Quel type de véhicule faut-il acheter? La question, qui taraude les automobilistes, tourne en boucle. Un modèle à moteur thermique, hybride ou hybride rechargeable, voire électrique? Le choix est devenu cornélien pour des automobilistes perdus dans le millefeuille des réglementations et des normes. Pour les gros rouleurs, le diesel reste la solution la plus avantageuse sur le plan financier, mais de grandes villes européennes ont d’ores et déjà prévu d’interdire partiellement ou totalement la circulation de ces véhicules à partir du milieu de la décennie. Et le risque est grand que la prochaine norme de dépollution Euro 7 en vigueur en 2026 soit si exigeante qu’elle signe l’arrêt de mort de cette technologie. Leur valeur résiduelle pourrait dès lors plonger. Au cours des huit premiers mois de l’année 2021, sa part de marché dans les immatriculations de voitures neuves a encore perdu 8,4 points. Le gazole ne pèse plus que 22,5 % des ventes. Dans le même temps, les ventes de véhicules électriques ont continué leur progression, aidée par le plan de relance gouvernemental. Près de 90 000 modèles à batterie ont été immatriculés entre janvier et août 2021, pour représenter 8 % du marché.
Le défi des bornes
Les constructeurs voudraient accélérer. Pas par plaisir mais parce que Bruxelles a fixé des objectifs de réduction des émissions de CO2 draconiens assortis de pénalités. Le seul moyen d’échapper aux amendes est de vendre toujours plus de véhicules électriques. Des modèles que la majorité des automobilistes regarde encore avec un certain détachement. Non seulement ces véhicules sont encore trop chers pour rendre la mobilité accessible à tous, mais ils ne rendent pas encore les mêmes services qu’un véhicule à moteur thermique. Les contraintes qui pèsent sur son usage sont encore trop importantes, que ce soit en termes d’autonomie et de facilité de recharge. Les pouvoirs publics ont lancé un programme ambitieux d’installation de 100 000 bornes sur l’espace public à fin 2021, mais le retard pris décalerait l’objectif d’un an. Sur le chemin de la transition écologique, l’hybridation des moteurs, c’est-à-dire l’injection plus ou moins élevée d’une dose d’électricité, représente un passage obligé. En dépit d’une consommation, découlant de l’usage, qui peut s’envoler, la part de cette technologie a doublé, représentant désormais 24,9 % des immatriculations. Progressivement, les constructeurs vont hybrider la plupart de leurs moteurs pour répondre au durcissement des normes de dépollution mais également pour abaisser les seuils de CO2.
Des programmes ambitieux
Dans le cadre du plan Renaulution, Renault va lancer quatre véhicules électriques dont la Mégane E-Tech Electric dévoilée au Salon de Munich et deux citadines, une R5 et la 4ever. Basée sur la plate-forme CMF-EV partagée avec Nissan, la Mégane zéro émission sera lancée au printemps prochain à un tarif semblable à celui de la VW ID.3. Sous sa robe élégante de crossover, cette Mégane d’un nouveau genre, pas plus longue qu’un Captur, accueillera sous le capot avant un moteur électrique à rotor bobiné de 130 ou 218 ch. En fonction des versions, ces machines seront alimentées par une batterie de 40 ou 60 kW pour assurer un rayon d’action de respectivement 300 et 470 km. Pour couvrir l’ensemble de son portefeuille de produits, le groupe Stellantis, issu de la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler, va développer quatre nouvelles plates-formes électriques STLA (Small, Medium, Large, Frame). La première application est prévue à l’horizon 2024-2025. D’ici là, le groupe franco-italien aura lancé sur le marché ses DS4, Peugeot 308 et Opel Astra en version électrique. Bientôt sur nos routes, ces trois berlines se déclinent déjà en hybride rechargeable. En 2030, l’électrique devrait représenter 70 % de ses ventes européennes.
