La Renault Clio n’est pas une automobile comme les autres. Depuis 29 ans, ses concurrentes la regardent comme le modèle à imiter et les acheteurs de citadines comme le modèle à posséder. Depuis 1990, elle a séduit 15 millions de clients à travers le monde. Phénomène exceptionnel: la quatrième génération, née en 2012, n’a jamais vu ses ventes décliner au cours de sa carrière, malgré l’engouement croissant des automobilistes pour les SUV. La Clio a encore occupé en 2018 la tête du hit-parade des immatriculations françaises et la deuxième place du podium européen. Dans ces conditions, passer le relais à la cinquième génération est une opération à haut risque. Renault est placé devant une double équation: ne pas décevoir sa clientèle et résister à la concurrence qui continue de rehausser le niveau de prestations de ses véhicules. Peugeot prépare en coulisses une nouvelle 208 qui rêve de croquer la Clio.
Évoluer sans trahir l’esprit de la lignée, telle est le cahier des charges qui s’est imposé aux concepteurs de la cinquième génération de la Renault Clio présentée pour la première fois au public à l’occasion du salon de Genève début mars et commercialisée à partir du mois de juin. Alors que la Clio V inaugure la plateforme CMF-B de l’Alliance Renault-Nissan ouvrant la voie à l’électrification, le style extérieur évolue en douceur mais gagne en expressivité. Côté dimensions, elle met fin à la fuite en avant. La longueur régresse de 14 mm (4 048 mm) et la hauteur s’abaisse jusqu’à 30 mm (1 440 mm) pour gagner en aérodynamique et en sportivité. Les voies arrière sont plus étroites, d’où le léger effet de cintrage que l’on peut observer en regardant le véhicule. Au passage, les visiteurs du salon de Genève découvriront que la Clio V intègre désormais un minuscule essuie-glace côté droit. On sait déjà que le passager avant devra se satisfaire d’une grande surface non nettoyée, en haut du pare-brise.
La nouvelle Clio est toujours reconnaissable entre mille mais les rondeurs s’effacent au profit de lignes tendues. Les projecteurs à LED se dotent d’une nouvelle signature lumineuse qui évoque celle des modèles haut de gamme du Losange. Le capot avant gagne des nervures et le bouclier avant des prises d’air acérées. Avec ses feux arrière affinés et présentant un motif 3D, la Clio paraît plus statutaire. C’est tout le sens également du travail mené dans l’habitacle. L’équipe de Laurens van den Acker a travaillé dans deux directions: gommer l’image de piètre qualité de la quatrième génération et engager la révolution numérique. Le défi a été parfaitement relevé. L’ambiance intérieure de la Clio V fait oublier les errements de sa devancière. La qualité perçue se hisse au niveau des références du segment comme nous avons pu le constater sur un modèle de présérie dévoilé aux membres du jury de la voiture de l’année (Coty).
Exit donc les plastiques injectés de la Clio IV. La Clio V se convertit aux plastiques moussés (thermogainés), notamment pour la coiffe de la planche de bord désormais systématiquement noire pour éviter les reflets dans le pare-brise. Les designers ont soigné tant le choix des matériaux que l’harmonie des couleurs, plus sobres, et l’exécution. La climatisation ne se pilote plus depuis l’écran central mais depuis des molettes rotatives dont le dessin et le toucher font référence à l’univers du luxe. Le résultat est élégant et renvoie à des véhicules de la catégorie supérieure. L’ergonomie a aussi fait l’objet d’un soin particulier. La console centrale est surélevée et toutes les commandes tombent sous la main grâce notamment à un levier de vitesses raccourci. Elle intègre la recharge par induction du smartphone. La Clio profite du changement de génération pour gagner quelques précieux litres de rangements. La boîte à gants plus profonde augmente sa capacité de 4 litres (26 l). Les bacs de portières voient leur volume passer de 4 à 6 litres.
Quant au coffre, outre son ouverture de hayon élargie, il dispose désormais d’une contenance de 391 litres, au lieu de 330 litres précédemment. Le dos des sièges avant creusés permet aux passagers arrière de gagner 2,6 cm d’espace aux jambes. Le centre de la planche est occupé par une grande tablette tactile rapportée, positionnée verticalement et orientée vers le conducteur. Selon les versions, elle est plus large que celle de l’Espace, sa diagonale variant de 7 à 9,3 pouces. Le système Easy-link bénéficie d’une nouvelle interface plus facile à piloter et d’une dalle haute définition qui contribue à relever le statut de la Clio. Il suffit d’un clic pour passer d’un mode à l’autre ou pour changer d’écran. Chaque Clio disposera d’une puce 4G permettant pendant les trois premières années les mises à jour à distance gratuitement du système et de la cartographie Tomtom. De son côté, le conducteur dispose d’un bloc d’instruments 100 % numérique. Sa taille varie de 7 à 10 pouces selon les versions. Cet écran personnalisable offre plusieurs modes d’affichage et, comme chez les constructeurs haut de gamme, la navigation du GPS peut s’inscrire au centre de la fenêtre.
L’impression de qualité sera prégnante à bord de la version Initiale qui se dote de coordonnées de couleurs particulièrement raffinés (noir ou gris sable) et de sièges en cuir matelassé au design spécifique. Le lancement de la Clio V est prévu mi-2019. Elle trouvera sur son chemin la prochaine Peugeot 208 qui espère bien lui ravir le titre de voiture préférée des Français.