Les planètes s’alignent pour les véhicules faiblement carbonés. Au moment même où les constructeurs investissent le paysage avec une nouvelle génération de véhicules électriques et hybrides rechargeables permettant d’abaisser la moyenne de leurs émissions de CO2, les pouvoirs publics ont décidé de donner un coup de pouce à l’achat de ces modèles. Un bon moyen de faire d’une pierre deux coups: soutenir la filière automobile durement touchée par l’épidémie du coronavirus et accélérer la transition écologique.
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Jusqu’à la fin de l’année, les bonus écologiques des modèles peu carbonés sont donc relevés. La prime à l’achat d’un véhicule électrique augmente de 2000 euros. Un particulier peut désormais obtenir 7000 euros ; une entreprise, 5000 euros. Ce dispositif est toutefois soumis à certaines conditions. Les véhicules dont le prix de vente est supérieur à 45.000 euros sont exclus du plan de soutien. L’autre grande nouveauté des mesures gouvernementales concerne la réintégration des modèles hybrides rechargeables dans le système. À condition là aussi que leur valeur soit inférieure ou égale à 50.000 euros et qu’ils puissent se prévaloir d’un rayon d’action électrique d’au moins 50 km, ces véhicules que l’on branche sur le secteur pourront bénéficier d’une aide de 2000 euros. Mais, on ne le dira jamais assez, cette technologie est vraiment adaptée à ceux qui peuvent recharger souvent la batterie et qui se limitent à de courts trajets quotidiens. La prime à la conversion a aussi été revue. Les particuliers dont le revenu fiscal de référence ne dépasse pas 18.000 euros par part et qui mettent au rebut un ancien véhicule – jusqu’à ceux classés Crit’Air 3, soit des modèles à essence immatriculés avant 2006 et des diesels antérieurs à 2011 – sont éligibles au bonus de 5000 euros accordé pour l’achat d’un véhicule électrique ou à essence-électricité. En fonction de son lieu de résidence, d’autres primes dites écologiques peuvent se cumuler. Plusieurs dizaines de modèles en voie de commercialisation vont donc pouvoir bénéficier du programme gouvernemental.
Renault plus branché que jamais
Alors qu’elle affronte l’une des pires crises de son histoire, la firme de Billancourt va pouvoir s’appuyer sur de nouveaux modèles électrifiés pour sortir de l’ornière. Elle investit le marché des hybrides rechargeables avec le Captur et la Mégane break. Proposition unique sur le segment B, le SUV compact sera proposé dès 33.700 euros (hors prime). Il partage avec le break compact du Losange (38.500 €) la même technologie E-Tech hybrid plug-in: le 4-cylindres 1,6 litre d’origine Nissan équipant la Clio hybride associé à deux machines électriques, un alterno-démarreur et un moteur de 35 kW accolé à la transmission. Celle-ci constitue la principale originalité du système. Développée sur le concept Eolab de 2014, cette boîte se distingue par la présence de crabots, plutôt que des synchros et des embrayages. Un gage d’agrément. La puissance cumulée ressort à 160 ch et, grâce à la batterie de 9,8 kWh qui permet une autonomie électrique de 50 km, le Captur revendique une consommation homologuée à 1,5 l/100 km, soit des émissions de CO2 de 32 g/km.
L’offensive électrique de Renault se poursuivra à la fin de l’année avec le lancement d’une Twingo 100% électrique. La technologie provient de sa cousine la Smart Forfour, mais la citadine française disposera d’une batterie plus puissante, 21,3 kWh contre 17,6 kWh. La Twingo annonce une autonomie de 180 km à la belle saison. L’hiver, avec le chauffage et les feux, le rayon d’action de ce modèle, animé par un moteur électrique synchrone à rotor bobiné de 82 ch, ne dépasserait pas 110 km.
