C’est une question de survie. Les voitures de sport doivent réduire leur train de vie et apprendre à moins consommer. Certains constructeurs font de la résistance mais l’on sait déjà, que tôt ou tard, ils devront passer par la case électrification. La seule option pour répondre aux objectifs de réduction des émissions de CO2 imposés par la Commission européenne.
Dans la pratique, les marques dont la production n’excède pas 10.000 unités par an, tels que Ferrari, McLaren ou Aston Martin, bénéficient d’un régime dérogatoire, mais leur position devient difficilement soutenable même si leurs modèles roulent moins que d’autres. L’enjeu dépasse le seul cadre de la contribution à la réduction de l’empreinte carbone. Disposer d’une autonomie électrique de plusieurs dizaines de kilomètres devient impérieux pour répondre à la future interdiction du centre des grandes métropoles aux moteurs thermiques mais aussi pour circuler en ville, sans s’attirer les foudres des piétons allergiques aux décibels. Dans ce contexte où la démagogie prend parfois le pas sur la rationalité, le véhicule de sport électrifié va devenir la norme, que ce soit à travers les technologies hybrides – léger, complet ou rechargeable – ou le pur électrique.
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Un rôle de laboratoire
La compétition automobile de haut niveau, la Formule 1, les 24 Heures du Mans et la Formula E, joue déjà, à des degrés divers, le rôle de laboratoire. Sans attendre l’instauration de nouvelles règles plus contraignantes, les constructeurs s’en inspirent à présent pour multiplier les initiatives. Le supercar hybride rechargeable Porsche 918 Spyder de 2013 a déjà démontré l’incroyable efficacité de la fée électricité à réaliser des miracles, notamment en termes d’efficacité énergétique.
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Aujourd’hui, Ferrari réussit à faire mieux pour deux fois moins cher avec la SF90 Stradale que nous avons essayée en exclusivité. Ce downsizing à la sauce italienne qui repose sur la réduction de la cylindrée mais aussi du nombre de cylindres (passage du V12 au V8 biturbo) n’est pas un cas isolé. C’est l’option retenue par BMW pour la i8 dont la carrière vient de s’arrêter. Les automobilistes n’étaient manifestement pas prêts à débourser le prix d’une 911 Carrera 4S pour une berlinette 2 + 2, certes bardée de technologies (structure en matériaux composites) et à la ligne magistrale, mais animée par un 3-cylindres 1,5 litre turbo associé à une machine électrique. BMW n’a pas abdiqué et devrait revenir bientôt avec un modèle proche du concept Vision M Next présenté l’an dernier à Francfort. Toujours doté d’une batterie rechargeable, ce véhicule devrait délivrer une puissance proche de 600 ch et assurer un rayon d’action électrique de 100 km. Mercedes sera aussi au rendez-vous avec la remplaçante de l’AMG-GT et la supercar Project-One. Aston Martin peaufine la mise au point d’un V6 biturbo hybride. McLaren a aussi prévu d’électrifier l’intégralité de sa gamme. Certains comme Maserati avec la MC20, Lotus avec la Evija et Pininfarina avec la Battista vont se démarquer en investissant le terrain de l’électrique pur.
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Quant à la mythique 911, si Porsche a annoncé que sa plateforme était prête à accueillir l’hybridation, il n’est pas question de se précipiter. La 911 sera la dernière Porsche à être électrifiée, le surpoids généré par l’intégration de la technologie n’étant pour l’heure pas jugée compatible avec la sportivité du modèle.