À en croire les premiers résultats des ventes de la Monterey Car Week réussissant les plus grands collectionneurs de la planète et dont le poids d’orgue est le concours d’élégance organisé le dimanche 21 août sur les pelouses de Carmel, en bordure du Pacifique, le marché américain de la voiture de collection est vraiment à part. Alors qu’il a semblé marquer une pause en Europe ces derniers mois, rien ne semble l’arrêter aux États-Unis. À moins que la Monterey Car Week doive être considérée comme une parenthèse? Toujours est-il que dans le contexte particulier de la semaine californienne, des collectionneurs ont été capables de mettre des sommes astronomiques sur la table pour acquérir des joyaux de l’histoire de l’automobile.
Dès le vendredi soir, chez RM Sotheby’s, le ton était donné avec l’enchère record réalisée par une Jaguar Type D de 1956 adjugée 21,78 millions de dollars, soit19,23 millions d’euros au cours en vigueur. Pendant près d’un
quart d’heure, l’acquisition de cette automobile de légende a donné lieu à une bataille homérique entre quatre amateurs. Finalement, le plus opiniâtre a remporté le lot en déboursant une somme à peine supérieure à l’estimation basse. Il n’empêche: la biplace Sport du constructeur de Coventry devient la voiture anglaise la plus chère du monde! Depuis décembre 2015 et la vente publique organisée par RM à New York, c’est l’une des dix-neuf Aston Martin DB4 GT Zagato qui était la voiture anglaise la plus chère du monde à 14,3 millions de dollars.
N’allez pas en déduire que toutes les Type D valent ce prix-là. Portant le numéro de châssis XKD 501, l’exemplaire présenté par la maison anglo-saxonne présentait des états de service impressionnants. Engagée en compétition sous la bannière de l’Ecurie Ecosse, la biplace bleu nuit à parement blanc immatriculée «MWS301» a remporté l’édition 1956 des 24 Heures du Mans avec la paire Ron Flockhart et Ninian Sanderson. L’exploit de ces deux pilotes écossais, peu connus du grand public, n’est pas mince. Leur Type D n’était pas la favorite d’une épreuve marquée par la présence des écuries officielles Aston Martin, Ferrari et Jaguar.
Profitant des déboires des favoris, la biplace bleue nuit XKD 501 bien aidée par la fiabilité de la mécanique, le sans-faute des pilotes et un rythme de métronome se propulsait sur la plus haute marche du podium de la course mancelle. C’était l’avant-dernière victoire d’une Type D dans la Sarthe. L’année suivante, Ron Flockhart associé à Ivor Bueb propulsait une nouvelle fois une Type D de l’Ecurie Ecosse sur la plus haute marche du podium. A son tableau de chasse, la Type D XKD 501 a ajouté d’autres épreuves annexes avant de s’offrir une retraite bien méritée en 1957. En 1999, elle changeait de continent et rejoignait la collection d’un amateur américain. Restaurée et préservée aussi belle qu’au premier jour, cette biplace de course s’est avérée un juteux investissement. Mais, la Jaguar n’est pas la seule à avoir fait miroiter les plus grands collectionneurs de la planète. Un passionné de Cobra n’a ainsi pas hésité à débourser 13 750 000 dollars (12 142 450 €) pour acquérir la première AC Cobra produite. Répertoriée sous le numéro de châssis CSX 2000, ce roadster anglo-américain a été la voiture personnelle de Carroll Shelby, le fondateur de la marque. Cédée par le «Carroll Hall Shelby Trust», la Cobra devient la voiture américaine la plus chère du monde. D’autres véhicules proposés lors des nombreuses ventes de Monterey ont déchaîné les passions. Nous reviendrons plus en détail dans les prochains jours sur les résultats. On peut d’ores et déjà noter que la maison Giooding &Company a vendu la Ferrari 250 GT California châssis long compétition pour une enchère de 18 150 000 dollars (16 027 861 €) et une Ferrari 250 GT Passo Corto Competizione de 1960 pour 13 500 000 dollars (11 921 578 €).