Le «dieselgate» de , le scandale des moteurs diesels truqués aura laissé des traces. Il joue clairement le rôle d’accélérateur du changement au sein du groupe VW. Phénomène impensable voici encore quelques années pour le groupe allemand, l’état-major entièrement renouvelé de VW a décidé de concentrer ses efforts sur le développement de la mobilité du futur avec la volonté affirmée de devenir leader mondial en matière de solutions de mobilité durable. Autant dire une révolution pour un groupe qui s’est modelé une image de gardien de la voiture sportive et luxueuse autour de quelques pépites comme Audi, Bentley, Bugatti et Porsche. Mais depuis la révélation du scandale, le groupe allemand n’a pas d’autre choix que d’endosser les habits du roi de l’exemplarité en se donnant un vernis vert.
À la veille du salon de Genève, le groupe allemand reçoit, comme à la maison, ses amis journalistes triés sur le volet et ses cadres haut gradé. Sur la scène, où un an plus tôt, le discours de Matthias Müller, le président du groupe Volkswagen, avait tourné à l’acte de contrition suite à la révélation du scandale des moteurs diesels truqués, l’heure est clairement à l’offensive. Pour les moteurs débordant de puissance, les châssis capables d’encaisser plusieurs G dans les courbes et les freins en carbone-céramique, il faudra revenir plus tard. Le groupe VW s’est engagé avec la fougue d’un jeune premier sur le terrain à défricher de la mobilité durable. Et il a bien l’intention de prendre l’avantage. L’ex-patron de Porsche, réputé pour être un passionné de voitures de sport, martèle son discours. «Le développement de la mobilité électrique va se poursuivre à un rythme soutenu: plus de 30 véhicules purement électriques seront lancés d’ici 2025. Outre le nouveau domaine des solutions de mobilité, la technologie des batteries, la conduite autonome et l’intelligence artificielle deviendront de nouvelles compétences chez Volkswagen», assure-t-il. Pour maîtriser toutes ces nouvelles compétences, VW s’appuie sur pas moins de 37 centres de compétences et laboratoires répartis aux quatre coins du monde, de San Francisco à Berlin, en passant par Pékin. En septembre de l’année dernière, le groupe VW a créé MOIA, la treizième marque de son portefeuille. La raison sociale de cette nouvelle entité: fournisseur de mobilité.
Sedric, mot-valise de Self Driving Car
De la parole aux actes, il n’y a qu’un pas que l’ingénieur n’hésite pas à franchir. Il sort de sa poche un boitier pas plus volumineux qu’une clé USB et appuie sur le bouton. L’assemblée médusée n’en croit pas ses yeux. Elle retient son souffle. Le spectacle est digne d’un film de science-fiction. Un engin blanc et carré émerge de la pénombre, s’avance sur la scène. Dans le silence de sa propulsion électrique. Il s’arrête à deux pas de Matthias Müller. A l’intérieur, il n’y a personne. On pense à Lucky Lucke sifflant sa jument Jolly Jumper. Sauf qu’ici, il s’agit d’une automobile. Ou plutôt de Sedric, l’acronyme de Self Driving Car, la première voiture entièrement autonome du groupe VW. En fait de voiture, la silhouette de Sedric s’apparente à celle d’une cabine de téléphérique ou de funiculaire. Les roues sont carénées. L’avant et l’arrière largement vitrés sont identiques. Sedric comporte ni volant, ni pédalier, ni planche de bord. Il fonctionne de manière totalement autonome. Ce véhicule nous projette dans le monde de la conduite autonome de niveau 5, la plus évoluée. Miracle du bouton, Self vous a identifié. Les deux portes vitrées coulissent de chaque côté. L’espace intérieur généreux profite d’un empattement identique à celui de la citadine Up!. L’habitacle a été agencé pour accueillir quatre personnes en face-à-face. Le bouton fait le lien entre l’utilisateur et Sedric. Une simple pression sur le bouton et Sedric rapplique. La télécommande indique même son heure d’arrivée.
Sedric vous emmène où vous voulez, quand vous voulez
Les ingénieurs de VW ont même pensé aux personnes à la vue déficiente en prévenant de l’arrivée de Sedric par des signaux de couleur et vibratoires. L’imagination est au pouvoir avec ce véhicule autonome et connecté, pouvant être proposé en libre-service. On peut imaginer qu’il fonctionne de manière indépendante. Grâce à son intelligence artificielle, à sa batterie de radars et de lasers à télédétection (LIDAR), il est capable d’analyser tout ce qui se passe autour de lui et de prévoir toutes les situations. Après avoir déposé vos enfants à l’école, il pourra aller chercher les courses que vous avez commandées au supermarché, récupérer des vêtements chez votre teinturier et effectuer d’autres missions, avant de revenir chercher vos enfants à la sortie de l’école. La communication avec Sedric passe par les commandes vocales. On peut lui parler pour lui indiquer ce que l’on attend de lui: destination, trajet préféré, besoin d’effectuer une courte pause. À bord, on peut choisir de se reposer, de lire, de consulter ses mails ou de visionner un film sur un grand écran. Bref, Sedric est vraiment l’ami qui vous veut du bien. Ce véhicule qui entend révolutionner la mobilité individuelle n’est pas pour demain. Conçu comme une plateforme d’idées au sein de laquelle chaque marque du groupe VW pourra puiser, Sedric donne toutefois un aperçu de ce que nous réserve l’automobile d’après-demain.