À bientôt 87 ans, ce défenseur de l’élégance des carrosseries et du courant américain Streamline des années 1930 n’a rien perdu de sa verve et de son enthousiasme.
Commencée au bureau de design Mercedes dans les années 1960 et marquée par la réalisation de la Pagode, sa carrière l’a conduit chez BMW où il a dirigé le studio de création entre 1970 et 1974 et posé les bases d’un style qui a longtemps fait école. Il dirige ensuite le style intérieur de Peugeot jusqu’en 1996. Nous lui avons demandé de poser un regard sur la dernière création de Maranello.
LE FIGARO. – Que vous inspire la silhouette de la Roma?
Paul BRACQ. – Ferrari revient à une certaine forme de classicisme et c’est tant mieux. L’arrière, dans la tradition des berlinetta des années 1960, est très réussi. L’avant appelle plus de réserves. Les ailes sont trop lourdes et les phares trop agressifs en raison du découpage de la tôle. BMW et Mercedes ont le même problème en ce moment d’accostage des projecteurs à la calandre. Il ne faut jamais montrer une tôle agressive. Il faut au contraire l’arrondir. Je ne comprends d’ailleurs pas l’agressivité qui prospère actuellement chez de nombreux constructeurs.
Quels sont les codes d’une belle GT?
Le chef-d’œuvre, c’est la Ferrari 250 GT châssis court. Elle comporte tous les attributs de l’élégance: compacité, simplicité, fluidité, sportivité, homogénéité. Long capot, roues aux quatre coins, lignes parfaitement structurées. Et puis, elle passe le temps. Soixante ans après, elle est toujours magnifique.
Quelle marque de grand tourisme incarne l’élégance?
Aujourd’hui, sans contestation: Aston Martin. Ses designers ont réussi à conserver la calandre tout en la modernisant. Face à Ferrari, la marque anglaise est toujours gagnante.