Les Allemands en pointe
De l’autre côté du Rhin, Mercedes accélère. Rien qu’en 2021, la firme à l’étoile aura lancé quatre familiales électriques (EQA, EQB, EQS et EQE). Avec les deux dernières, Mercedes veut réinventer la berline haut de gamme. L’EQS et l’EQE revendiquent une autonomie impressionnante de 770 km et de 660 km en s’appuyant sur un Cx aérodynamique record. D’une longueur de 4,94 m, l’EQE sera animée par un moteur de 292 ch alimenté par une batterie de 90 kWh. L’an prochain, deux SUV seront dérivés de ces modèles.
Chez BMW, l’actualité s’articule autour du lancement de deux nouvelles familiales électriques: le SUV iX et la berline i4. Le premier se décline en deux niveaux de puissance: 326 et 523 ch et deux versions de batterie (71 et 105,2 kWh).
Pour sa part, Audi veut profiter de la transition écologique pour réinventer son langage formel. Autour de trois concepts dont deux ont déjà été révélés – Skysphere et Grandsphere -, la firme aux anneaux prouve que le monde électrique ne sera pas ennuyeux. Autre label sportif, Porsche s’apprête à lancer un Macan 100 % électrique l’an prochain. À Wolfsburg, Volkswagen poursuit l’extension de la gamme ID. L’ID.5 et l’ID.Buzz font partie des prochains modèles de la liste avant l’arrivée, en 2025, d’une citadine issue du concept ID.Life de Munich. Quant à Cupra, la plus jeune marque du groupe allemand, elle ambitionne de devenir entièrement électrique d’ici à 2030. D’ici là, la compacte Born, cousine de l’ID.3, sera sur les routes.
En attendant de passer au tout électrique, Volvo continue d’améliorer son offre hybride rechargeable passant par l’adoption d’une batterie «longue autonomie» affichant une capacité de 18,8 kWh et associée à un moteur électrique capable de délivrer 145 ch. Proposée sur les XC60 et XC90, cette technologie autorise une puissance combinée de 350 ch sur les modèles Recharge T6 et de 455 ch pour les modèles Recharge T8. Dans le meilleur des cas, l’autonomie électrique pourra atteindre 91 km. De l’autre côté de la Manche, le groupe Jaguar Land Rover travaille à la conception de véhicules zéro émission, en parallèle de l’extension de sa gamme de véhicules hybrides rechargeables.
L’arrivée de nouveaux acteurs
En pointe sur la transition écologique, le groupe coréen Hyundai-Kia poursuit le déploiement à grande vitesse de l’électrification. Il va porter son offre de véhicules électrifiés à 38 d’ici à 2025, dont 14 modèles zéro émission. L’offensive a déjà débuté avec le lancement de la Hyundai Ioniq 5 et bientôt du crossover Kia EV6. Kia va étendre aussi son portefeuille en début d’année prochaine avec le Sportage qui va décliner avec les trois solutions hybrides (légère, parallèle et rechargeable) mais proposer également un diesel 48 V. Parmi les premiers à croire à l’avenir de l’électromobilité, Toyota ne se précipite pas pour accélérer les ventes de véhicules à batterie. Néanmoins, le numéro 1 mondial prépare une famille de véhicules électriques baptisée «bZ». D’ici à 2025, sa gamme va s’étoffer de 55 modèles électrifiés, dont 10 véhicules zéro émission. Son usine de Valenciennes va aussi produire une Yaris pour Mazda. De son côté, Suzuki est allé faire ses courses chez Toyota pour l’Across et la Swace développées respectivement à partir du Rav4 et de la Corolla.
Quant à Tesla, il entend renforcer son leadership actuel avec une déclinaison SUV de la Model 3. Son Model Y annonce une autonomie de 507 km. Les marques chinoises veulent aussi s’appuyer sur leur expertise en matière d’électromobilité pour investir le marché européen. C’est le cas notamment de MG et de Aiways. Ce dernier va étendre son portefeuille avec la U6, un SUV doté d’une chute de pavillon de coupé. On sait d’ores et déjà que de nouveaux acteurs vont profiter de la transition écologique pour tenter leur chance sur le marché.