Qui n’a pas encore électrifié sa gamme? Un certain silence risque de se faire entendre en réponse à cette question dans les allées du Salon de Genève, qui ouvre ses portes ce matin aux professionnels et jeudi prochain 7 mars pour dix jours au public. La vague électrique a pris cette année l’allure d’une déferlante. Plusieurs raisons expliquent cet engouement. Tout d’abord, le «dieselgate» a durement écorné l’image d’un gazole pourtant longtemps présenté comme «propre» car moins émetteur de CO2 que l’essence. Dès lors, rien d’étonnant à ce que les marques les plus investies dans le diesel se tournent vers l’électrique afin de «verdir» leur image. Mais le véhicule électrifié possède d’autres vertus. En fonctionnant de concert avec le traditionnel groupe thermique, le moteur électrique constitue un bon moyen de diminuer les rejets de CO2, dont l’Europe est devenue le sévère comptable. Et si l’accumulateur de la voiture se recharge, elle peut alors circuler plusieurs dizaines de kilomètres en mode strictement électrique. Elle sera aussi autorisée à pénétrer dans les centres-villes, dont les engins «thermiques» vont se voir de plus en plus souvent bannis.
Peugeot a retenu cette motorisation hybride rechargeable (ou PHEV, pour Plug-in Hybrid Electric Vehicle, en anglais) pour sa 508 avec un modèle «Sport» développant 400 ch. Le Lion présentera aussi une version e-208 strictement électrique de sa nouvelle citadine. Audi dévoilera également à Genève son SUV Q4 e-tron purement électrique. Mais la marque aux anneaux va surtout lancer sur les bords du lac une véritable offensive dans l’hybride rechargeable avec quatre de ses modèles (Q5, A6, A7 et A8), qui adoptent cette technologie.
Côté allemand encore, grâce à Volkswagen (VW), Steve McQueen n’emmènera plus Faye Dunaway sur les dunes dans un pétaradant buggy, mais dans un ID. Buggy électrique capable de rouler en silence à 160 km/h sur une plage de la côte Est. Chez Seat, filiale de VW, l’offensive électrique prend le nom d’el-born, une sorte de crossover capable de faire le plein d’électricité en exactement 47 minutes, selon ses concepteurs. Le constructeur espagnol a précédé ce lancement voici quelques jours en dévoilant un quadricycle Minimo proche du Twizy de Renault. Cupra, devenu une marque, montrera à Genève son Formentor, un hybride rechargeable affichant une puissance combinée de 245 ch. Skoda, autre filiale de VW, prend pied de son côté avec le Vision iV, un concept de coupé 4 portes 100 % électrique doté de deux moteurs développant 306 ch. Le label tchèque promet une autonomie de 500 km et une récupération de 80 % de celle-ci en 30 minutes.
Polestar, la marque électrique sportive de Volvo, sera présente à Genève avec une numéro 2 clairement rivale de la Tesla Model 3. Pininfarina, lui, joue dans le registre de la démesure avec une Battista totalement électrique dont les quatre moteurs développent pas moins de 1 900 ch pour 2 300 Nm de couple. Promis pour 2020, ce bolide produit à seulement 150 unités sera capable de performances de Formule 1 avec un 100 km/h atteint en moins de deux secondes! Chez Aston Martin, il a été décidé de relancer la marque Lagonda pour commercialiser des véhicules de luxe zéro émission. Le Concept Vision annonce le design de la marque et le premier des deux modèles lancé en 2021.
L’Asie ne sera pas absente de ce concert de nouveautés. Le coréen Kia entretient le mystère sur un concept car exclusivement électrique qu’il dévoilera au cours du salon, tandis que son e-Soul fera ses débuts européen à Genève, tout comme la Nissan Leaf e+. Honda, avec une e Prototype 100 % électrique, présente un petit véhicule urbain rappelant ses fameuses N 360 et N 600 des années 1960-1970, mais doté des technologies dernier cri, à commencer par un tableau de bord digital. Reste à savoir maintenant comment sera produite l’électricité nécessaire à faire rouler tous ces véhicules, et de quelle manière on se la procurera, et à quel coût. Mais ceci est un autre débat.