équipes de Gilles Vidal ont imaginé des lignes galbées récompensées par un Cx aérodynamique de 0,25. Grâce à l’évolution des technologies d’éclairage, les designers ont pu imaginer un nouveau regard perçant reposant sur une fine lame qui intègre deux doubles diodes rectangulaires.
Suivant une mode qui a investi le secteur, le losange qui trône fièrement au milieu de la calandre est éclairé. Mais l’essentiel du travail des designers a porté sur des solutions contribuant à abaisser de quelques points le coefficient de traînée (S.Cx). C’est ainsi que les rétroviseurs sont remplacés par des caméras, les essuie-glaces avant sont cachés sous le capot, les poignées de porte sont creusées dans la carrosserie. L’Emblème y ajoute un fond plat comme en Formule 1, des jantes pleines, un diffuseur arrière actif, un capot sculpté doté d’ailettes et d’ouïes d’air et des flancs largement creusés et débouchant sur des grandes prises d’air derrière le passage de roue avant.
De profil, la silhouette renvoie à une berline mêlant les influences du fastback et du shooting brake. La poupe représente la partie la plus originale de la voiture avec un becquet sous la lunette arrière très incliné. Il loge en partie les feux en 3D.
L’habitacle n’a pas encore révélé ses innovations mais Renault a usé de toutes les recettes pour supprimer quasiment l’empreinte carbone. Les matériaux employés sont ainsi recyclés et recyclables.
La motorisation est aussi inédite. Les ingénieurs du Technocentre ont retenu la solution d’une bicarburation électrique avec d’une part une batterie de 40 kWh alimentant une machine électrique à rotor bobiné de 160 kW se dispensant du recours aux terres rares et de l’autre d’une pile à combustible alimentée à l’hydrogène. Le réservoir peut contenir 2,8 kilos d’hydrogène sous forme gazeuse. Il autoriserait une autonomie de 350 km. Renault avance que sur un voyage entre Paris et Marseille, 75 % de l’électricité consommée par le véhicule est produite par la pile à combustible, sans autre rejet que de l’eau. Le temps de parcours serait équivalent à celui d’un véhicule thermique puisque faire le plein d’hydrogène ne demande pas plus de temps qu’un plein d’essence. Sur l’ensemble du cycle de vie de la voiture, en intégrant les usines tournant à l’énergie renouvelable, seulement 5 tonnes de CO2 seraient produites. Pour mémoire, une Mégane rejette environ 24 tonnes de CO2 selon les résultats de l’analyse du cycle de vie.