L’idéologie continue ses ravages. Nos voisins en rigolent. Sous prétexte d’envoyer un signal en se posant en sauveur de la planète, à moins que cela ne soit pour flatter une minorité vindicative, l’Assemblée nationale vient de voter le malus au poids pour les véhicules pesant plus de 1 800 kilos. Au-delà de cette barrière, il faudra payer une nouvelle taxe de 10 euros le kilo excédentaire! Cette mesure entrera en application le 1er janvier 2022.
Les députés ne sortent pas grandis de cette décision qui ne fait que creuser un peu plus le fossé entre le législateur et les administrés et avaliser le mépris total du même législateur à l’égard d’une filière automobile déjà ébranlée par la crise sanitaire. À force de régenter l’automobile par le biais d’une fiscalité punitive, les pouvoirs publics courent le risque de se retrouver à gérer une filièreen déliquescence. Mourir guéri: est-ce le sort qui pend au nez de l’automobile? Décider de taxer les véhicules en fonction de leur poids, cela ressemble à la double peine. C’est en effet occulter le fait que la masse est déjà implicitement prise en compte dans le protocole de validation de la consommation (norme WLTP) et des émissions de CO2. C’est occulter aussi que les progrès accomplis ces trente dernières années en matière de sécurité routière et de protection des passagers résultent d’un alourdissement des véhicules. Il est à mettre sur le compte de la sévérisation des normes de crash-tests voulue par le législateur et qui a nécessité l’augmentation de la rigidité des véhicules et l’intégration d’une batterie de systèmes de sécurité active et passive.
L’industrie automobile doit s’estimer heureux car, initialement, le projet prévoyait de taxer les véhicules à partir de 1 400 kilos. Une grande partie du marché aurait été impactée, de la berline de Monsieur tout le monde aux SUV en passant par les monospaces. En pointant le curseur à 1 800 kg, les députés visent avant tout ces fameux SUV, coupables de tous les maux. C’est faire un mauvais procès à ces véhicules haut sur pattes qui ont remplacé les monospaces dans le cœur des automobilistes. Sans que l’on comprenne très bien le sens donné à cette mesure, les véhicules électriques et hybrides rechargeables échappent à ce malus.
Une photographie montre que la mesure va impacter 2 à 3 % du marché. «Elle concerne les plus gros SUV de plus de 50.000 euros», a dit Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. Pas seulement. La mesure touche aussi des breaks et des berlines. Ce n’est pas une nouveauté mais en taxant la possession, la France démontre un peu plus sa détestation de la réussite. Le bon sens commanderait de taxer l’usage et de commander une mesure d’impact. Il n’est pas certain que ces véhicules dont le gouvernement souhaite la disparition effectuent beaucoup de kilomètres par an. Eric Woerth, le président de la commission des finances, n’a pas tort de dénoncer une politique de gribouille. La disparition d’un certain nombre de ces véhicules va se traduire par un déficit de rentrée de TVA. Une perte qu’il faudra bien compenser par une autre taxe…