Baptiser son prochain véhicule du nom de l’avion de chasse du groupe Dassault*, emblème de l’excellence française, ne manque pas de sel. Pourquoi se priver? Depuis le rachat au début des années 1930 de la firme d’avions Caudron, en difficulté, Renault devient propriétaire de ce nom qui désigne une série de monoplans de course conçus pour des records de vitesse. Renvoyant également à un vent, Rafale va donc signer le prochain haut de gamme de la firme au losange, sur les routes au printemps prochain à un tarif estimé autour de 54.000 euros. «La voiture n’était pas dans le plan initial de Luca de Meo. C’est un modèle additionnel», explique Fabrice Cambolive, le patron de la marque. Transfuge de Peugeot, le patron du design Gilles Vidal n’a eu que quelques mois pour esquisser les lignes de ce véhicule qui, n’en déplaise à une minorité d’excités de l’Assemblée nationale, surfe sur l’engouement inextinguible pour le SUV.
À partir de la plateforme CMF-CD de l’Alliance Renault-Nissan et de l’empattement du dernier Espace (2,74 m), le Rafale s’invite dans la catégorie des véhicules de loisirs empruntant certains codes au coupé. Élément clé d’une silhouette plus dynamique et plus aérodynamique qu’un SUV classique, le pavillon est surbaissé de 30 mm par rapport à l’Espace, et, surtout, il chute vraiment au niveau des places arrière, sans que la garde au toit n’en pâtisse. On ne va pas bouder notre plaisir. Renault n’a pas lésiné sur les moyens pour doter le Rafale des attributs statutaires du haut de gamme: capot horizontal, épaulement marqué, équilibre des proportions, voies avant et arrière élargies de 40 mm, au profit de l’assise du véhicule sur la route.
Ce SUV de 4,71 mètres, qui témoigne des ambitions de Renault, inaugure le nouveau langage formel. Il se signale par une signature lumineuse qui reprend sur les côtés du bouclier les formes géométriques du losange imaginé par Vasarely en 1972. À la différence de l’Austral et de l’Espace, l’emblème de la marque descend au centre de la calandre verticalisée et constituée d’une multitude de minuscules losanges noirs traités en 3D. Le traitement des flancs représente la principale particularité de la voiture. «Le pli passe du négatif au positif. Les emboutisseurs pensaient qu’il n’était pas possible d’y arriver», raconte Gilles Vidal.
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Un inédit toit en verre
L’effet de surprise s’émousse à l’ouverture des portières. L’ambiance est certes de qualité mais le Rafale hérite du tableau de bord des dernières Renault qui repose sur deux dalles numériques en forme de L inversé. L’habillage graphique a été revu, en cohérence avec l’univers haut de gamme. Le système multimédia fonctionne toujours sous environnement Google, un vrai plus. Le positionnement haut de gamme du Rafale se vérifie par des détails de sellerie. C’est ainsi que le A fléché ornant le dossier des sièges de la version Esprit Alpine s’allume à l’ouverture des portes. Des surpiqûres bleu-blanc-rouge rehaussent la finition. Le Rafale recourt, en première mondiale, à l’ardoise et au liège teinté noir pour revêtir le repose-main situé sur le tunnel central et une partie de la planche de bord.
Ce SUV profite de son empattement pour soigner l’habitabilité arrière. Les passagers bénéficient ainsi d’un rayon aux genoux de 302 mm. Encore plus grand que celui de l’Espace, le toit en verre panoramique innove ici. Il accueille la technologie du verre opacifiant développée par Saint-Gobain. On peut ainsi piloter soit par la voix via Google Assistant ou via par l’intermédiaire d’un bouton l’une des quatre positions du toit: entièrement transparent ou opaque, partie avant ou arrière transparente ou opaque et vice versa. Le coffre revendique un volume de 530 litres.
Le haut de gamme, le Rafale y aspire aussi côté motorisations. Outre la motorisation hybride E-Tech 200 ch (4,7 l/100 km et 105 g/km de CO2), déjà vue sous le capot des Austral et Espace, le nouveau porte-drapeau Renault va étrenner une version vitaminée de 300 chevaux. Aux 200 ch va s’ajouter un moteur électrique de 100 ch placé sur l’essieu arrière, transformant le Rafale en quatre roues motrices. Il sera associé à une batterie légèrement plus puissante que celle de la version 200 ch.
Quant au comportement routier, il pourra compter sur un allié de poids: les quatre roues directrices. Ce système, qui équipe déjà les derniers SUV de la plateforme CMF-CD, se signale par le braquage des roues arrière dans le sens opposé, jusqu’à 5 degrés, à faible vitesse pour augmenter la maniabilité en ville. Au-dessus de 50 km/h, les roues arrière engagent un microbraquage de 1 degré dans le même sens que les roues avant pour améliorer l’agilité.
* Le groupe Dassault est propriétaire du Figaro .