Cinq jours après le drame qui a frappé neuf membres d’une famille originaire de Vénissieux qui circulaient sur l’autoroute A7 à bord d’un monospace Renault Grand Scenic – cinq enfants sont morts et quatre en urgence absolue -, l’heure est à l’enquête et aux questions. Selon le premier rapport d’expertise, le monospace aurait subi une avarie moteur. La casse du turbocompresseur aurait entraîné un début d’incendie. Selon l’avocat du conducteur, «la responsabilité de Renault devra être mise en cause.» Contacté sans attendre, le service communication du constructeur français n’était pas en mesure de répondre à nos questions, faute d’avoir pu prendre connaissance du rapport d’expertise et d’avoir pu examiner le véhicule incriminé par ses propres services.
Le turbo est une pièce courante dans l’industrie automobile. Il est composé d’une turbine qui est reliée à un compresseur par un axe. Ce système de suralimentation permet d’améliorer les performances et le rendement du moteur en exploitant l’énergie dégagée par les gaz d’échappement. Ces derniers entrent dans le turbo et font tourner la roue de la turbine, générant ainsi une augmentation du volume d’air admis dans le moteur. Avant d’entrer dans le moteur, l’air compressé passe dans un échange air-air où il est refroidi. L’air compressé permet au moteur de brûler le carburant plus efficacement.
Les constructeurs et les équipementiers maîtrisent parfaitement cette technologie utilisée soit pour augmenter la puissance d’un moteur atmosphérique, soit pour accompagner le downsizing, la diminution de la cylindrée des moteurs pour abaisser les consommations. Apparu au début du XXe siècle, le turbocompresseur fut adapté aux moteurs d’avion durant la Première guerre mondiale. L’un de ses promoteurs, le Français Auguste Rateau estimait que le turbo était la meilleure solution pour compenser la chute de puissance des moteurs d’aviation due à la raréfaction de l’air aux grandes altitudes. Plus près de nous, Renault fut l’initiateur du turbocompresseur en Formule 1 avant d’appliquer cette solution à la voiture de série. Aujourd’hui, tous les moteurs diesels sont équipés d’au moins un turbocompresseur. Comme tous les composants d’un véhicule, il peut arriver que le turbo lâche. Généralement, la casse est précédée de signes avant-coureurs: perte de puissance, sifflement à l’accélération, fumée à l’échappement. Lorsque le turbo casse, le conducteur ressent immédiatement une chute de puissance. Comme si le véhicule se retrouvait bridé. Cela aurait dû alerter le conducteur du Grand Scenic. Dans certains cas, la casse du turbo entraîne un début d’incendie. Sa lubrification étant assurée par l’huile du moteur dont la température est autour de 100 degrés, si elle se répand sur le collecteur d’échappement brûlant, cela provoque une étincelle qui conduit inévitablement à un début d’incendie. Le conducteur et les passagers sont en général alertés par l’odeur de brûlé et de la fumée qui s’échappe du capot moteur. Ce n’est qu’ensuite que le moteur s’enflamme. Les systèmes de sécurité des voitures modernes évitent cependant que les véhicules explosent. Un défaut de vigilance du conducteur ne serait pas à exclure.