Heureusement pour tous les passionnés d’automobiles et de pilotage ainsi que les collectionneurs, il y a Gordon Murray. L’homme des succès des Brabham et des McLaren de Formule 1 à des idées fixes. Il considère, à juste titre, que le poids est l’ennemi de la performance et des sensations de pilotage. En marge de la F1, lorsqu’il met ses idées en forme pour concevoir une supercar de route, cela donne la McLaren F1.
Avec cette berlinette à conduite centrale et trois places frontales, le constructeur anglais se paie le luxe de faire trembler les maîtres de la voiture de sport au début des années 1990. Facturée près de 5,3 millions de francs, cette machine de route réservée à une élite alliait les technologies F1 à un confort raffiné et aux sensations d’une F1. Propulsé par un V12 BMW de 6 litres de cylindrée délivrant 627 chevaux, ce bolide ne dépassait pas 1 080 kilos. Un record. Gordon Murray avait vu juste: non seulement, la McLaren F1 survolait les courses de GT en plein essor au milieu des années 1990 et s’offrait même une victoire aux 24 Heures du Mans.
Produite à seulement 106 exemplaires, la berlinette anglaise a tellement marqué son époque qu’elle est aujourd’hui un modèle particulièrement convoité des plus grands collectionneurs. L’an dernier, un exemplaire répondant aux spécifications Le Mans a dépassé les 20 millions d’euros lors d’une vente aux enchères de Pebble Beach.
Aujourd’hui, alors que Bugatti, Ferrari et Porsche se livrent à une surenchère technique et à une débauche de chevaux, le génial ingénieur sud-africain nous montre qu’ils font fausse route: les sensations sportives et le plaisir du pilotage sont moins dans la quête de puissance que dans la légèreté. Gordon Murray a une nouvelle fois mis ses idées à exécution pour nous livrer une sensationnelle T.50. Cette berlinette fleure bon l’ancien temps et fait rougir d’envie tous les amateurs d’automobiles d’exception. Fruit de 50 ans d’expérience, le cinquantième projet de Murray n’est pas loin de devenir la supercar ultime. C’est ainsi qu’elle ne dépasse pas 986 kilos – le poids d’une Peugeot 205 GTI – grâce à une structure monocoque en carbone et à une carrosserie en fibres de carbone. Ses formes fluides et pures appartiennent à l’univers des voitures de sport mais la T.50 s’en distingue par l’absence d’appendices aérodynamiques.
Gordon Murray a remis au goût du jour une innovation qui avait fait les beaux jours de la Brabham BT46 à moteur Alfa Romeo: un ventilateur de 400 mm installé au centre de la poupe du véhicule, à la même hauteur que les feux. Cet élément dispense de recourir à de gros ailerons et fait office d’extracteur d’air. Six modes aérodynamiques ont été définis en fonction des besoins du conducteur: auto, appui élevé, aérodynamique, freinage, test et V-Max Boost.
Le moteur représentant 50 % de l’expérience de conduite selon Gordon Murray, la T.50 prend le contre-pied des marques établies de voitures de sport en recourant à un moteur atmosphérique développé par Cosworth. Il s’agit d’un V12 – Murray ne voulait rien d’autre – d’une cylindrée de 3,9 litres délivrant 663 chevaux à 11 500 tr/min et un couple de 467 Nm à 9 000 tr/min. C’est sa spécificité: ce moteur promet des sensations inconnues jusqu’ici sur une voiture de route en étant capable de prendre des tours comme une moto. La zone rouge débute à 12 100 tr/min. Si vous doutez encore de la volonté de Gordon Murray de ressusciter des sensations d’autrefois au volant de la T.50, sachez que la transmission repose sur un système manuel à 6 vitesses. Les cinq premiers rapports sont raccourcis et seule le sixième est allongé. Pour le moment, le constructeur Gordon Murray Automotive n’a dévoilé ni les valeurs d’accélérations, ni de vitesse maxi.
Ses portes en élytre s’ouvrent sur un habitacle minimaliste et l’instrumentation est traitée comme celle d’un avion de chasse. Toutes les informations nécessaires à la conduite sont regroupées à proximité du volant. Face au poste de pilotage trône ainsi un énorme compte-tours à aiguille. Les deux baquets latéraux sont en retrait du conducteur, comme sur la McLaren F1. Cela a permis de limiter la largeur de la voiture à 1,85 m. Un autre point qui distingue la T.50 des autres supersportives actuelles beaucoup trop imposantes. En longueur, la dernière création de Gordon Murray ne dépasse pas 4,35 mètres. Malgré sa compacité et ses caractéristiques, le génial concepteur a voulu la T.50 utilisable au quotidien. C’est ainsi qu’un coffre offre un espace de rangement de 300 litres et qu’une installation hifi performante complète la dotation.
Mais l’exception et l’exceptionnel ont un prix. Gordon Murray n’est pas disposé à brader son dernier bijou qui sera produit à seulement 100 unités. Les livraisons ne débuteront pas avant janvier 2022 mais les amateurs n’ont pas intérêt à tarder car même à 2,36 millions de livres sterling hors taxes, la production risque d’être épuisée très rapidement.