Tremblement des paupières, bâillements répétés, coups de volant intempestifs: il est temps de s’arrêter. Ce sont les expressions d’une perte de concentration et d’un début de somnolence. Encore trop de conducteurs ignorent ces signaux qui peuvent conduire à l’accident. Pourtant, n’en déplaise aux apôtres de la Sécurité routière, ce n’est pas la vitesse mais la somnolence au volant qui est la première cause d’accident sur l’autoroute. Ce défaut de vigilance ou hypovigilance est souvent de la conséquence d’une alimentation inappropriée. C’est ce que viennent de mettre en lumière deux médecins, un cardiologue et nutritionniste ainsi qu’un endocrinologue, mandatés par Assurance Prévention, l’association de la Fédération française de l’assurance, pour conduire une étude d’impact auprès des automobilistes mais aussi pour préconiser le type d’aliments à privilégier avant de prendre la route.
Pour mener son étude, les médecins se sont appuyés sur un simulateur de conduite et un boîtier à capteur optique infrarouge orienté vers le visage du conducteur afin de mesurer la distraction et les signes de somnolence au volant. L’étude s’est concentrée sur la réaction des différents sujets à un test de freinage en prenant en compte différentes situations: à jeun, après un repas optimisé ou un repas hypercalorique. Pour chaque situation, il s’agissait d’évaluer la réaction sans conduite préalable ou après avoir effectué 40 minutes de conduite sur autoroute. Il ressort que le temps de freinage augmente de 9,7 mètres pour 100 % des sujets du repas hypercalorique (1 500 calories). Cela n’a rien d’étonnant et tout le monde a déjà fait l’expérience d’avoir envie de faire une sieste après un repas un peu trop copieux. De même pour 75 % des sujets du repas «normo-calorique» (499 calories), la distance de freinage s’est allongée de 2,16 mètres en moyenne. Par contre, le temps de freinage est réduit pour le groupe à jeun.
La qualité plus que la quantité
L’étude a ceci d’intéressant qu’elle montre que la vigilance au volant dépend plus de qualité des aliments que de la quantité. «Il existe des repas qui limitent l’effet de la digestion sur la vigilance au volant, voire l’inversent légèrement», indique l’un des docteurs. Pour favoriser la vigilance au volant, le repas doit privilégier des aliments comportant non seulement un index glycémique le plus bas possible, ne nécessitant pas un gros effort digestif et prônant l’amertume et l’acidité, des saveurs qui participent à l’éveil. Idéalement, un repas optimisé (autour de 500 calories) se composerait en entrée d’une assiette de concombres et de radis. Composé de 98 % d’eau, le concombre favorise une hydratation progressive. Quant au radis, outre l’eau, il apporte aussi de l’amertume qui augmente la vigilance.
Pour le plat, les médecins préconisent un poisson blanc arrosé de citron pour l’acidité et associé à des lentilles. Enfin, en dessert, l’étude recommande un kiwi, riche en vitamine C et en acidité, et un carré de chocolat noir pour l’amertume. Contrairement à une croyance largement répandue, le café, s’il n’est pas déconseillé à dose raisonnable, n’a pas d’influence directe sur la vigilance. En complément d’une bonne alimentation, les conducteurs doivent veiller à boire régulièrement de l’eau. Une hydratation régulière combat la fatigue.
Enfin et c’est tout aussi important que le type de repas avalé de prendre la route, il est primordial de prendre la route reposé et de maintenir une concentration extrême. Conduire n’est pas un acte anodin qui nécessite une vigilance de chaque instant. L’usage du smartphone est ainsi à bannir le temps de la conduite.