Avec plus de deux milliards d’euros levés, Verkor, la start-up française des batteries électriques haute performance, va pouvoir mener à son terme son projet de giga usine à Dunkerque et assurer sa croissance. Elle vient de boucler une levée de fonds historique qui a attiré des pointures mondiales de l’industrie comme l’australien Macquarie, désormais son premier actionnaire, le fonds Meridiam, mais aussi le Fonds stratégique de participations (FSP) qui réunit sept compagnies d’assurance françaises qui investissent dans des entreprises industrielles et technologiques tricolores.
Au total, Verkor a levé 850 millions d’euros auprès d’investisseurs privés et de fonds, auxquels s’ajoutent 600 millions d’euros, sous la forme de dette, de la part de la Banque européenne d’investissement (BEI), et des subventions françaises d’un montant de 650 millions d’euros. Celui-ci comprend le soutien de la région Hauts-de-France et de la communauté urbaine de Dunkerque, qui émettront respectivement 60 millions d’euros et 30 millions d’euros de subventions.
Ses partenaires historiques se sont joints au tour de table, à l’image de Renault, EQT Ventures, EIT InnoEnergy, le sud-africain Sibanye-Stillwater – qui a repris à Eramet son usine de Sandouville près du Havre. Le fonds d’investissement SPI (Société de projets industriels) créé par Bpifrance renforce son investissement dans ce tour de table. Pulse, le fonds énergie de CMA-CGM, a contribué à la levée de fonds dans le cadre d’un partenariat plus large avec Verkor autour de la chaîne logistique et de la décarbonation de l’industrie du transport et de la logistique. Airbridge Investments, basé aux Pays-Bas, participe également à l’opération.
«Un beau projet»
La petite entreprise grenobloise, née il y a seulement trois ans, a fait du chemin depuis 2021, lorsque le groupe Renault a décidé de lui acheter ses batteries destinées à ses véhicules électriques haut de gamme. Le Losange avait alors pris une participation de 20% dans la jeune pousse. Il a surtout réservé une partie de la production de la future usine. Le fabricant de batteries bas-carbone fournira chaque année l’équivalent de 12 GWh de batteries à Renault. Elles équiperont les véhicules des segments supérieurs de Renault et notamment, dès 2025, le futur C-Crossover GT 100% électrique d’Alpine, qui sera fabriqué à Dieppe.
Depuis l’engagement de Renault, le projet de Verkor a progressé ainsi que les besoins de financement. Fin juin, l’entreprise a inauguré à Grenoble son usine pilote, le Verkor Innovation Center (VIC), qui va lui permettre de tester l’industrialisation de sa production avant de passer à la très grande échelle à Dunkerque dans le nord de la France, où trois autres giga-usines de batteries vont être implantées.
«C’est un beau projet industriel qui réclame des capitaux importants, rappelle Nicolas Dubourg, directeur général du Fonds stratégique de participations (FSP), qui investit habituellement dans des sociétés cotées. Malgré son envergure, les dirigeants de Verkor ont franchi les étapes en respectant le timing prévu et c’est assez rare. L’usine pilote, très grande et très impressionnante, a été bâtie dans les délais », observe-t-il. Située dans le port de Dunkerque, la Gigafactory de Verkor devrait être opérationnelle d’ici à 2025 et créer environ 1200 emplois directs et 3000 emplois indirects.