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De son côté, le groupe PSA réserve l’électrique à ses citadines. Après la DS3 Crossback E-Tense et les Peugeot 208 et 2008, c’est au tour de l’Opel e-Corsa d’hériter du moteur de 136 ch et d’une batterie de 50 kWh autorisant une autonomie de 330 km. Chez PSA, l’hybride rechargeable est réservé aux modèles des gammes supérieures. Opel propose à 49 350 € le SUV GrandlandX Hybrid4, 300 ch, 4 roues motrices et une consommation de 1,3 l/100 km (32 g de CO2). Quant à la DS7, elle est désormais disponible en version 2 roues motrices E-Tense de 225 ch dès 49.950 euros pour être éligible à la prime gouvernementale. Ce moteur propulsera aussi la Citroën C5 Aircross. Adepte du grand écart, la firme aux chevrons arrive aussi avec l’Ami, une voiture de ville électrique de 2,41 m à partir de 6900 euros, et une nouvelle berline C4. Son style cède à la mode des crossovers, adoptant de grandes roues et une carrosserie surélevée. Sa plateforme multi-énergie CMP lui permettra de proposer une motorisation 100% électrique de 136 ch.
Polyvalence et originalité
Sur le marché de l’électrique, la barrière des 45.000 euros ferme la porte aux familiales. Dans le segment des citadines et des compactes, Fiat, Mazda et Volkswagen seront sous les feux des projecteurs au second semestre. Le premier lancera une craquante 500 électrique de 118 ch assurant une autonomie de 320 km grâce à sa batterie de 42 kWh et à sa vitesse bridée à 150 km/h. La version limitée «la Prima» est proposée 34.900 euros mais une offre plus attractive devrait apparaître dans la foulée. Si vous avez besoin d’un véhicule plus polyvalent, Volkswagen va débuter à la rentrée la commercialisation de l’ID.3, une compacte de 4,26 m reposant sur la plateforme MEB développée spécialement pour les véhicules électriques. D’ici fin 2020, seule le modèle de 58 kWh et 420 km sera disponible (moins de 40.000 €). De son côté, Mazda a fait le pari de l’originalité avec le vrai-faux coupé surélevé MX30 dont les portes antagonistes rappellent la RX-8. Il repose sur une machine électrique de 142 ch et une batterie lithium-ion dont la capacité de 35,5 kWh limite le rayon d’action à 200 km.
Électrique la semaine, thermique le week-end
Si peu de véhicules électriques peuvent prétendre au superbonus, les grands gagnants sont les modèles hybrides rechargeables. Une technologie considérée comme le meilleur des deux mondes grâce à la batterie qui offre la possibilité de ne pas gaspiller une seule goutte d’essence et le moteur thermique qui garantit la polyvalence d’un véhicule classique. Les constructeurs allemands en sont les champions.
Le groupe VW va déployer sa chaîne de traction électrifiée déclinée en 204 et 245 ch (1.4 TSI de 150 ch et machine électrique) à une foule de véhicules: berlines (Audi A3, VW Golf 8, Seat Leon, Skoda Octavia, Cupra) et SUV (Audi Q3, Seat Tarraco et VW Tiguan).
BMW va également étendre son offre de véhicules à batterie rechargeable à ses SUV d’entrée de gamme, les X1 et X2. Disponible dès juillet au tarif de 49.000 euros, ce dernier annonce des performances de premier plan: 220 ch, 1,7 l/100 km, 38 g de CO2, 53 km de rayon d’action zéro émission.
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Mercedes, son principal rival, se prépare aussi à installer sa technologie hybride rechargeable sur la Classe A (41.850 €) et ses dérivés (Classe B, CLA, GLA). Le système combine le 4-cylindres 1,33 l de 160 ch à un module électrique de 102 ch et une batterie de 15,6 kWh pour afficher une puissance combinée de 218 ch et des émissions de CO2 de 32 g.
Enfin, les Ford Kuga, Jeep Renegade 4xe, Kia XCeed et Ceed break s’apprêtent également à investir le paysage avec un fil à la patte. La litanie indigeste des caractéristiques de cette nouvelle race de véhicules risque de donner le tournis aux automobilistes mais c’est le prix à payer pour les constructeurs focalisés sur la réduction des émissions de CO2.