Le groupe Volkswagen est-il dans l’incantation ou dans la surenchère quand il annonce avoir revu à la hausse son offre de véhicules électriques? Au lieu des 50 initialement, le groupe allemand prévoit à présent de lancer 70 modèles de véhicules électriques d’ici 2028. Le constructeur chercherait à se racheter d’avoir plongé l’industrie automobile dans la tourmente en 2015 avec le scandale de ses moteurs diesels truqués qu’il ne procéderait pas autrement. Il a annoncé aujourd’hui avoir changé de braquet, ambitionnant de viser la «décarbonisation» totale d’ici 2050. Une façon de tirer un trait définitif sur le dieselgate qu’il semble traîner comme un fil à la patte. Pour les dix prochaines années, ses prévisions de production sur les plateformes du groupe sont passées de 15 à 22 millions de véhicules électriques. Herbert Diess, le président du groupe, a annoncé que «le changement entrepris chez Volkswagen va être radical. Nous avons décidé d’assumer la responsabilité des tendances clés de l’avenir, particulièrement en ce qui concerne la protection du climat.»
Ce programme d’envergure nécessite un investissement de 44 milliards d’euros. Il va permettre de réduire de 30 % l’empreinte en CO2 de la flotte de véhicules du groupe par rapport à celle de 2015. D’ici 2023, une première tranche d’investissement représentant tout de même 30 milliards a été prévue pour électrifier une grande partie du portefeuille produits de ses marques. VW a pronostiqué que la part des véhicules électriques au sein de son parc atteindra au moins 40 % d’ici à 2030. Les premiers véhicules de nouvelle génération vont entrer en production cette année. Ce sera le cas de l’Audi e-Tron, de la Porsche Taycan dont plus de 20 000 unités ont déjà été réservées, de la Volkswagen ID. D’autres vont suivre très rapidement: VW ID Cruzz, Seat el-Born, Skoda Vision E, ID Buzz, ID Vizzion. Cette véritable déferlante soulève de nombreuses questions? Les automobilistes seront-ils prêts à se convertir à l’électricité? La technologie des batteries permettra-t-elle d’augmenter le rayon d’action des véhicules et surtout de se recharger plus vite? L’indépendance technologique va-t-elle être garantie ou dirigeons-nous vers un transfert du pouvoir vers l’Asie? Le groupe Volkswagen compte beaucoup sur le déploiement du réseau de recharge Ionity dont il est l’un des partenaires. Ionity compte installer 400 stations de charge rapide le long des principales routes et autoroutes européennes d’ici à 2020. En Allemagne, avec une centaine de stations, les automobilistes disposeront d’un point de charge tous les 120 kilomètres.
Pour réduire ses coûts et réaliser des économies d’échelle, le groupe Volkswagen a annoncé lors du salon de Genève sa décision d’ouvrir sa plateforme modulaire électrique (MEB) à d’autres constructeurs. Un premier partenaire s’est signalé, la société e.GO va recourir à la plateforme MEB pour produire des véhicules électriques en série limitée.