Qui faut-il croire? Le constructeur, le vendeur, le technicien chargé des homologations? En matière d’autonomie d’un engin électrique, le plus simple est de ne faire confiance à personne. Et le scooter Silence S01, qui débarque en France en provenance directe d’Espagne, n’échappe pas à la règle. Cela ne sert à rien de pinailler sur les 100 kilomètres minimum, et 147 kilomètres maximum, promis par son constructeur, tant son autonomie dépend du style de conduite.
Une chose est sûre, ce deux-roues électrique ne ressemble à aucun autre avec sa (grosse) batterie totalement amovible et donc rechargeable sur n’importe quelle prise, grâce à un astucieux système qui la transforme en une sorte de valise à roulettes. Habitants des étages supérieurs dans un immeuble sans ascenseur, passez votre chemin, mais, pour les autres, le S01 présente de nombreuses qualités et quelques défauts.
Dans le domaine, signalons tout de suite sur ce modèle d’essai de première génération des rétroviseurs un peu courts n’offrant pas une vision claire derrière le conducteur, une selle trop ferme (notamment pour les pavés parisiens) et un rayon de braquage réduit. Le coffre sous la selle rechignait aussi à s’ouvrir. Sous cet espace permettant de loger deux casques est fixée la batterie. Le maniement de ce gros cube de 30 kg, d’une capacité de 5,6 kWh, s’effectue aisément dans le sens «départ» comme «retour». Une application smartphone (perfectible) permet de vérifier à distance le taux de chargement de la batterie, qui se refait une santé complète en cinq heures.
Au guidon, le S01, au contraire de nombreux de ses collègues électriques, affiche sur le compteur digital très lisible le nombre de kilomètres restant avant de devoir passer à la prise. Et d’une simple pression du doigt, on sélectionne l’un des trois modes de conduite proposés: Eco (vitesse limitée à 70 km/h), City (85 km/h, le meilleur compromis) et Sport (100 km/h). Comme tous les véhicules électriques, le S01 délivre une puissance bluffante au démarrage. À tel point que cet équivalent 125 cm3 rivalise avec de bien plus gros calibres lorsque le feu vert lâche les fauves. Le tout dans un silence total.
De nombreux atouts
Dans un Paris loin d’être libéré en matière de circulation en ces jours de grèves, l’agilité (et la petite largeur) du scooter espagnol fait merveille. Plus proche du format du PCX que du Forza Honda, avec une prise en main sans souci et un équilibre rapide à maîtriser, il permet à son pilote de se faufiler bien mieux qu’à la barre des grosses unités à essence. Ce qui ne l’empêche pas d’accueillir sans crainte un grand conducteur et son passager. Ce dernier devra se satisfaire d’une selle bizarrement inclinée.
Reste qu’avec sa vitesse de pointe impressionnante (100 km/h), son autonomie «tournant autour» des 100 kilomètres, son look (apprécié) de vrai scooter, sa finition tout à fait correcte, ses bons freins à disque (agrémentés du système CBS, on ne s’emballe pas, rien à voir avec l’ABS), ses pneus Michelin, sa marche arrière, son porte-smartphone intégré et son originale batterie (garantie 1000 charges et quatre ans, qui peut aussi se recharger en restant à bord), le Silence S01 empile de nombreux atouts qui peuvent donner envie aux usagers (notamment urbains) de se laisser séduire par la fée électricité.
Tout a un prix, évidemment. L’espagnol s’affiche à 6999 euros (à déduire 900 euros d’aide de l’État et d’autres subventions en fonction des régions), soit bien moins cher que le BMW C-Evolution, la référence d’une autre classe. En bon européen qu’il est (hormis des pièces du moteur et de la batterie), il constitue un bon compromis entre l’exception germanique et la profusion asiatique.
La société Silence ne possédant pas encore de magasin en France, le Silence S01 se trouve et s’essaye chez des revendeurs indépendants, comme Urban 360 à Paris (https://store.urban360.com).