Lorsque vous descendez de votre scooter pour chevaucher la Spirit de Bullit, il faut vous attendre à vivre une nouvelle expérience. Votre position de conduite se compare à celle du jockey au galop: le buste courbé en avant et les jambes en arrière. Pour celui qui n’en a pas l’habitude, cette posture peut vite s’avérer fatigante. Mais au premier feu, le sourire bienveillant des motards signifiera votre appartenance à leur tribu. Cette attitude ô combien gratifiante découle d’un look d’enfer qui renvoie aux café-racers d’antan, type Triumph Thruxton. L’esprit «old school» transpire à travers le design dépouillé qui se distingue par l’absence de bulle, la selle monoplace, le guidon bracelet monté sur les tubes de la fourche inversée et l’échappement conique courant sur le côté droit. La teinte vert anglais ajoute une touche sixties à cet engin qui surfe sur la vague des petites motos en vogue actuellement sur le marché. De nationalité belge, comme son nom ne l’indique pas, la marque Bullit chasse sur les mêmes terres que Mash, Orcal et Icône notamment. À l’instar de toutes ces machines, la Spirit est fabriquée en Chine. Cela permet de rouler des mécaniques sans se ruiner. Ce café-racer vaut moins cher qu’un scooter: 2 799 euros.
Lorsque la horde sauvage s’extirpe du feu, la Spirit vous ramène à la réalité. Alors que les grosses cylindrées sont déjà propulsées au feu suivant dans un grondement puissant, notre café-racer décolle seulement. C’est que ce monocylindre 4-temps à injection électronique d’origine Suzuki ne cube que 125 cm3. Avec seulement 11,6 ch disponible sous la poignée droite, il ne faut pas s’attendre à des miracles. En contrepartie, la Bullit est accessible aux possesseurs d’un permis B. Les accélérations sont moyennes et le moteur donne l’impression de mouliner à l’approche des hauts régimes. Son installation dans le cadre n’est pas non plus optimale et il se caractérise par des vibrations importantes. Avec cette machine, l’expression «le nez dans le guidon» prend tout son sens. Émoustillé par la position du motard en recherche de vitesse, on ne se lasse pas de pousser chacun des cinq rapports juste à la zone rouge, dans le vacarme des détonations du modeste 125. Un coup d’œil sur le cadran faisant office de tableau de bord: la Bullit plafonne à 90 km/h. Peu lisible et rudimentaire, cet équipement gâche un peu le tableau de cette moto au look vintage mais équipée d’un démarreur électronique.
Au guidon, grâce à son poids plume et à son petit gabarit, la Spirit étonne par son agilité et sa capacité à se frayer un passage dans un trou de souris. Le confort de la suspension et de la selle participe aux bonnes sensations. Le freinage assisté reposant sur des disques assure des décélérations puissantes.
Si la Spirit n’a pas la praticité d’usage d’un scooter, son look vintage vaut bien quelques concessions, d’autant que le tarif est vraiment abordable. Moto des beaux jours, la Spirit vous donnera en prime l’impression d’appartenir à la clique des motards. Un atout vraiment flatteur.