C’est un petit miracle à la française. Alors que la plupart des salons dans le monde ont perdu de leur superbe au cours des dix dernières années, lorsqu’ils n’ont pas tout simplement disparu du paysage comme celui de Genève, le Mondial de l’automobile fait mieux que résister. À l’occasion de la 90e édition, qui ouvre ses portes au public demain, porte de Versailles, à Paris, il retrouve des couleurs.
Certes, on se doute qu’il ne retrouvera jamais son lustre d’antan, mais, dans notre climat ambiant éminemment autophobe, le retour d’acteurs de premier plan est déjà une première victoire. Tous les constructeurs ne sont pas présents – les Japonais notamment boudent la manifestation – et certains ne remettront sans doute jamais les pieds au sein de ces grands-messes, mais le public attendu nombreux à la porte de Versailles, à Paris, aura de nombreuses occasions de s’extasier et de rêver. Plus de cinquante nouveaux modèles et concept-cars sont exposés, pour la plupart en première mondiale ou européenne. Voilà bien longtemps que l’industrie automobile ne nous avait pas gratifiés d’un tel feu d’artifice de nouveautés.
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Nul doute que certains visiteurs s’étonneront du choix des exposants de privilégier la présentation de leurs modèles électriques. Une partition jugée restrictive par rapport à la photographie du marché – les véhicules hybrides hors technologie rechargeable figurent en tête du hit-parade des ventes devant les modèles à essence -, mais on ne saurait dénier aux constructeurs de jouer le jeu et d’être au rendez-vous de la révolution écologique.
Une tribune d’une filière sous pression
En dépit d’une offre importante et de plus en plus attractive de voitures à batterie développée à marche forcée, la majorité des consommateurs peinent encore à les adopter. Depuis le début de l’année, les immatriculations européennes de véhicules zéro émission patinent et les perspectives ne sont guère encourageantes, alors que le durcissement des normes Cafe (Corporate Average Fuel Economy) d’émissions de CO2 commande d’accélérer leur part de marché. Les conditions actuelles ne permettraient pas de franchir la marche importante que l’Union européenne impose à la filière, dès l’an prochain.
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Dans ce contexte, le Mondial de l’automobile va être bien plus qu’un salon. Il va servir de tribune à l’ensemble d’une filière sous la pression des ambitions écologiques de l’Union européenne et de la conquête des constructeurs chinois.
Cette manifestation est l’occasion de rappeler que les Français et les Européens nourrissent une véritable passion pour l’automobile. Facteur d’émancipation et de liberté individuelle, elle accompagne les progrès de la société depuis plus d’un siècle. Faute de trouver d’autres moyens de mobilité, l’automobile, n’en déplaise aux chantres de la décroissance, tout le monde ne peut pas encore s’en passer.