L’annulation du salon Rétromobile en raison de la pandémie de Covid-19 a privé le grand public d’une superbe rétrospective de la Renault 4, qui souffle cette année ses 60 bougies. C’est bien dommage: cette voiture populaire peut être considérée comme la première «voiture à vivre» de la firme boulonnaise. Pierre Dreyfus, le patron de la Régie Renault, a le sens de la formule. «Faites-moi un volume», souffle-t-il à son directeur du bureau d’études.
Féru de sociologie, il a perçu les évolutions de la société, notamment l’exode rural nourrissant de nouveaux besoins de mobilité et le rôle grandissant de la femme. Il faut inventer une voiture polyvalente, de tous les usages: aussi à l’aise à la ville qu’à la campagne, la semaine que les week-ends. Une voiture que Dreyfus compare à un blue-jean. La Renault 4 doit être à l’image de ce vêtement «que l’on peut porter en toutes circonstances si l’on n’a pas de prétention au snobisme et au conformisme social, qui vous rend tous les services, qu’on traîne partout, qui ne coûte pas cher, qu’on peut remplacer sans se sentir dépaysé».
Séduire une clientèle féminine
Baptisée projet 350 en référence à son prix qui ne doit pas dépasser 350 000 francs, la R4 fait entrer Renault dans une ère moderne. Sous une silhouette bicorps à hayon, ce véhicule populaire est une traction propulsée par le 747 cm3 de la 4 CV. Le plancher plat offre un grand volume de chargement ; les deux longues barres de torsion disposées l’une derrière l’autre entraînent une différence d’empattement (+ 48 mm à droite).
Pour séduire la clientèle féminine, Renault prête à des conductrices, en coopération avec un magazine de mode, des véhicules habillés d’un élégant décor «façon cannage», vert ou rouge. Ce modèle intègre le catalogue en 1963 sous l’appellation «Parisienne». Déclinée aussi en fourgonnette pour les professionnels, la 4L va rester près de trente-deux ans au catalogue. Plus de 8 millions d’exemplaires seront produits durant sa carrière. Chapeau!