La France va-t-elle réussir à produire un million de véhicules électriques en 2027, comme l’a assuré le président lundi à l’issue d’un Conseil de planification écologique à l’Élysée ? Cet objectif n’est pas nouveau. Le président avait déclaré en octobre 2022, dans une interview aux Échos, à l’ouverture du Mondial de l’automobile : «Notre objectif est de produire 2 millions de véhicules électriques en 2030, avec des investissements français et étrangers créateurs d’emplois dans les batteries ou encore l’assemblage. C’est ambitieux, mais j’ai confiance en l’excellence de notre filière, en ses dirigeants et ses salariés, et on peut l’atteindre. Nous atteindrons le million de véhicules électriques produits en France en 2027 ». Mais cette volonté d’Emmanuel Macron est-elle réaliste ?
En 2022, toutes motorisations confondues, Stellantis a produit 615.000 véhicules en France et Renault 310.000. Sachant que les véhicules électriques n’en représentaient qu’une part minoritaire. Sur le papier, il est effectivement possible d’atteindre l’objectif fixé par le chef de l’État : Stellantis grâce à ses véhicules électriques produits en France sous les marques DS, Opel, Peugeot et Citroën, ainsi que Renault qui a choisi de produire ses véhicules électriques dans le nord de la France, pourraient atteindre ces volumes.
Des capacités industrielles déployées
En 2027, les constructeurs en auront les capacités industrielles. Renault aura déployé sa gamme : la R5 tant attendue mais aussi la 4L, le Scenic s’ajouteront à la Megane E-Tech déjà produite à Douai et aux véhicules utilitaires à batterie fabriqués à Batilly (Meurthe-et-Moselle). À Douai (Nord), la capacité de l’usine est d’atteindre 400.000 véhicules par an. Et même un million de véhicules à terme, sans qu’aucune date n’ait été donnée par le Losange pour cette montée en cadence.
De son côté, Stellantis a annoncé qu’il aurait dès 2024 la capacité d’atteindre un million de véhicules électriques en cumulant les véhicules à batterie produits à Poissy (Opel Mokka et DS3), Mulhouse (308 et bientôt la nouvelle 408), Sochaux (3008 et bientôt 5008), Rennes (un SUV Citroën) et Hordain (véhicules utilitaires). Tous devraient être entrés en production d’ici un an et demi.
Cela ne signifie pas pour autant qu’un million de ces véhicules seront effectivement produits en 2027 ni que deux millions sortiront des usines françaises en 2030. « C’est le succès commercial de ces modèles qui garantira un tel niveau de production, rappelle-t-on chez l’un de ces constructeurs. On ne sait pas aujourd’hui quel sera le marché en 2027. Cela dépendra de nombreux facteurs : les aides de l’État, le prix du carburant, de l’électricité…. »
Les constructeurs qui avaient pendant des décennies construit des usines géantes dont les capacités industrielles ont pu être surdimensionnées, ont revu leur pratique. Ils ne produiront pas un million en 2027 puis deux millions en 2030 de véhicules électriques si les clients ne sont pas au rendez-vous.
En résumé, les constructeurs présents dans l’Hexagone ont investi pour produire en masse des véhicules électriques et les équiper de batteries fabriquées dans l’Hexagone, ils auront les capacités industrielles de produire un million de véhicules électriques en France en 2027. Mais tout dépendra du succès commercial de ces modèles.
