James Bond pourrait-il rouler dans un SUV? La question n’est plus incongrue depuis qu’Aston Martin a lancé le DBX, un véhicule de loisirs de 5,04 m de long, campé sur des roues de 22 pouces et pesant près de 2,3 tonnes en ordre de marche, malgré la structure de la carrosserie en aluminium extrudé. L’évolution de la demande sur les marchés prisés des modèles de prestige n’a pas tellement laissé le choix à la marque anglaise récemment sauvée par un groupe d’investisseurs emmené par Lawrence Stroll. Aston Martin est ainsi l’avant-dernier constructeur à se convertir au SUV, avant Ferrari. L’honneur est sauf. Face avant de Vantage, long capot de GT, flancs creusés, proportions équilibrées: le DBX reste avant tout une Aston. Il n’y a que la chute du hayon arrière électrique sur le bandeau lumineux horizontal soulignant le becquet qui ne fait pas l’unanimité.
Nouveau monde
Nuance de taille: pour entrer, au lieu de se baisser comme on le ferait pour toutes Aston, on monte à bord. L’ambiance raffinée est celle des dernières GT de la marque, mais le DBX se distingue par son aptitude à transporter une famille grâce à son empattement de plus de 3 mètres. L’espace aux places arrière et le volume de coffre (632 litres) sont vraiment généreux tandis que le toit entièrement vitré de série participe à la luminosité. Si l’instrumentation numérique, une première chez Aston, et l’écran multimédia de 10,5 pouces parfaitement intégré dans la console centrale ovale témoignent d’une aspiration à verser dans la modernité, la constellation de boutons sur le tunnel central et l’ergonomie renvoient à l’ancien monde. Cela n’a rien de fonctionnel: le bouton démarreur est installé au-dessus de l’écran central, entre les commandes de la boîte de vitesses automatique à 9 rapports. Il faut avoir le bras long pour engager une opération, notamment le mode Drive situé à l’extrême droite. Provenant de l’ancienne génération de Mercedes, la dalle du système d’infodivertissement n’est pas tactile. Elle est commandée par un bouton rotatif et une souris.
De la firme à l’étoile actionnaire d’Aston, la DBX emprunte aussi son V8. Il s’agit du bloc 4 litres biturbo du coupé AMG-GT. Sous le capot du SUV anglais, il a gagné 40 ch pour afficher 550 ch. Bien élevé, ce moteur débranche un banc de cylindres à vitesse stabilisée et coupe au feu, au prix d’un réveil un peu brutal. Les suspensions pneumatiques à trois chambres couplées à des amortisseurs adaptatifs et à un antiroulis actif reposant sur un système 48 volts assurent un confort remarquable, semblable à celui d’une limousine.
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Les affaires se gâtent un peu pour les lombaires lorsque l’on active le mode Sport. La DBX bascule dans un autre monde. La sonorité du V8 hausse le ton et devient caverneuse ; le châssis se durcit. Si l’on n’était pas assis aussi haut, on aurait envie d’enfiler un casque pour chasser le chrono sur un circuit. La DBX semble évoluer sur des rails mais les changements d’appui mettent en lumière une certaine inertie due à la masse. Les accélérations et les reprises sont impressionnantes (0 à 100 km/h en 4,5 secondes). Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas conduit une Aston aussi homogène. Comparée à ses rivales, à 185 042 euros, la SUV anglais constitue une offre particulièrement attrayante.